Ontario: les libéraux et néo-démocrates veulent explorer la semaine de quatre jours

TORONTO — Le NPD et les libéraux de l’Ontario promettent d’explorer l’idée de la semaine de travail de quatre jours, s’ils forment le gouvernement. L’idée semble bien fonctionner dans une ville du sud-ouest de la province, mais le milieu des affaires est partagé. 

Les libéraux ont dit qu’ils lanceraient une «démonstration» de semaine de travail de quatre jours, en collaboration avec des groupes d’entreprises et de travailleurs, pour concevoir et évaluer le modèle.

Le chef libéral Steven Del Duca a affirmé que la pandémie a stimulé la nécessité d’un examen de l’équilibre travail-vie personnelle.

«La réalité pour de nombreux travailleurs et leurs familles est que même s’ils se présentent au boulot chaque jour et qu’ils travaillent fort, ils vont de moins en moins bien», a estimé M. Del Duca.

«Le rapport entre le travail et la vie personnelle est complètement déséquilibré; c’est hors de contrôle. Je crois que, surtout pendant la pandémie, les gens sont fatigués, épuisés et on voit que le niveau de productivité diminue.» 

Le NPD a dit qu’il redéposerait l’un de ses projets de loi d’initiative parlementaire à partir de 2021 qui établirait une commission sur la semaine de travail de quatre jours pour élaborer des recommandations sur la façon de mettre en œuvre un projet pilote.

La cheffe du parti, Andrea Horwath, a expliqué que cela permettrait au gouvernement d’évaluer tant les côtés positifs que les côtés négatifs d’une semaine de travail compressée.

«Nous voulons nous assurer que cette décision n’aura pas d’impact négatif sur la rémunération des gens, surtout quand on sait que les prix augmentent partout», a-t-elle affirmé.

«Nous ne voulons pas mettre en place la semaine de quatre jours pour que les gens ne soient plus capables de payer leurs factures. On devra s’assurer que les employeurs seront en mesure de mettre en place la semaine de quatre jours sans qu’ils subissent de perte de revenu ou qu’ils ne soient plus en mesure d’opérer adéquatement.»

Le PDG de la Chambre de commerce de l’Ontario, Rocco Rossi, a indiqué qu’un nombre croissant d’entreprises expérimentent des semaines de travail de quatre jours, mais qu’il est important que ces décisions viennent des employeurs.

«Les gouvernements peuvent encourager ou mettre des incitatifs en place pour rendre le travail plus flexible, mais ils doivent faire attention pour ne pas créer de problèmes pour les entreprises et l’économie», a-t-il écrit dans un communiqué.

Le chef progressiste-conservateur Doug Ford a quant à lui estimé que les décisions sur les semaines de travail sont mieux laissées au secteur privé.

«Je ne dirai pas aux entreprises ce qui fonctionne le mieux pour elles», a-t-il tranché.

Un projet-pilote fructueux

La semaine de travail de quatre jours en déjà en place pour les employés de la Ville de Zorra, dans le sud-ouest de l’Ontario. Ce qui a commencé par un projet-pilote de huit mois s’est transformé en mesure permanente en raison de la réaction positive des travailleurs.

«Tout le monde apprécie beaucoup la semaine de quatre jours, selon le dirigeant principal de l’administration de la Ville, Don MacLeod. L’ambiance est plus joviale au bureau qu’elle l’était avant. Tout le monde a vu des effets bénéfiques sur sa santé mentale grâce au temps de repos supplémentaire.»

M. MacLeod utilise ses lundis de congé pour aller jouer au golf, surtout maintenant que le beau temps s’est installé, en plus de conduire son père à ses rendez-vous.

Les employés qui ont des enfants croyaient que cette journée de congé supplémentaire leur permettrait de passer plus de temps avec eux. Mais puisque les enfants sont souvent à l’école le lundi et le vendredi, les employés peuvent passer plus de temps sur leurs activités à eux.

«C’est une occasion pour les employés de prendre rendez-vous chez leur médecin, de faire des activités qu’ils aiment ou seulement de passer un moment en solitaire. Les gens aiment beaucoup ça», a ajouté M. MacLeod.

«En tant qu’employeur, je crois que nous avons un rôle à jouer pour permettre à nos employés de mieux gérer leur vie personnelle. Au bout du compte, cela les rend plus productifs et plus heureux au travail.»

Pour compenser à la perte d’une journée de travail, la Ville de Zorra a allongé les horaires de ses employés à neuf heures par jour. Là où ce n’est pas possible, les employés ont eu droit à d’autres mesures de flexibilité.

Plusieurs questions

Ryan Mallough, de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, a noté que les petites entreprises ont de nombreuses questions à propos de cette promesse des libéraux et des néo-démocrates.

«Je crois que c’est quelque chose qui est plus facile à accepter si vous êtes un cabinet d’avocat ou une firme d’experts. Mais pour les marchands, les restaurateurs et les propriétaires de cinéma, il y a beaucoup de questions sur la façon dont cette mesure se concrétiserait», a-t-il mentionné.

«Il faut avoir un portrait global de la mesure et pas seulement un gros titre comme ‘la semaine de quatre jours’.»