La Russie sanctionne 61 autres Canadiens, dont des premiers ministres provinciaux

OTTAWA — La Russie a imposé de nouvelles sanctions contre 61 Canadiens, dont des premiers ministres provinciaux, du personnel militaire, du personnel politique et des journalistes, pour les actions du Canada contre le pays pour son invasion de l’Ukraine.

Beaucoup de personnes nommées ont traité leur inclusion sur la dernière liste du président Vladimir Poutine comme un insigne d’honneur proverbial. Mais d’autres, comme le correspondant international du «Globe and Mail», Mark MacKinnon, n’y ont rien vu de positif.

«Je reçois beaucoup de réponses de « félicitations » à cela. Mais pour moi, c’est un jour vraiment triste. J’ai adoré le temps que j’ai passé en Russie et je me suis fait beaucoup d’amis là-bas (même si beaucoup d’entre eux sont partis)», a écrit M. MacKinnon sur Twitter.

«J’ai toujours essayé de faire des reportages honnêtes sur le pays. Je suppose que c’était le problème», a-t-il ajouté.

Le régime du président Poutine avait déjà interdit à de nombreux Canadiens éminents d’entrer dans le pays, dont le premier ministre Justin Trudeau, des ministres et des députés de tous les partis. La vice-première ministre Chrystia Freeland avait été précédemment interdite d’entrée en Russie à cause de ses articles critiques sur Poutine au cours de sa carrière de journaliste.

Ils ont été rejoints jeudi par Bob Rae, l’ambassadeur du Canada aux Nations unies, ainsi que par cinq premiers ministres provinciaux : Doug Ford de l’Ontario, Jason Kenney de l’Alberta, John Horgan de la Colombie-Britannique, Heather Stefanson du Manitoba et Scott Moe de la Saskatchewan.

«Honoré d’être inclus dans la dernière liste noire de Poutine des Canadiens sanctionnés! Ma seule question : qu’est-ce qui a pris si longtemps», a déclaré M. Kenney sur Twitter. Il a noté qu’en tant qu’ancien ministre conservateur fédéral de la Défense, il avait été fier de lancer la mission d’entraînement militaire des Forces canadiennes en Ukraine, qui comprenait l’envoi d’équipement et de technologie satellitaire.

M. Horgan a déclaré que son inscription était «un insigne d’honneur non pas pour moi, mais pour la Colombie-Britannique».

Lors d’une conférence de presse jeudi, il a déclaré que l’interdiction signifiait que la province et ses habitants avaient attiré l’attention d’un «dictateur brutal» en lui tenant tête et en ouvrant leurs cœurs et leurs maisons aux Ukrainiens.

«Donc, si les Russes ne veulent pas que je leur rende visite, je n’avais pas l’intention d’y aller, a déclaré M. Horgan. Je suppose que je vais rayer ça de ma liste de choses à faire. Ce n’est plus sur la liste des choses à faire, si jamais ça l’a été.»

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, la cheffe de cabinet du premier ministre Katie Telford et l’ancien sénateur Roméo Dallaire figurent également sur la liste.

Le ministère de la Défense a annoncé jeudi la retraite imminente de deux chefs militaires canadiens, plusieurs heures après leur sanction par la Russie. Il s’agit du vice-amiral Craig Baines, commandant de la Marine royale canadienne, et du lieutenant-général Al Meinzinger, commandant de l’Aviation royale du Canada.

Plusieurs chefs militaires actifs figurent sur la liste russe, dont le major général Steve Boivin, commandant des forces d’opérations spéciales des Forces armées canadiennes.

M. Trudeau a déclaré que la dernière série de sanctions ne dissuaderait pas du tout le Canada.

«Cela n’affaiblit en rien notre détermination à faire tout ce que nous pouvons pour défendre l’Ukraine et repousser durement le régime meurtrier de Vladimir Poutine», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse jeudi soir.

Le Canada continuera d’imposer des sanctions «paralysantes» et de travailler avec la communauté internationale, y compris la Cour pénale internationale, pour tenir Poutine responsable, de même que ceux qui l’appuient, a déclaré M. Trudeau.

M. Trudeau a de nouveau refusé de dire quand le Canada enverra de l’artillerie lourde en Ukraine. Il a promis les armes plus tôt cette semaine, mais n’a pas encore fourni de détails, citant la sécurité opérationnelle.

«Nous savons qu’une nouvelle phase de la guerre commence en ce moment, avec de lourds bombardements à l’est par la Russie, a déclaré M. Trudeau jeudi. Les Ukrainiens ont demandé de l’artillerie lourde et nous la livrerons.»

Les sanctions visent également des journalistes canadiens comme M. MacKinnon et le chroniqueur du «National Post» John Ivison, ainsi que le rédacteur en chef du «Globe and Mail», David Wamsley, et la présidente-directrice générale de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait.

La Russie affirme sur le site du ministère des Affaires étrangères que ces personnes sont toutes «directement impliquées dans le développement, la justification et la mise en œuvre du courant russophobe du régime au pouvoir au Canada».

———

Une filiale du «Globe and Mail» détient un investissement dans La Presse Canadienne dans le cadre d’une entente conjointe avec Torstar et une filiale de «La Presse».