La ministre Anand dénonce fermement la fourniture de drones à la Russie par l’Iran

MONTRÉAL — Ottawa condamne fermement la Russie et l’Iran pour les attaques de drones sur les infrastructures civiles en Ukraine.

La ministre de la Défense nationale, Anita Anand, était à Saint-Jean-sur-Richelieu jeudi matin pour l’annonce d’un contrat de 3,7 milliards $ pour la fourniture d’uniformes opérationnels aux Forces armées canadiennes pour les 20 prochaines années lorsqu’elle a été interrogée sur cette question.

«Le Canada condamne, dans les termes les plus forts, la série d’attaques flagrantes du régime russe contre l’Ukraine rendues possibles avec l’aide du régime iranien et de ses armes. Ces attaques visant les civils ainsi que les infrastructures d’énergie et de chauffage sont déplorables. Le Canada est aux côtés du l’Ukraine maintenant et pour le long terme», a déclaré la ministre.

L’Union européenne a d’ailleurs annoncé jeudi des sanctions contre trois dirigeants militaires iraniens et une compagnie de ce pays, tenus pour responsables d’avoir livré les drones à la Russie.

Recrutement de l’armée chinoise

Mme Anand s’est par ailleurs montrée préoccupée par les informations selon lesquelles l’armée chinoise aurait recruté d’anciens pilotes militaires britanniques et australiens pour l’entraînement de militaires chinois. Interrogée à ce sujet, elle n’a pas donné d’indications à l’effet que d’anciens pilotes de l’armée canadienne auraient également été approchés, mais elle a précisé que la situation était suivie de près par son ministère. 

Elle a également lancé cet avertissement: «La loi sur la sécurité de l’information s’applique aux membres actuels et anciens et le non-respect de cette loi pourrait entraîner de graves conséquences. Nous faisons confiance aux anciens membres des forces armées canadiennes et nous nous attendons d’eux qu’ils adhèrent aux valeurs de cette institution. Tout comportement susceptible de nuire aux intérêts nationaux canadiens constitue une violation de cette confiance et sera traité de manière appropriée.»

Contrat historique

Le contrat dont il était question a été octroyé a Logistik Unicorp, de Saint-Jean-sur-Richelieu, pour la fourniture des uniformes opérationnels et de camouflage complets, incluant les bottes, écussons, gants et ainsi de suite. 

L’entreprise montérégienne, qui fournit déjà des uniformes de travail et d’apparat aux Forces armées, réalise la recherche et le développement et agit comme plaque tournante avec plus d’une cinquantaine de fournisseurs partout au Canada. Ce contrat permet d’assurer quelque 3000 emplois à travers le pays dans le domaine du textile, du vêtement et de la chaussure.

Cette centralisation pour l’obtention d’uniformes complets est une formule gagnante, selon la ministre. «Avant, c’était nécessaire d’avoir plusieurs contrats avec plusieurs fournisseurs. Maintenant, c’est plus efficace d’avoir un contrat avec un fournisseur.» 

La vice-présidente de Loigistik Unicorp, Karine Bibeau, a expliqué que 96 % de toutes les composantes des uniformes seront de fabrication canadienne. Elle n’a pas hésité à parler d’un contrat historique pour l’entreprise, qui compte 300 employés.

Pénurie de personnel même dans l’armée

Il faudra toutefois mettre des humains dans ces uniformes, alors que l’armée canadienne est aux prises avec une sévère pénurie de personnel. Le chef d’état-major, le général Wayne Eyre, a fait état à quelques reprises ces dernières semaines des problèmes causés par le manque d’effectifs, notamment pour les déploiements à l’étranger et même pour les opérations courantes en sol canadien, alors que les militaires sont de plus en plus appelés à intervenir dans des situations d’urgence. 

Mme Anand s’est dite bien au fait de ces problèmes de pénurie de main-d’œuvre militaire.

«Il est crucial d’avoir des effectifs suffisants pour soutenir nos opérations régulières et pour intervenir en temps de crise», a-t-elle reconnu, expliquant que le gouvernement est à mettre en place des mesures pour tenter de contrer le problème.

«Premièrement, sur le court terme, nous avons par exemple maximisé le personnel des centres de recrutement et des écoles de formation et accéléré la formation de base. Sur le long terme, nous continuons notre travail pour bâtir une institution où chacun se sent en sécurité, protégé et respecté et peut atteindre son plein potentiel», une référence aux difficultés qu’a connues l’armée canadienne à résoudre les problèmes d’inconduite sexuelle dans ses rangs. 

Elle refuse toutefois de croire que les jeunes générations boudent plus que les générations précédentes la possibilité d’une carrière militaire.

«Je comprends cette génération, j’ai quatre enfants moi-même. Et je sais qu’il y a des opportunités, surtout après la pandémie, et nous devons continuer d’encourager nos jeunes à chercher des opportunités comme les forces armées canadiennes où on peut travailler ici au Canada et partout dans le monde. Je pense qu’il y a des opportunités exceptionnelles dans les forces armées canadiennes (…) pour nos jeunes et pour tout le monde.»