Ukraine: le Canada égalera plus de dons et alloue des fonds en immigration

OTTAWA — Le Canada alloue un financement additionnel de 117 millions $ pour les mesures visant à faciliter l’accueil d’Ukrainiens fuyant la guerre, et élève le plafond de dons à la Croix-Rouge égalés à 30 millions $.

C’est ce qu’a indiqué le premier ministre Justin Trudeau jeudi au cours de son passage en Pologne qui l’a notamment amené à visiter un centre d’hébergement temporaire pour réfugiés de Varsovie.

«On voit tous ces histoires déchirantes de familles, de femmes, d’enfants qui sont en train de fuir pour leur vie, qui laissent derrière eux un pays en guerre et qui ont besoin de notre aide, de notre soutien. Nos cœurs sont en train de briser», a dit M. Trudeau en français durant un point de presse aux côtés du président polonais Andrzej Duda.

Il a souligné qu’Ottawa a déjà annoncé deux programmes visant à simplifier les démarches d’Ukrainiens souhaitant gagner le Canada. L’un d’eux permet de demander un visa accéléré pour rester au pays pendant deux ans.

Les «mesures spéciales d’immigration» s’accompagnent d’un ajout de financement de 117 millions $, a précisé M. Trudeau jeudi.

«On est en train de faire tout ce qu’on peut le plus rapidement possible pour amener le plus grand nombre de gens possible dans un bref délai», a-t-il plaidé quand un journaliste lui a demandé pourquoi une levée complète des visas n’est tout simplement pas annoncée.

Sur ce dernier point, le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, avait dit la semaine dernière que cela signifierait que tout citoyen ukrainien pourrait venir au pays et qu’une telle mesure «ouvre également la porte à d’autres qui pourraient passer par les mailles du filet».

Le gouvernement est préoccupé par des gens «comme ceux qui ont appuyé et ont combattu l’armée ukrainienne dans les huit dernières années dans le Donbass et d’autres qui travaillent contre les Ukrainiens et aident les troupes russes», avait-il affirmé.

Jeudi, M. Trudeau a aussi évoqué les moyens pris par son gouvernement, dès janvier, dans le but d’accélérer les dossiers d’immigration qui avaient déjà été présentés avant l’invasion russe.

Par ailleurs, le premier ministre a annoncé que le Canada augmentera à 30 millions $ le montant qu’il est prêt à égaler quant aux dons faits à la Croix-Rouge en soutien aux Ukrainiens.

«Nous augmentons cela par rapport à notre engagement d’origine de 10 millions $», a-t-il souligné.

Il a aussi indiqué que 50 millions $ des 100 millions $ déjà annoncés en aide humanitaire seront envoyés en soutien immédiat là où les besoins sont les plus urgents.

M. Trudeau a aussi dénoncé les offensives russes qui ont touché des édifices à logements et autres secteurs où se trouvent des civils.

«C’est tout à fait inacceptable. On demande un cessez-le-feu immédiat pour que les civils puissent évacuer en toute sécurité», a-t-il dit.

Selon les Nations unies, plus de 500 civils ont été tués jusqu’à présent. Mercredi, ce sont les images de femmes et d’enfants qui ont survécu au bombardement d’un hôpital pédiatrique en Ukraine qui ont rempli les ondes européennes et donné un visage humain à cette souffrance pour un continent sous le choc des pires combats depuis la Seconde Guerre mondiale.

La frappe aérienne sur l’hôpital pédiatrique de la ville portuaire de Marioupol a blessé des femmes enceintes et laissé des enfants enterrés sous les décombres.

L’Organisation mondiale de la santé affirme avoir confirmé 18 attaques contre des installations médicales depuis que la Russie a envahi l’Ukraine il y a deux semaines.

C’est dans ce contexte que s’inscrit le passage de M. Trudeau en Pologne, où la majorité des quelque 2 millions d’Ukrainiens qui ont fui la guerre russe contre leur pays ont cherché refuge.

Le président Duda a d’ailleurs fait remarquer que 100 000 personnes arrivent en Pologne chaque jour après avoir fui l’Ukraine.

Danny Glenwright, président d’Aide à l’enfance Canada, a déclaré qu’il y avait une grave inquiétude pour les plus d’un million d’enfants qui ont fui l’Ukraine jusqu’à présent.

«Nous sommes particulièrement inquiets du risque de déplacement et de la montée en flèche des besoins humanitaires qui en résultent, sur la base d’informations selon lesquelles des centaines de milliers de personnes, principalement des enfants et des femmes, continueront d’arriver en Pologne, en Roumanie et dans d’autres pays voisins.»

Il a déclaré que son organisation avait des équipes en Pologne et dans les pays voisins pour aider les réfugiés et plaidait auprès des responsables de l’Union européenne et d’autres pour aider les enfants à se mettre en sécurité et à être protégés.

M. Trudeau a aussi rencontré le premier ministre polonais ainsi que la vice-présidente américaine Kamala Harris.

Avant cette dernière rencontre qui aura duré une heure, Mme Harris a dit à M. Trudeau que tous deux partageaient la même «indignation».

Le premier ministre l’a louangée – de même que l’ensemble de l’administration américaine – pour avoir mené «les pays partageant la même vision à se préparer à la possibilité impensable d’une invasion de la Russie en Ukraine». 

À ce sujet, M. Trudeau a conclu en point de presse que les discussions qu’il a eues au cours de son séjour en Europe auront permis de dégager un constat commun clair: «Vladimir Poutine a fait une grave erreur et va perdre cette guerre qu’il a commencée».

– Avec des informations de Mike Blanchfield, à Varsovie