Sommet Climat Montréal: les nouvelles constructions seront «zéro émission» dès 2025

MONTRÉAL — Tous les immeubles de Montréal devront s’alimenter exclusivement d’énergies entièrement renouvelables d’ici 2040, plutôt que 2050, et les nouvelles constructions devront être «zéro émission» à partir de 2025. 

La mairesse Valérie Plante en a fait l’annonce mardi matin au Sommet Climat Montréal qui a lieu au Marché Bonsecours. 

Le seuil de «zéro émission» entrera en vigueur dès 2024 pour les immeubles de moins de 2000 mètres carrés, et à partir de 2025 pour les demandes de permis de construction de 2000 mètres carrés et plus.

Également, dès 2023, il sera obligatoire pour les propriétaires de petits bâtiments de déclarer tous les appareils de chauffage utilisant un combustible (mazout ou gaz).

Concernant les bâtiments existants, l’objectif est qu’ils soient alimentés à 100 % par des énergies renouvelables en 2040.

«C’est un geste important et nécessaire que nous posons afin d’accélérer la transition écologique, car je le répète, nous ne pouvons plus attendre pour agir», a déclaré la mairesse Plante.

La Ville compte travailler en collaboration avec Hydro-Québec «afin d’encourager tous les promoteurs et les développeurs à implanter les solutions les plus porteuses» en efficacité énergétique.

«La décarbonation de notre économie passe notamment par l’électrification efficiente des bâtiments existants. Autant il faut réduire le recours aux énergies fossiles, autant il importe de le faire au meilleur coût possible. Nous sommes très heureux d’accompagner la Ville de Montréal dans l’implantation des meilleures pratiques en la matière», a commenté Sophie Brochu, présidente-directrice générale d’Hydro-Québec. 

Depuis le début de cette année, les propriétaires de grands bâtiments doivent obligatoirement divulguer les données énergétiques de leurs immeubles à la Ville.

Le règlement, adopté en septembre 2021, vise à connaître l’utilisation des énergies fossiles au sein des bâtiments afin d’en réduire la consommation.

Par ailleurs, Ivanhoé Cambridge, division immobilière de la Caisse de dépôt et placement du Québec, a profité du sommet pour annoncer qu’elle réduira de 55 % l’empreinte carbone de ses actifs montréalais d’ici 2030.

«Cet engagement qui équivaut actuellement à une réduction d’environ 8000 tonnes équivalents CO2 (téq. CO2) permettra au portefeuille de Montréal de l’entreprise de suivre une trajectoire alignée avec un scénario 1,5 degré Celsius, en adéquation avec l’objectif de l’Accord de Paris», a déclaré le promoteur immobilier dans un communiqué.

Le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) a également fait part, mardi, de son objectif d’atteindre la carboneutralité d’ici 2040.

«La santé et le bien-être sont étroitement liés à un environnement sain. Les dérèglements climatiques causés par les gaz à effet de serre constituent la plus grande menace à la santé humaine du XXIe siècle et c’est pour cette raison que le CHUM intègre la performance environnementale au cœur de ses pratiques et de l’amélioration des soins», a déclaré le Dr Stephan Williams, anesthésiologiste et cogestionnaire médical pour la carboneutralité et le développement durable au CHUM.

Les ministres Charrette et Guilbeault présents

Près de 500 personnes participent au Sommet Climat Montréal, qui vise à accélérer l’action climatique dans la métropole.

Le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, s’est adressé aux leaders montréalais des milieux des affaires, philanthropique, politique, communautaire et environnemental présents à l’événement.

«Je dois accepter que je ne pourrai pas gagner toutes mes batailles, ne pensez pas qu’en étant au gouvernement, je peux tout régler tout seul», a indiqué le ministre Guilbeault, en précisant qu’il comprenait la déception des gens concernant le controversé projet pétrolier Bay du Nord, auquel il a donné son aval.

Une poignée de manifestants déguisés en clowns ont d’ailleurs pénétré à l’intérieur du Marché Bonsecours pour manifester leur déception concernant le projet Bay du Nord. 

Les manifestants ont scandé le nom du ministre Guilbeault pendant le discours du ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, mais les responsables de la sécurité ont rapidement mis fin à la démonstration.

Un groupe d’organisations, dont font partie la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES) et Extinction Rebellion Québec, ont publié un communiqué concernant cet «accueil clownesque».

En plus de dénoncer le projet Bay du Nord, les militants déplorent également le coût des billets pour le Sommet – tarif étudiant de 75 $, tarif OBNL de 150 $, personne seule non affiliée, 195 $ -, jugé «prohibitif» pour «les communautés de Montréal qui sont déjà directement affectées par les changements climatiques».

Nouvelle entente entre la Ville et la santé publique

La directrice régionale de santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, fait également partie des intervenants qui participent au sommet. 

D’ailleurs la Ville a annoncé une nouvelle entente avec la Direction régionale de santé publique afin de réduire les impacts causés par les changements climatiques sur la santé de la population.

«Il faut rejoindre rapidement les personnes vulnérables lors de perturbations climatiques, verdir nos quartiers et protéger les espaces naturels, développer le transport collectif et actif puis améliorer les conditions de vie», a indiqué la Dre Drouin.

L’entente devrait notamment permettre «d’identifier les politiques publiques, les pratiques et les mesures réglementaires nécessaires à la création d’aménagements favorisant la résilience des communautés».

Plusieurs ateliers abordent des thèmes comme les mesures d’adaptation aux changements climatiques, les alternatives aux énergies fossiles pour le parc immobilier, le financement de la lutte au changement climatique et l’accélération de l’électrification des transports. 

Ce sommet est organisé par le Partenariat climat Montréal et la Ville de Montréal, en collaboration avec le Conseil régional de l’environnement de Montréal, Vivre en ville, l’Institut du Québec, Propulsion Québec, la Fondation familiale Trottier et la Jeune Chambre de commerce de Montréal.