Plus de 4% des ménages n’ont pas accès à de vrais services abordables d’une capacité d’au moins 5 Mbit/s.

TRIBUNE LIBRE. Nous approchons de la fin du processus d’audiences du CRTC, qui examine actuellement les besoins de base de télécommunications des Canadiens.

Lancé il y a près d’un an, le CRTC a reçu à grande échelle diverses propositions en réponse aux questions fondamentales suivantes : dans quels services les Canadiens doivent-ils participer utilement à l’économie numérique ; et quel est le rôle que doit assumer le CRTC afin d’assurer la disponibilité des services de télécommunications de base abordables pour les Canadiens?

Le CRTC a tendu la main aux Canadiens sous la bannière de "Parlons Internet à large bande! » avec un sondage en ligne sur divers sujets. Au moment où son audition se termine, le CRTC aura entendu quatre-vingt-dix parties au cours des trois dernières semaines.

Les compagnies de téléphone rurales, indépendantes, également connues sous le nom Petites Entreprises de Service Local Titulaires (« PESLT ») au Québec, en Ontario et en Colombie-Britannique sont activement engagées sous la bannière du Regroupement canadien des compagnies de téléphone indépendantes du Joint Task Force (« JTF »).

Ces entreprises opèrent exclusivement dans les collectivités agricoles rurales et petites municipalités, loin des centres majeurs de population tels que la région de Montréal, de Vancouver ou de Toronto – grandes villes où l’Internet à large bande permet de télécharger des vitesses de 100 Mbit/s ou plus, et facilement disponible.

L’Internet à large bande est parvenu à dominer cette instance.

Après deux rondes de commentaires écrits et plusieurs rondes de questions, des positions ont été prises. Beaucoup d’entreprises ont déclaré qu’il n’y a aucun problème d’accès large bande à régler puisque, selon la propre analyse du CRTC, 96% des ménages canadiens peuvent souscrire à des vitesses de téléchargement de 5 Mbit/s. Mais cette statistique ne raconte pas toute l’histoire, spécialement en milieu rural.

Il n’y a aucune statistique concernant le nombre de Canadiens en milieu rural qui peuvent souscrire à un service large bande pouvant soutenir une performance qui répond véritablement à leurs besoins et à un coût raisonnable par rapport à ce qui est disponible dans les grandes villes.

Différents types de services sans fil sont fortement utilisés dans les zones rurales, mais compte tenu des distances et de la topographie, ces services souffrent souvent d’une pauvre performance. Si on regarde le tout dans cette perspective, beaucoup plus que 4 % des ménages n’ont pas accès à de vrais services abordables d’une capacité d’au moins 5 Mbit/s.

Il n’y a aucune analyse positive de rentabilité pour déployer plus loin des réseaux plus fiables à large bande filaire dans les zones rurales pour les grandes entreprises de télécommunications. Ainsi, les profits sont rapides et faciles pour ces entreprises dans les marchés urbains de haute densité. Il n’est donc pas surprenant que ces sociétés disent au CRTC que les Canadiens en zones rurales devraient être satisfaits avec les niveaux actuels de service, y compris l’accès commuté à 56 Kbits par ligne téléphonique dans plusieurs cas, ou bien par des services plus coûteux et peu fiables du sans fil et du satellite pour répondre à leurs besoins.

Nous avons questionné Bell Canada à propos des Canadiens situés au-delà de son territoire de desserte actuel et comment Bell pourrait offrir un service à large bande. Ils ont répondu que ces territoires représentent des opportunités d’affaires importantes pour d’autres fournisseurs.

Nous argumentons en faveur qu’un service Internet plus rapide et fiable est une nécessité pour les Canadiens en milieu rural actuellement, et encore plus dans l’avenir. Un service de 5/1 Mbit/s peut aujourd’hui paraître suffisant pour un foyer avec un seul utilisateur possédant un seul PC.

Un foyer possédant plusieurs services branchés, n’obtiendra pas la vitesse nécessaire pour répondre à ses besoins, même si l’ont fait un usage limité de services comme le courriel, l’enseignement à distance, les services bancaires en ligne et/ou le télétravail.

Les télécoms constatent la demande sans cesse croissante de l’utilisation des réseaux qui sont à des niveaux sans précédent de ceux d’il y a 10 ans, et cependant, TELUS a soutenu qu’une vitesse large bande plus rapide que 5/1 Mbit/s n’est pas nécessaire. Rogers est d’accord avec cette vitesse qui selon eux, devrait être la norme pour définir le service de base des télécommunications.

Quoique que les grands joueurs en télécommunication ne démontrent pas d’intérêt pour des investissements à large bande dans les secteurs ruraux Canadiens, les PESLT réalisent que les besoins des consommateurs doivent être adressés et que des mesures réglementaires sont requises pour continuer d’assurer la croissance des réseaux filaires conventionnels.

Le JTF a argumenté que le service Internet à large bande est un service de base que tous les Canadiens ont besoin. Le Président du CRTC mentionnait lui-même lors de l’audience que le Conseil considère la large bande au Canada comme étant vitale. 

Comme première étape, le JTF croit que l’industrie et le CRTC doivent travailler pour l’obtention d’une vitesse minimale de téléchargement de 10 Mbit/s avec un téléversement de 3 Mbit/s.   

Notre proposition est un grand pas en avant pour adresser la situation de l’économie numérique qui résultera en une opportunité pour tous les Canadiens, peu importe où ils choisissent de vivre au Canada, de participer de façon significative dans l’économie numérique de l’avenir.

Rien de moins n’est pas acceptable.

 

Serge Desy

Directeur Général

Association des Compagnies de Téléphone du Québec Téléphone