Selon l’UBC, l’IA chinoise DeepSeek représente un risque élevé en matière de sécurité
VANCOUVER — L’Université de la Colombie-Britannique (UBC) a interdit l’utilisation ou l’installation de l’outil d’IA chinois DeepSeek sur ses appareils et réseaux, invoquant un «risque élevé en matière de confidentialité et de sécurité».
L’université affirme avoir pris cette décision après avoir examiné les informations publiques et les évaluations de tiers concernant les applications d’intelligence artificielle de DeepSeek.
«Bien que populaires, les applications de DeepSeek soulèvent des préoccupations en matière de confidentialité et de sécurité, notamment en ce qui concerne la collecte et le partage important de données, incluant les renseignements personnels et le droit d’enregistrer les frappes au clavier, ainsi que la faiblesse des pratiques de chiffrement et de sécurité», indique l’UBC sur son portail web «Privacy Matters».
«L’application transmet une grande partie de ces données personnelles, dont certaines sans chiffrement », ajoute l’université.
Les applications ont été interdites sur les appareils qui accèdent aux systèmes de l’UBC via un identifiant utilisateur, comme la bibliothèque, les systèmes sans fil et les RPV (réseaux privés virtuels).
DeepSeek n’a pas immédiatement répondu à une demande d’entrevue.
Le porte-parole de l’université, Matthew Ramsey, affirme que DeepSeek est le seul outil d’IA interdit à l’UBC et qu’il n’est pas prévu d’en restreindre d’autres, comme ChatGPT.
L’université indique qu’elle mettra en œuvre des «mesures préventives» pour bloquer les applications de DeepSeek sur son réseau et «déconseille fortement» d’utiliser DeepSeek sur les appareils personnels.
Le mois dernier, le gouvernement fédéral a restreint l’accès à l’agent conversationnel de DeepSeek à certains de ses appareils mobiles et a recommandé aux autres agences et ministères de suivre son exemple.
Depuis son lancement à la fin janvier, DeepSeek a provoqué un tollé sur les marchés technologiques mondiaux, impressionnant les experts et devenant l’application gratuite la plus téléchargée sur les téléphones iPhone avec l’Apple Store.
L’expert en IA Steve DiPaola, directeur du programme de sciences cognitives de l’Université Simon Fraser, a expliqué que le lancement de DeepSeek avait bouleversé l’idée préconçue voulant que seule la Silicon Valley, financée par des milliardaires, pouvait créer des outils et des modèles d’IA puissants.
M. DiPaola a suggéré qu’une transition vers des modèles «code ouvert» plus petits pourrait transformer le paysage de l’IA et réduire la dépendance des Canadiens envers les grandes entreprises américaines.
«Je pense que le point de vue canadien est que le transfert de données en Chine est un problème, mais je pense que le transfert de données vers la Silicon Valley, aux États-Unis, pourrait être tout aussi important, voire presque similaire», a-t-il expliqué.
«Nous sommes aussi en train de nous dire que nous ne voulons peut-être que ça se rende aux États-Unis et nous ne voulons pas avoir affaire à Elon Musk», a-t-il ajouté, faisant référence au PDG de Tesla, également PDG de xAI.
Il a toutefois souligné l’existence de préoccupations en matière de sécurité quant à la possibilité que les données collectées par DeepSeek finissent entre les mains du gouvernement chinois.
Feroot Security, une entreprise canadienne de cybersécurité, a affirmé le mois dernier que le site web de DeepSeek contenait un code informatique capable d’envoyer certaines informations de connexion d’utilisateurs à une entreprise de télécommunications publique chinoise interdite d’exploitation aux États-Unis.
M. DiPaola a insisté sur le fait qu’il était important de lancer des systèmes d’IA développés localement qui permettraient aux Canadiens de ne dépendre d’aucun autre pays.
L’UBC recommande aux étudiants de désinstaller les applications DeepSeek de tout appareil utilisé pour les activités universitaires ou pour accéder à ses systèmes et de s’abstenir de les utiliser via un navigateur web.
Cependant, le modèle DeepSeek — «l’architecture « open source » sous-jacente» du système d’IA — ne présente aucun risque connu s’il est téléchargé depuis des «sources fiables».
— Avec des informations de l’Associated Press.