La Caisse de dépôt affiche une perte de 33,6 G$ pour les six premiers mois de 2022

MONTRÉAL — La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) devra tricoter serré pour repriser le trou qui s’est ouvert dans le bas de laine des Québécois après le pire semestre des 50 dernières années sur les marchés.

Au 30 juin dernier, la Caisse enregistrait, pour les six premiers mois de 2022, un rendement négatif de -7,9 %, soit une perte de 33,6 milliards $. Bien que l’institution ait fait mieux que son indice de référence, qui était en repli de -10,5 %, ce résultat contraste avec le rendement exceptionnel de 13,5 % affiché pour toute l’année 2021.

En tenant compte des dépôts, l’actif net de la Caisse a reculé de 28,2 milliards $, passant de 420 milliards $ à 392 milliards $.

Le président et chef de la direction de la Caisse, Charles Émond, a cependant tenu à rassurer les épargnants québécois en présentant ces résultats mercredi, soulignant que la capitalisation des régimes est solide. «Je prends toujours du recul comme PDG de la Caisse pour rassurer les gens: leur pension n’est pas à risque. Les régimes sont pleinement capitalisés, même après ces baisses-là. Et depuis deux ans qu’il y a ces conditions atypiques avec une pandémie, une guerre, des hausses de taux, l’inflation, (…) on a haussé nos actifs depuis deux ans de 60 milliards $. Donc il n’y a pas de crise actuellement pour que les gens soient inquiets.»

Aussi, a-t-il précisé, le fort rebond des marchés depuis le 30 juin a déjà effacé la moitié de cette perte. «Vous voulez parler de volatilité? La moitié de la baisse de valeur qu’on a vue dans six mois, la moitié a été récupérée dans un peu plus d’un mois.»

Si cette tendance devait se maintenir, elle permettrait à la Caisse de redresser sensiblement son résultat. Juillet s’est d’ailleurs avéré le meilleur mois depuis deux ans sur les marchés.

Mais, comme l’ensemble des investisseurs, la Caisse n’a pu échapper à un contexte atypique, marqué d’imprévu et d’instabilité avec la pandémie, la guerre en Ukraine, la poussée inflationniste et la hausse soudaine des taux d’intérêt. Le pire élément s’est toutefois avéré la plongée parallèle des actions et des obligations. «C’est le pire semestre en 50 ans pour les marchés boursiers et obligataires. C’est une correction qui est extrêmement rare parce qu’elle est simultanée. Il y avait très peu d’endroits où investir sans qu’il n’y ait une baisse.»

L’institution prend soin aussi de rappeler que son résultat est non seulement supérieur à celui de son indice de référence, mais que sur les périodes de cinq et de dix ans, le rendement se situe tout de même respectivement à 6,1 % et 8,3 %.

«Si on avait fait comme notre portefeuille de référence les deux dernières années, on serait à 364 milliards $ d’actifs, alors que notre actif aujourd’hui, que l’on rapporte, est à 392 milliards $ (il était même remonté à 405 milliards $ en date de mercredi, selon M. Émond). On continue depuis deux ans d’être dans une série de conditions extrêmes, mais la Caisse a réussi à bien performer pendant ces deux années.»

Les nouvelles ne sont d’ailleurs pas sombres dans tous les secteurs: du côté des actifs réels, les portefeuilles Immeubles et Infrastructures font état de rendements positifs de 10,2 % et de 5,8 % respectivement. Fait à noter, toutefois, le portefeuille Immeubles est l’un des rares à avoir performé en deçà du portefeuille de référence, qui se situe à 11,4 %.

C’est du côté des actions que le bât blesse. Ainsi, le rendement du portefeuille des placements privés affiche un repli de 2,4 %. Mais c’est surtout le portefeuille des actions qui a plongé pour les six premiers mois de 2022 avec un recul de 16 %. 

Puisque la remontée de juillet ne peut être vue comme un signe de ce qui est à venir, Charles Émond assure que la Caisse demeure vigilante. «On va regarder comment vont évoluer les taux. La posture des banques centrales pour reprendre le contrôle de l’inflation va être primordiale. On est sur un échiquier géopolitique qui est très fragile avec des répercussions importantes pour les investisseurs. En plus, il y a des craintes de ralentissement économique, voire dans certains endroits de récession», a-t-il noté, illustrant ainsi que toute tentative de prédiction serait vaine dans un contexte aussi instable.