Le Parti québécois perd des sièges, mais fait élire son chef

BOUCHERVILLE, Qc — Le Parti québécois (PQ) perd des sièges, mais son chef, Paul St-Pierre Plamondon, entre à l’Assemblée nationale.

L’ambiance est devenue électrique pour la centaine de militants du Parti québécois réunis à l’Hôtel Mortagne à Boucherville lorsque les réseaux télévisés ont annoncé que leur chef est passé en légère avance. La confirmation de la victoire est venue plus tard.

Même si la formation souverainiste n’est pas parvenue à conserver la majorité de ses bastions, elle comptait en fin de soirée deux députés élus et jouissait d’une avance dans une autre circonscription.

M. St-Pierre Plamondon a parlé avec optimisme quant à la possibilité que le Québec devienne un jour un État indépendant. «Le potentiel pour que nous vivions le plus beau moment de l’histoire politique du Québec, le moment où nous mettrons au monde notre pays, le potentiel, il est là, a-t-il dit dans son discours. Le potentiel, il est radieux.»

Si l’élection d’un gouvernement majoritaire de la Coalition avenir Québec (CAQ) était une affaire entendue, le suspense était ailleurs pour les militants. Ceux-ci attendaient de voir si leur chef réussirait à se faire élire et combien de sièges ils parviendraient à conserver.

En fin de soirée, le député sortant de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, était déclaré gagnant, alors que son collègue des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, avait une avance d’un peu moins de 500 voix.

Les trois sièges potentiels du PQ ne reflètent toutefois pas les votes qu’il a obtenus. La formation reçoit près de 15 % des appuis, même si elle ne récolte que trois sièges sur 125, selon les données préliminaires.

Elle est au coude-à-coude avec Québec solidaire pour le nombre de votes et dépasse même le Parti libéral du Québec, qui forme pourtant l’opposition officielle.

Les résultats ramènent à l’avant-plan le besoin d’intégrer des éléments de proportionnels au mode de scrutin, plaide le chef péquiste dans son discours. «Est-ce normal qu’un parti politique qui obtient environ 40 % des voix remporte 70 % des sièges? Est-ce normal qu’un parti qui obtient 15 % n’obtienne même pas trois pour cent des sièges. Est-ce normal qu’un parti qui obtient 13 % des voix n’obtienne aucune voix?»

Les résultats sont inférieurs à ceux de 2018. Le PQ avait obtenu 17,06 % des voix et 10 députés lors du dernier scrutin en 2018. Il s’agissait d’une débâcle historique. Reléguée au rôle de quatrième opposition officielle, la formation souverainiste n’avait plus que sept députés à la dissolution de la chambre.

Des espoirs déçus

Après une campagne où les sondages pointaient vers l’anéantissement du Parti québécois (PQ), ses militantsentamaient la soirée électorale sur une note d’espoir en raison de la remontée de la formation souverainiste dans les sondages.

Le vent a «tourné» après les débats télévisés pour le PQ, affirmait le candidat de Marie-Victorin, Pierre Nantel. «On sent qu’on a une allégresse, chez les militants, chez les bénévoles. Chez les gens qu’on croise dans la rue, qui disent « hey, j’ai voté pour vous. »»

Dernier dans les sondages, le parti de René Lévesque était dans une posture difficile sur les lignes de départ, d’autant plus que des députés populaires comme Sylvain Gaudreault (Jonquière) et Véronique Hivon (Joliette) ont fait le choix de ne pas se représenter. Le PQ a perdu les deux forteresses.

Près de 31 % des Québécois, 40 % chez les francophones, estiment que M. St-Pierre Plamondon a mené la meilleure campagne, selon un sondage de la firme Léger. Le chef, qui a évité les attaques personnelles, a axé sa campagne sur la défense du français, la souveraineté et l’environnement.

Si sa formation était celle qui propose les plus bas seuils d’immigration à 35 000, pour assurer leur intégration en français, M. St-Pierre Plamondon a évité le genre de déclarations controversées qui ont mis le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, dans l’embarras.

Le chef péquiste a toutefois dû expulser deux candidats pour des commentaires antimusulmans et a demandé à deux autres candidates de préciser leur pensée sur la religion musulmane et sur la brutalité policière.

M. St-Pierre Plamondon estime que sa campagne aura remis l’indépendance à l’avant-plan de la scène politique. «Nous avons démontré qu’il est possible pour un parti indépendantiste de s’assumer et de susciter de l’adhésion en parlant sans détour de la cause qui nous anime.»