Les travailleurs de l’éducation de l’Ontario votent en faveur de la grève

TORONTO — Les travailleurs de l’éducation de l’Ontario, comme les bibliothécaires, les concierges et le personnel de l’administration scolaire, ont voté à 96,5 % en faveur d’une grève.

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a annoncé lundi que plus de 80 % de ses 55 000 membres travailleurs de l’éducation se sont prévalus de leur droite de vote et que la grande majorité a appuyé les revendications de l’équipe de négociation en leur donnant un mandat de grève.

Laura Walton, présidente du Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario du SCFP, a indiqué que l’équipe de négociation peut maintenant revenir à la table avec une indication claire du niveau de soutien des membres aux propositions du SCFP.

«Des dizaines de milliers de travailleurs de l’éducation de cette province ont voté pour envoyer un message au gouvernement Ford et dire que les coupures ne sont pas acceptables, qu’il faut de toute urgence plus de personnel éducatif de première ligne pour que les élèves réussissent et qu’il est temps d’augmenter significativement nos salaires», a-t-elle lancé lors d’une conférence de presse, lundi, rappelant que les travailleurs de l’éducation les moins bien payés gagnent en moyenne 39 000 $ par année.

«Personne ne veut faire la grève, surtout pas les travailleurs de l’éducation les moins bien payés de l’Ontario. Mais nos membres ont dit très clairement que si ce gouvernement ne bouge pas, nous sommes prêts à faire la grève pour un contrat de travail qui est bon pour les élèves, pour les familles et pour les travailleurs.»

Le SCFP a prévu des dates de négociation avec le gouvernement jeudi, vendredi, ainsi que les 17 et 18 octobre.

Avant de pouvoir déclencher une grève, le syndicat devra demander au conciliateur de déposer un rapport recommandant de ne pas instituer de commission de conciliation, puisque les deux parties sont incapables de s’entendre. Une fois ce rapport publié, le syndicat pourra décider de débrayer 17 jours plus tard, mais il devra donner un préavis de cinq jours avant de mener toute action ayant un impact sur son travail.

En réaction au résultat du vote, le ministre de l’Éducation Stephen Lecce a souligné qu’il n’était pas surpris, puisque les syndiqués de l’éducation votent souvent en faveur de grèves, mais il s’est néanmoins dit «déçu».

«Pendant que le SCFP continue de vouloir une grève qui nuira aux enfants et qui va perturber la vie des familles — en plus de laisser sur la table une offre raisonnable qui protège le régime d’avantages sociaux et de pension le plus généreux du pays —, nous allons demeurer à la table des négociations pour nous assurer que les élèves pourront aller à l’école sans interruption jusqu’en juin», a indiqué le ministre par voie de communiqué.

Le gouvernement a offert des augmentations de 2 % par année pour les travailleurs gagnant moins de 40 000 $ et de 1,25 % pour tous les autres travailleurs, tandis que le SCFP vise des augmentations annuelles de 11,7 %.

Mme Walton a précisé que l’offre du gouvernement s’élève à 800 $ de plus par an pour le travailleur moyen.

Selon elle, les travailleurs ne peuvent pas se permettre de faire la grève et de perdre du salaire, mais ils ne peuvent pas non plus se permettre de ne pas la faire, après des années de gel salarial et d’augmentations de 1 % pour les salariés les moins bien payés.

«On ne peut pas se permettre de faire durer les moyens de pression plus longtemps; nous sommes au bord de la pauvreté», a déploré Mme Walton.

«Il y a des travailleurs qui ne peuvent pas se permettre qu’on baisse nos demandes. Nous perdons des travailleurs chaque jour. Des gens sont venus me voir et m’ont dit qu’ils n’ont plus les moyens d’occuper leur emploi, même s’ils aiment ce qu’ils font.»

Le gouvernement a noté que le SCFP demande également cinq jours supplémentaires rémunérés avant le début de l’année scolaire, 30 minutes de temps de préparation rémunéré chaque jour et une augmentation de la rémunération des heures supplémentaires d’un multiplicateur de 1,5 à 2.

Les partis d’opposition de la province ont jeté la responsabilité d’une éventuelle grève sur le gouvernement qui, selon eux, refuse d’assurer des services adéquats dans les écoles.

«Le gouvernement conservateur va faire en sorte que nos enfants seront pris au milieu d’un autre conflit de travail dans nos écoles», a dénoncé la porte-parole du NPD en matière d’éducation, Chandra Pasma, dans un communiqué. 

«Le premier ministre Doug Ford et le ministre Stephen Lecce ont utilisé l’année scolaire de nos enfants comme monnaie d’échange, pour intimider les travailleurs de l’éducation les moins bien payés.»

Les cinq principaux syndicats de l’éducation sont en pleine négociation avec le gouvernement depuis la fin de leurs contrats de travail, le 31 août.