Atteinte de la COVID-19, Kim Clavel doit repousser la quête de son 1er titre mondial

MONTRÉAL — Nouveau revers pour la boxe québécoise: Kim Clavel et Groupe Yvon Michel ont été forcés de repousser le championnat du monde des mi-mouches du World Boxing Council (WBC) face à Yesenia Gomez prévu jeudi, au Casino de Montréal, puisque la Montréalaise a contracté le coronavirus.

Yvon Michel, président de GYM, en a fait l’annonce lundi matin, après avoir été informé de l’état de santé de sa boxeuse tard dimanche.

«Kim était sur la ligne en compagnie de Stéphan (Larouche) et Danielle (Bouchard, ses entraîneurs) et j’ai senti tout de suite qu’elle avait l’impression de nous laisser tomber, a raconté Michel au cours d’un entretien avec La Presse Canadienne. J’ai voulu la rassurer tout de suite: ce n’est la faute de personne. Je sais qu’elle et son équipe ont tous été très prudents tout au long de la préparation. Je lui ai dit qu’elle s’occupe de sa santé. C’est cela la priorité.»

Clavel a de toute évidence été victime d’une éclosion qui a touché quelques membres de son équipe, dont Bouchard, qui a été atteinte il y a quelques semaines et s’est immédiatement isolée du groupe.

«Elle le vit très difficilement, a souligné Bouchard, rejointe plus tôt. (…) Tout ce qu’on espère, c’est que ce ne soit pas la COVID longue, qu’après une dizaine de jours, Kim soit suffisamment en forme pour reprendre ses activités.»

Les symptômes dont souffre Clavel sont d’ailleurs assez virulents.

«Ce n’est pas des blagues. Une Kim affaiblie, au lit, fiévreuse, on ne voit pas ça souvent, a expliqué Bouchard. Quand je lui ai parlé (lundi matin), elle m’a dit qu’elle n’aurait pas été en mesure de s’entraîner en après-midi. Comment a-t-elle pu penser qu’elle aurait pu le faire? Mais c’est ça Kim Clavel: elle était déçue de ne pas pouvoir s’entraîner aujourd’hui.»

Clavel (15-0, 3 K.-O.) est l’aspirante no 1 au titre des 108 livres détenu par la Mexicaine Gomez (19-5-3, 6 K.-O.). C’est la troisième fois que ce combat doit être reporté. En novembre dernier, Clavel s’était blessée à l’entraînement. En janvier, c’est la Mexicaine qui cette fois exigeait plus de temps pour se préparer à cet affrontement, alors que des membres de son équipe avaient contracté le virus.

Elle s’est pourtant montrée critique à l’endroit de GYM sur les réseaux sociaux.

«C’est la deuxième fois qu’ils reportent ce combat, a-t-elle écrit en réponse à l’annonce de Michel sur Twitter. Je suis désolée pour Clavel si c’est vrai qu’elle a la COVID. Je viens tout juste de l’apprendre ce matin alors que je suis déjà à l’aéroport. Je ne comprends pas que nous n’ayons pas été avertis. Ce n’est pas un jeu.»

Le gala prévu ce jeudi a donc été annulé. Les cinq autres combats prévus seront reportés sur la carte du 5 mai, qui devait marquer le retour sur le ring d’Eleider Alvarez, qui est passé chez les lourds-légers, ou à une date ultérieure. Mais comme une mauvaise nouvelle ne vient jamais seule, Michel a annoncé en après-midi qu’Alvarez a aussi contracté la COVID-19 et que son retour sur le ring est évidemment reporté.

«C’est un gala qui reposait uniquement sur le championnat du monde entre Kim et Gomez, a expliqué Michel, au sujet de la carte du 21 avril. Les autres combats sont pour la plupart des quatre rounds: on ne peut aller de l’avant dans ces conditions.

«Le gala du 5 mai ne repose pas que sur un combat (celui d’Alvarez): plusieurs des autres combats tiendraient la route seuls si Alvarez devait ne pas se battre», avait précisé Michel lundi, avant que la nouvelle concernant Alvarez ne soit communiquée. 

«Par ailleurs, deux des boxeurs impliqués sur cette carte, Mathieu Germain et Mazlum Akdeniz, ont été infectés en janvier. Il n’y a pas de garantie (qu’ils ne seront pas de nouveau infectés pas la maladie), mais ça nous permet d’être relativement optimistes sur la tenue de ce gala.»

Une date de reprise du choc Clavel-Gomez n’a pas été identifiée pour le moment, pas plus que celle marquant le retour sur le ring d’Alvarez.

«Quand on regarde d’autres athlètes, que ce soit à la boxe ou dans d’autres sports, on a quand même une bonne idée des délais nécessaires (à la reprise de leurs activités), a dit Michel. C’est certain que Kim ne pourra pas se battre avant le mois de juin. C’est le travail que nous aurons à faire: voir comment ses choses vont progresser et s’entendre avec l’équipe Gomez. C’est certain qu’ils sont déçus et frustrés (…) mais c’est assez fortuit ce qui est arrivé avec Kim. Il n’y a rien qu’on peut faire.

«On a plaidé auprès du WBC. Le président Mauricio Suleiman, est conscient de la situation; c’est déjà arrivé à d’autres boxeurs et à d’autres événements, ce n’est pas un drame pour lui. On demande au WBC une date potentielle en juin. On va tenter de s’entendre avec le clan Gomez et espérer que Kim va se remettre rapidement.»

La pandémie continue donc de bousculer le monde de la boxe québécoise, durement touché depuis mars 2020. Dès le début des éclosions dans la province, quatre galas prévus ce mois-là ont été annulés. La boxe s’est ensuite retrouvée sur la voie d’évitement pendant plusieurs mois. Eye of the Tiger Management a présenté des galas à Shawinigan et Rimouski en octobre et novembre 2020, mais GYM n’a repris ses activités qu’en mars 2021.

«On savait que nous n’étions pas entièrement sortis du bois. Notre événement du 17 décembre (mettant en vedette Artur Beterbiev au Centre Bell) a eu lieu de justesse avant qu’on ne soit de nouveau confiné, a noté Michel. On était conscient qu’une autre vague déferlait au Québec. Le clan de Kim n’a pas pu éviter l’éclosion qui a touché le gymnase. Quand j’ai appris la nouvelle hier, je n’étais pas surpris: c’est l’époque dans laquelle on vit. Il faut composer avec ça.»