Le Conseil de l’Arctique mis à mal en raison de la guerre en Ukraine

Un haut responsable du gouvernement américain a déclaré qu’il y avait de nombreux enjeux pour garder réunis les États arctiques aux vues similaires. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a forcé sept d’entre elles à suspendre leur implication au Conseil de l’Arctique.

Le coordonnateur américain pour la région arctique, James DeHart, affirme que la suite pour l’organisme de coopération circumpolaire n’est pas claire. Tous ses membres ont refusé la semaine dernière de travailler avec la Russie.

« Je ne sais pas si je peux donner une réponse convaincante à cela, a mentionné M. DeHart lors d’une entrevue avec La Presse Canadienne lundi. Nous allons profiter de cette pause pour déterminer comment nous pouvons procéder. Nous ne savons pas où cela va nous mener. »

M. DeHart est le diplomate chargé de coordonner la politique américaine dans l’Arctique et de travailler avec ses alliés dans cette région. Il effectue sa première visite au Canada, qui survient la semaine après que les États-Unis, le Canada, la Norvège, la Suède, la Finlande, le Danemark et l’Islande ont tous convenu de se retirer du Conseil de l’Arctique, actuellement dirigé par la Russie.

M. DeHart a indiqué que cette décision s’est prise sans trop difficulté alors qu’un consensus s’est rapidement dégagé face à la situation.

Des responsables russes à Londres ont déclaré à l’agence de presse Reuters que la décision était « regrettable » et conduirait « inévitablement à l’accumulation de risques et de défis à la sécurité douce (non militaire) dans la région ».

Le Conseil de l’Arctique, formé des pays qui entourent le pôle Nord, est un important commanditaire de la recherche scientifique et a mené à d’importants traités sur la prévention de la pollution et la sécurité maritime. Il existe encore de nombreuses opportunités de recherche entre les membres du conseil, car les changements climatiques et l’ouverture progressive de l’Arctique ne s’arrêteront pas, a déclaré M. DeHart.

Le conseil ne s’occupe pas des questions de sécurité, ce qui rend difficile de se frayer un chemin à travers la guerre actuelle en Ukraine.

« Nous voulons éviter d’endommager le conseil, a soutenu M. DeHart. Nous ne voulons pas intégrer des discussions sur des questions militaires. »

Il voit peu de risque que le conflit ukrainien se propage à l’Arctique, bien qu’il a reconnu que l’armée russe s’affirme de plus en plus dans la région depuis des années.

Les bases militaires de l’époque de la guerre froide ont été réactivées et les avions militaires russes volent dans l’espace aérien occidental. Lors d’un récent exercice de l’OTAN, les Russes ont brouillé les signaux GPS qui ont affecté l’activité civile, a relaté M. DeHart.

« Bien avant que nous n’ayons vu une nouvelle invasion de l’Ukraine par la Russie, nous avions vu la Russie construire son ancienne infrastructure militaire dans sa partie de l’Arctique », a-t-il affirmé.

Affaires mondiales Canada n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires sur le conseil et son avenir.

Dans un communiqué, le Conseil circumpolaire inuit — l’un des groupes autochtones qui sont participants permanents au Conseil de l’Arctique — a déclaré qu’il soutenait le départ des sept nations du groupe.

« (Le conseil) surveille de près la situation et il est d’accord avec les (hauts responsables de l’Arctique) », a-t-il indiqué dans un communiqué.

Pendant ce temps, le Canada et les États-Unis ont beaucoup de sujets en dehors du conseil, et qui concernent le nord, dont ils peuvent discuter.

Les enjeux comprennent la mise à jour et la modernisation du système d’alerte que les deux pays utilisent pour surveiller leur espace aérien. M. DeHart souhaite également parler de minéraux critiques tels que le lithium, un élément crucial des batteries modernes que l’on trouve dans plusieurs gisements des Territoires du Nord-Ouest.

Sauver la vieille idée de l’Arctique en tant que zone de paix et de coopération internationales ne sera pas facile, selon M. DeHart. Mais les diplomates essaieront.

« L’objectif fondamental ici reste le même : faire de l’Arctique une région de paix », a-t-il conclu.