Justin Trudeau assure que la commissaire de la GRC a toujours sa confiance

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau assure que la commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a toujours sa confiance. Mais du même souffle, il a laissé à Brenda Lucki le soin de répondre aux allégations selon lesquelles elle aurait exercé une pression indue sur la GRC de la Nouvelle-Écosse pour qu’elle divulgue des détails de la tuerie qui a fait 22 morts en avril 2020.

Un rapport publié mardi par la commission d’enquête publique sur la tragédie comprenait des notes manuscrites d’un surintendant de la GRC sur une réunion de l’état-major de la Nouvelle-Écosse 10 jours après la tuerie. Selon cette note, Mme Lucki aurait exprimé sa déception que les types d’armes utilisées par le tueur n’aient pas encore été rendus publics.

Selon la note, la commissaire aurait dit pendant la réunion qu’elle avait promis au ministère fédéral de la Sécurité publique et au Cabinet du premier ministre que la GRC divulguerait les informations sur les armes utilisées par le tireur, car ces informations étaient «liées au projet de loi en cours sur le contrôle des armes à feu» à Ottawa.

Bill Blair, qui était ministre de la Sécurité publique à cette époque, a déclaré mercredi que Mme Lucki ne lui avait fait aucune promesse de ce genre.

D’autres documents publiés par la commission d’enquête publique citent une directrice des communications de la GRC qui allègue que M. Trudeau et le cabinet du ministre Blair «pesaient de leur poids» sur ce que la GRC pouvait et ne pouvait pas dire lors des points de presse après la tuerie.

M. Trudeau a déclaré jeudi qu’aucune «influence ou pression indue» de l’exécutif n’avait été exercée sur la GRC en Nouvelle-Écosse.

Dans une déclaration écrite publiée mardi soir, Mme Lucki a indiqué qu’elle ne s’était pas ingérée dans l’enquête en Nouvelle-Écosse, mais qu’elle regrettait la façon dont elle avait géré la réunion du 28 avril 2020. Elle explique aussi que cette réunion concernait notamment «la circulation de l’information sur l’enquête vers la Direction générale de la GRC et de la communication de l’information au public».

«Je regrette ma façon d’aborder la réunion et je suis désolée des répercussions qu’elle a eues sur les personnes présentes, écrit-elle. Mon besoin d’information aurait dû mieux prendre en considération la gravité des circonstances qu’ils vivaient.»

M. Trudeau, qui était jeudi à Kigali, au Rwanda, pour participer cette semaine au sommet du Commonwealth, a été interrogé par des journalistes s’il estimait que l’attitude de Mme Lucki lors de cette réunion était appropriée. «La commissaire en a parlé dans sa déclaration, a-t-il dit. Nous continuons à soutenir la commissaire, à lui faire confiance.»

Le premier ministre a souligné que seule la police détermine les informations à divulguer publiquement, et à quel moment au cours de l’enquête. «Je soulignerai cependant que lorsque la pire fusillade de masse de l’histoire du Canada s’est produite, nous avions beaucoup de questions», a-t-il ajouté. 

«Les Canadiens avaient beaucoup de questions, et j’ai reçu des séances d’information régulières sur ce que nous savions, sur ce que nous ne savions pas. Et ces réponses continuent d’être publiées alors même que l’enquête publique est en cours afin que les familles puissent réellement savoir ce qui s’est passé, et nous continuerons à prendre des mesures responsables.»

Mercredi, aux Communes, le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, avait lui aussi assuré que Mme Lucki conservait sa confiance.