L’enquête publique sur la tuerie en N.-É. s’attarde au faux véhicule de patrouille

HALIFAX — La commission d’enquête publique sur la tuerie en Nouvelle-Écosse a appris lundi que de nombreuses personnes savaient que le tueur possédait une réplique d’un véhicule de patrouille de la GRC, mais qu’elles n’en ont pas informé la police.

Le tueur a méticuleusement recréé, à l’identique, un véhicule de patrouille de la Gendarmerie royale du Canada. C’est ce véhicule qu’il a conduit lors de sa cavale meurtrière les 18 et 19 avril 2020, qui a fait 22 morts en 13 heures.

La procureure de la commission Amanda Byrd a présenté lundi un résumé de l’enquête sur la façon dont le tueur avait acquis quatre anciens véhicules de police, en 2019, sur le site de vente aux enchères en ligne du gouvernement fédéral.

Me Byrd a également déclaré qu’il n’y avait aucune preuve que quelqu’un qui avait vu la réplique du véhicule de patrouille avant la tuerie l’avait signalé à la police.

Selon le résumé présenté à l’audience publique, plusieurs personnes étaient au courant, dont la femme du tueur et ses proches, des amis, des voisins, un avocat, des clients de sa clinique de denturologie et des entrepreneurs qui avaient travaillé sur ses propriétés de Portapique.

Selon le résumé, plusieurs proches de la femme du tueur lui ont demandé s’il était légal de posséder un tel véhicule. On leur a répondu que Gabriel Wortman avait vérifié auprès des autorités et prévoyait de l’utiliser dans des défilés, de le louer pour des tournages ou de le transformer en mémorial pour les policiers de la GRC morts en service.

Les faux pas de la GRC

La commission a par ailleurs publié lundi plus de détails sur les faux pas commis par la GRC pendant que les enquêteurs tentaient d’identifier le véhicule du tueur, au tout début de la tragédie.

La commission d’enquête a déjà documenté qu’au cours d’une période chaotique de 40 minutes, le soir du 18 avril 2020, le tueur a assassiné par balles 13 personnes et incendié plusieurs maisons à Portapique, avant de réussir à s’échapper de cette enclave rurale, à 22 h 45, alors que la police s’approchait de lui. 

Le lendemain matin, le tireur a tué neuf autres personnes avant d’être abattu par des policiers de la GRC dans une station-service d’Enfield, au nord de Halifax — à une centaine de kilomètres de Portapique. 

L’enquête a permis d’apprendre que le tueur était déguisé en policier de la GRC et conduisait une réplique d’un véhicule de patrouille les 18 et 19 avril 2020.

Pour la première fois, l’enquête a entendu lundi que tôt le samedi soir, un officier supérieur de la GRC avait appris que le suspect possédait plusieurs voitures de police désaffectées.

Mais cette information clé était légèrement en contradiction avec ce que les témoins avaient raconté jusque-là à la police: le tueur ne conduisait pas une vieille voiture de police banalisée, mais une autopatrouille entièrement «marquée».

Ces informations contradictoires ont semé la confusion, parce que les policiers devaient s’assurer qu’aucune de leurs autopatrouilles n’avait été volée.