Logement en Ontario: néo-démocrates et conservateurs s’engagent à accroître l’offre

Aussi bien le NPD que le Parti progressiste-conservateur s’engagent à construire 1,5 million de logements au cours des 10 prochaines années, alors que l’habitation abordable devient l’un des grands enjeux de cette campagne électorale provinciale.

La cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD), Andrea Horwath, a vanté son plan vendredi, affirmant qu’il stimulerait la construction de maisons pour des premiers acheteurs, de constructions d’immeubles de location et de logements abordables.

La plateforme néo-démocrate en matière de logement, qui avait déjà été dévoilée en novembre 2020, a été mise à jour pour y inclure des prêts sur valeur domiciliaire afin d’aider les premiers acheteurs à verser une mise de fonds.

Un gouvernement néo-démocrate offrirait des prêts, jusqu’à 10 % du prix d’achat, aux premiers acheteurs pour des ménages gagnant jusqu’à 200 000 $ par année. Le remboursement du prêt ne serait pas exigé jusqu’à ce que le propriétaire déménage et il aurait la possibilité de racheter la part du gouvernement à tout moment.

La plateforme conservatrice en matière de logement se concentre en grande partie sur l’offre, bien que des critiques soutiennent qu’il manque jusqu’ici de mesures musclées pour construire le nombre requis d’habitations.

Paul Anglin, professeur d’immobilier à l’Université de Guelph, est partisan d’un soutien à l’offre plutôt qu’à la demande. «Si vous jetez de l’argent vers les acheteurs d’une première maison, vous modifiez la courbe de la demande, ce qui augmentera le prix payé par les acheteurs d’une deuxième maison», a-t-il soutenu.

L’objectif de 1,5 million d’unités fait «une très bonne manchette», estime M. Anglin, mais on ignore comment cette cible sera atteinte.

Les progressistes-conservateurs, qui cherchent à se faire réélire, ont mis sur pied l’année dernière un groupe de travail sur l’abordabilité du logement; son rapport suggérait cette cible de 1,5 million.

Les prix des maisons en Ontario ont presque triplé au cours des 10 dernières années, dépassant de loin la croissance des revenus, selon le rapport; par contre, la province est à 1,2 million d’unités – louées ou achetées – en deçà de la moyenne du G7.

Le rapport conclut que pendant trop longtemps, l’Ontario s’est concentrée sur les moyens de «refroidir» le marché immobilier, alors que la clé réside dans une augmentation de l’offre.

Les conservateurs ont adopté l’objectif de 1,5 million et se sont engagés à utiliser le rapport comme base de leur stratégie de logement à long terme. Mais une loi, adoptée au début de l’année, n’a pas retenu les principales recommandations du comité sur l’offre, comme la fin du zonage d’exclusion, afin de faire construire davantage de types de logements en dehors des maisons unifamiliales. Le ministre des Affaires municipales et du Logement a imputé cette omission au manque de coopération des municipalités.

Les progressistes-conservateurs ont déclaré qu’ils lanceraient de nouvelles consultations sur l’augmentation du nombre de logements «intermédiaires manquants», y compris les soutiens aux logements multigénérationnels, l’accès au financement pour les promoteurs à but non lucratif et les besoins en logement des communautés rurales et du Nord.

Vendredi, le chef progressiste-conservateur, Doug Ford, a vanté les 100 000 mises en chantier enregistrées l’an dernier, liant les progrès à son thème de campagne de la construction.

«Nous allons atteindre nos objectifs de 150 000 unités par année, a-t-il promis. La province donne les outils aux municipalités. C’est ce qu’il y a de mieux pour uniformiser le processus dans toute la province, pour accélérer la délivrance des permis, réduire les formalités administratives et la réglementation. Le NPD et les libéraux, ils ne croient tout simplement pas au développement.»

Le NPD et les libéraux, quant à eux, ont reproché au plan des progressistes-conservateurs de ne pas en faire assez pour aider les locataires.

Les néo-démocrates s’engagent à rétablir un «vrai» contrôle des loyers — les conservateurs ont supprimé ce contrôle sur les nouveaux logements —, à sévir contre les propriétaires qui recourent aux «rénovictions», et à rétablir le droit à des audiences en personne devant la Commission de la location immobilière.

Le professeur Anglin estime qu’il s’agit là d’un domaine dans lequel les gouvernements pourraient faire plus pour aider les gens, plutôt que de se concentrer uniquement sur l’offre de maisons pour les propriétaires.

«J’estime que quelqu’un qui songe seulement un instant à payer 1 million ou 2 millions de dollars pour acheter une maison est dans une position bien différente de celui qui a du mal à payer 1000 $ par mois de loyer — ou même à trouver un logement à 1000 $ par mois.»

Les libéraux n’ont pas encore publié leur plateforme en matière de logement, mais le chef libéral, Steven Del Duca, a critiqué le plan conservateur pour son manque de soutien aux locataires et aux acheteurs d’une première maison.