Des taux d’intérêt en bas de 0 %?

Imaginez un monde où les gens qui épargnent de l’argent doivent payer des frais pour placer à la banque. Ridicule vous dites?

Et bien, au mois d’août dernier, les obligations gouvernementales de deux ans en Allemagne, Danemark, Finlande et en Suisse affichaient un taux en bas de «0 %». Les taux négatifs peuvent très bien arriver en Amérique du Nord très bientôt.

C’est du moins ce que certains analystes prévoient pour les prochaines semaines aux États-Unis pour les obligations 2 ans alors que ces dernières pourraient très bien afficher un taux négatif. C’est une conséquence directe des investisseurs qui sont à la recherche d’endroit où placer leurs argents en sécurité, même si cela a un prix.

Signes paradoxaux

Actuellement, en observant les marchés, c’est plutôt particulier de voir des signes contradictoires comme la baisse des taux d’intérêt, un signe de déflation (baisse des prix à la consommation) et l’augmentation du prix de l’or, un signe inflationniste (hausse des prix à la consommation).

Cette confusion prend comme origine plusieurs stratégies peu communes utilisées par les banques centrales, comme la Fed Américaine, qui a, depuis les derniers mois, appliqué des mesures agressives pour stimuler l’économie comme les fameux «quantitive easing» qui avaient pour effet de baisser les taux 10 ans à des niveaux jamais observés auparavant.

En contrepartie, la Fed Américaine a, par différentes mesures, aidé à garder les taux d’intérêt à court terme au-dessus de zéro. Nous avons qu’à mentionner l’opération «twist», qui consistait à acheter des obligations long terme (10 ans) et à vendre des obligations court terme (2 ans), qui a pour effet de conserver les taux d’intérêt court terme en territoires positifs. Mais ces mesures prendront fin à la fin de l’année, après les élections américaines.

Que faire si les taux sont négatifs ?

Et bien, en terme de placement, les gestionnaires de portefeuille vont vous expliquer que dans un contexte de bas taux d’intérêt, voir même des taux d’intérêt négatifs, le seul placement qui performe bien dans ce genre d’environnement sont les obligations… à long terme, 20 et 30 ans .

En matière de placement, les actions de croissance sont à éviter, les placements sensibles à l’inflation comme l’immobilier sont à approcher avec précaution.

Nous pouvons nous inspirer du modèle japonais dans ce genre de contexte qui affronte depuis le début des années 1990 les effets dévastateurs de la déflation, une baisse globale des prix à la consommation.

S’il y a une chose qu’il faut retenir du Japon depuis les 20 dernières années, c’est évidemment le poids démesuré d’une dette hypothécaire en rapport avec un marché immobilier qui voit les valeurs baisser avec le temps. Imaginer être propriétaire d’une maison valant 100 000$, greffée d’une hypothèque de 150 000$, difficile à croire? Il y en a au Japon et pire, il y en a pas très loin de chez nous, aux États-Unis.

Maintenant que nous sommes peut-être à l’aube de la troisième récession en 10 ans aux États-Unis, plusieurs lecteurs me demandent ce que cela implique pour monsieur et madame «tout le monde» au niveau des emplois, de la valeur de leur maison de leurs placements et de leur endettement par exemple.

Lorsque nous vivons des périodes de grande volatilité, les économistes ont souvent le réflexe de regarder en arrière si l’histoire peut non seulement nous expliquer ce qui se passe actuellement, mais aussi devenir précurseur pour les mois à venir.

Plusieurs associent ce que nous traversons présentement à la «Stagflation» que nous avons traversée durant les années 1970, connue comme étant «la décennie perdue», alors que nous connaissions une forte inflation, mais une croissance anémique au niveau de l’économie. Pour mesurer l’inflation, un bon indicateur est le marché de l’immobilier, qui historiquement, a toujours suivi l’augmentation globale des prix. Le prix moyen d’une maison à Trois-Rivières en dollars courants était de 21 000$ en février 1971. Il a augmenté pour atteindre le niveau de 45 000$ à 50 000$ dix ans plus tard, soit vers le début des années 1980. Pendant la même période, le marché boursier américain (l’indice Dow Jones) n’a absolument rien fait.

Mais où est l’inflation aujourd’hui?

Pourtant, la télévision coûte beaucoup moins cher aujourd’hui et la plupart des services coûtent sensiblement la même chose depuis 10 ans. C’est vrai, les matières premières par contre coûtent plus cher aujourd’hui, comme le bois et le pétrole. En 1999, la plus grosse compagnie en bourse était une compagnie au nom de CISCO Sytems. Malgré une augmentation fulgurante au niveau de l’utilisation de la technologie depuis 10 ans, le prix des matières premières a continuellement grugé dans les profits des entreprises de technologie comme Cisco qui ont eu de la difficulté à transmettre les hausses de coûts aux clients.

Quelle est la plus grosse compagnie en bourse aujourd’hui ? Une compagnie qui produit des matières premières, EXXON Mobil, une pétrolière américaine qui a vu son titre en bourse explosé durant la dernière décennie. Il va de même pour plusieurs compagnies qui oeuvrent au niveau des matières premières comme Potash Corp et BHP Billiton.

Il faut être prudent dans ces analyses de l’histoire de notre économie, alors que chacun des crises ou cycles économiques que nous traversons trouve souvent sa propre couleur.

Voici quelques conseils d’usage pour traverser les prochains mois :

a) Si vous avez des actions dans vos placements, attendez avant de vendre. N’oubliez pas qu’à long terme, la bourse a toujours surpassé toutes les autres classes d’actifs en matière de rendement, incluant l’immobilier;

b) Si vous avez des dettes, soyez prudent, car si l’inflation se propage davantage sur d’autres secteurs de notre économie, vos charges augmenteront avec la hausse éventuelle des taux d’intérêt;

c) Si vous êtes propriétaire de votre maison, conservez là. Votre maison prendra de la valeur à long terme, au même rythme que l’inflation. Par exemple, une maison à Trois-Rivières qui valait 21 000$ en 1971 vaut aujourd’hui plus de 150 000$.

Il est difficile parfois d’interpréter ce qui se passe en matière d’économie, pour en mesurer les impacts sur nos finances personnelles. L’important, c’est de ne pas laisser ses émotions dicter notre conduite dans ces moments d’incertitude pour ne pas avoir de regrets.

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