Moins de patients victimes d’AVC, mais plus de décès pendant la pandémie

CALGARY — La première année de la pandémie de COVID-19 en Alberta a vu moins de patients victimes d’AVC, mais un nombre plus élevé de décès liés à un AVC, selon une nouvelle recherche.

L’étude, publiée lundi dans le Journal de l’Association médicale canadienne, a été menée par une équipe de huit médecins et autres chercheurs à travers la province.

«L’une des choses que nous avons commencé à réaliser au cours des premiers mois de la pandémie (…), c’est qu’il semblait y avoir une baisse du nombre de personnes se présentant avec un AVC aigu», a déclaré l’auteur principal, le Dr Aravind Ganesh, neurologue à l’Université de Calgary, en entrevue.

Plusieurs pays avaient commencé à remarquer une tendance à la baisse du nombre de personnes cherchant des soins d’urgence pour une variété de problèmes médicaux pendant la pandémie, a-t-il ajouté.

«La question que les gens ont commencé à se poser était de savoir si les (…) restrictions de santé publique que nous avions mises en place à la suite de la pandémie pouvaient avoir des conséquences imprévues en dissuadant les gens de se rendre à l’hôpital pour des urgences comme les accidents vasculaires cérébraux et les maladies cardiaques», a dit le Dr Ganesh.

«Donc, la prémisse de cette étude est venue de cette inquiétude très légitime de notre part.»

Les chercheurs ont examiné les données de 19 531 patients albertains de janvier 2016 à février 2020 et de 4900 autres patients au cours de la première année de la pandémie de COVID-19.

«Lors de la première vague de la pandémie en Alberta, nous avons eu une baisse importante du nombre de personnes qui se présentaient avec un AVC ischémique aigu ― c’est-à-dire un AVC dû à des caillots sanguins dans le cerveau», a expliqué le Dr Ganesh.

«Parallèlement à cela, nous avons également constaté que l’utilisation des thérapies contre les AVC (…) a diminué d’environ la même quantité.»

Les chercheurs ont également découvert que le nombre de patients présentant des symptômes d’AVC n’était pas revenu aux niveaux prépandémiques après la première vague du printemps 2020.

«Particulièrement pendant les périodes de deuxième et troisième vagues de notre étude, lorsque les cas de COVID-19 ont augmenté, nous nous attendions à observer une augmentation des AVC au lieu de déclins», écrivent-ils dans l’étude.

Le Dr Ganesh a déclaré que lui et d’autres chercheurs avaient pu examiner ce qui était arrivé à ces patients en étudiant le nombre de personnes décédées des suites d’un accident vasculaire cérébral.

«Nous avons constaté que ces décès hors hôpital ont fini par augmenter pendant quatre des cinq périodes de la pandémie», a-t-il déclaré. «Nous avons fini par être en mesure de trouver certains de ces AVC manquants de cette façon.»

Des résultats similaires ont été observés dans les hôpitaux.

«Au cours de la deuxième vague de la pandémie et de la troisième vague de la pandémie, davantage de personnes ont fini par mourir à l’hôpital à cause d’un accident vasculaire cérébral», a-t-il noté.

L’étude a examiné des données au niveau de la population, on ne connaît donc pas les raisons ayant poussé les gens à ne pas se faire soigner.

«Est-ce que les gens attendaient pour demander de l’aide jusqu’à ce que leur AVC devienne plus grave?», a-t-il demandé.

Le Dr Ganesh a déclaré que les chercheurs n’en étaient pas sûrs, mais ils pensaient que les gens essayaient d’éviter les hôpitaux.

«Nous soupçonnons qu’il s’agissait d’un évitement de l’hôpital en raison des décès hors hôpital que nous avons constatés.»

Il a dit que les résultats de la recherche n’étaient pas tous négatifs.

«Nous avons en fait fini par rattraper notre retard plus tard dans la pandémie», a indiqué le Dr Ganesh.

Il a ajouté que les responsables de la santé publique et les médecins avaient également travaillé pour rappeler aux gens de se rendre à l’hôpital en cas d’urgence.

«Ce que nous avons compris, c’est que nous devons vraiment réfléchir de manière critique au type de messages de santé publique que nous diffusons pendant la pandémie.»