Un Torontois raconte ce qu’il a vécu lors du tremblement de terre en Turquie

OTTAWA — Zein Almoghraby dormait paisiblement dans sa chambre d’hôtel, tôt lundi matin dans le sud-est de la Turquie, lorsqu’il a senti que le bâtiment a commencé à trembler. Une fois dans le couloir, le résident de Toronto a été témoin d’une scène chaotique.

«Les enfants n’arrêtaient pas de pleurer et de crier», a raconté M. Almoghraby lors d’un entretien téléphonique depuis Gaziantep, qui est l’une des villes les plus durement touchées par le tremblement de terre meurtrier qui a ravagé la Turquie et la Syrie.

Le séisme de magnitude 7,8, qui a été suivi de fortes répliques, a entraîné l’effondrement de milliers de bâtiments dans le sud-est de la Turquie et dans certaines parties de la Syrie. Plus de 7700 personnes sont mortes, tandis que plusieurs milliers d’autres ont été blessées.

Le bilan des victimes devrait d’ailleurs encore augmenter, à mesure que les opérations de recherche et de sauvetage se poursuivent.

M. Almoghraby a souligné que des répliques se produisaient toujours mardi soir.

«On ne sait jamais quand la prochaine secousse va arriver, a-t-il mentionné. Chaque fois qu’il y a une réplique, les gens courent dans les rues. Ils vont se réfugier dans leur voiture, parce qu’il fait vraiment froid.»

M. Almoghraby, qui est le directeur des programmes internationaux de Journalistes pour les droits humains, était en mission avec un collègue canadien pour former des journalistes réfugiés syriens lorsque le tremblement de terre a frappé.

Depuis, lui et son collègue ont essayé de quitter la Turquie, mais n’ont pas pu le faire, malgré les efforts de leur organisation.

Affaires mondiales Canada n’a pas répondu dans l’immédiat à une demande de La Presse Canadienne pour commenter la situation mardi, mais lundi, il n’avait pas encore reçu de demande d’aide de la part de Canadiens coincés depuis le séisme. Le ministère avait cependant noté qu’il y avait 7513 personnes enregistrées comme étant à l’étranger en Turquie et 1394 en Syrie.

Une fois sorti de l’hôtel, M. Almoghraby s’est réfugié dans une station de radio locale avec laquelle il travaillait dans le cadre de son séjour en Turquie. D’autres personnes déplacées par le tremblement de terre vivent dans des abris temporaires tels que des mosquées, des stades sportifs et des écoles, dont beaucoup ont atteint leur capacité maximale.

Certains bâtiments près de l’endroit où il se trouve se sont effondrés, a mentionné M. Almoghraby, tandis que d’autres sont encore debout, mais ont été si gravement endommagés qu’ils ne sont plus sécuritaires.

M. Almoghraby a aussi vu des équipes de secours creuser dans les décombres dans l’espoir de trouver des survivants.

«Ce qui est le plus déchirant, c’est de voir toutes les familles qui se tiennent debout devant les débris en regardant, impuissantes, les secouristes fouiller les décombres», a-t-il avoué.

«Plus le temps passe, puis l’ambiance est lourde, parce que tout le monde sait qu’à chaque heure qui s’écoule, les chances (de faire sortir leurs proches vivants) diminuent.»

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré mardi que 13 millions des 85 millions d’habitants du pays avaient été touchés par le séisme.

En Syrie, pendant ce temps, les efforts d’aide ont été entravés par la guerre et l’isolement de la région tenue par les rebelles le long de la frontière, qui est entourée par les forces gouvernementales soutenues par la Russie.

Le Canada enverra de l’aide financière

Par ailleurs, Ottawa a annoncé que le Canada versera une première «réponse humanitaire d’urgence» de 10 millions $ pour soutenir les populations de Turquie et de Syrie suite aux violents tremblements de terre.

Le ministre du Développement international, Harjit Sajjan, a indiqué que le gouvernement fédéral procédait à une évaluation des besoins d’aide supplémentaire sur le terrain et envisageait également de déployer l’équipe d’intervention en cas de catastrophe, des Forces armées canadiennes, pour aider aux opérations de sauvetage.

Le ministre Sajjan a affirmé que «grâce au financement de 50 millions $» que le Canada a fourni pour la réponse aux catastrophes en Syrie, ses «partenaires sur le terrain ont déjà lancé des activités de réponse d’urgence».