Jour de la Terre: une marche à Montréal pour réclamer la fin des énergies fossiles

MONTRÉAL — Jeunes et moins jeunes ont de nouveau rappelé l’urgence d’agir et de prendre des mesures face aux changements climatiques, lors d’une mobilisation vendredi après-midi à Montréal, à l’occasion du Jour de la Terre. 

Ils étaient plusieurs centaines depersonnes, de tous âges, à avoir répondu à l’invitation de plusieurs organismes qui réclament le bannissement des énergies fossiles et la taxation de la richesse pour la réinvestir dans des programmes sociaux et les services publics.  

«La situation est très critique, il y a urgence d’agir. Je pense qu’il est important de démontrer notre désaccord avec la façon qu’on gère nos ressources et traite notre planète pour l’avenir des générations qui nous suivront», a dit Marie-Eve Carpentier, accompagnée de sa fille âgée bientôt de cinq ans. 

«Inégalités et climat déréglé: le saccage par les riches et les banquiers, c’est assez!», avait pour titre la manifestation organisée, entre autres, par Greenpeace, la Table régionale des organismes volontaires d’éducation populaire (TROVEP), la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social et les élèves du secondaire de Pour le futur. 

Les participants s’étaient rassemblés aux abords de l’hôtel de ville de Montréal avant de prendre la rue.

En tête du cortège, des jeunes tenant une banderole blanche sur laquelle il était écrit en bleu «Pour le futur». Parmi les manifestants, il y avait aussi plusieurs pancartes conçues à partir de morceaux de carton appelant notamment à sauver la planète et à protéger la nature. 

Les participants ont marché jusqu’à la Tour de la Bourse, au cœur du quartier de la finance de la métropole québécoise.

Les banques et la bourse ont été dénoncées comme «jetant de l’huile sur le feu» des changements climatiques. «Parce qu’elles investissent dans les énergies fossiles et elles sont de grands pollueurs puisqu’elles sont responsables d’énormément de GES», a déclaré à la foule l’une des co-organisatrices et membre du TROVEP de Montréal, Julie Corbeil. 

Les organisateurs de l’événement ont aussi soutenu que la crise climatique accentue les inégalités sociales, car elle frappe les populations les plus vulnérables.

Le Jour de la Terre cette année survient environ trois semaines après la présentation du dernier rapport alarmant du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Celui-ci prévient qu’il reste trois ans pour freiner les émissions de gaz à effet de serre afin de limiter la hausse de la température à 1,5 degré Celsius.  

«Ça nous prend donc des actions drastiques et rapides. Au Québec, on a la capacité de faire ça parce qu’on a l’électricité verte, les forêts, mais il manque la volonté politique» a mentionné la cheffe de Climat Québec, Martine Ouellet, à La Presse Canadienne, reprochant au gouvernement Legault d’aller «dans la mauvaise direction». 

Son parti, créé il y a moins d’un an, tiendra d’ailleurs son congrès de fondation samedi dans un hôtel de Boucherville. Climat Québec a l’intention de présenter 125 candidats aux élections d’octobre, a dit Mme Ouellet. L’ex-ministre péquiste des Ressources naturelles compte aussi être de nouveau sur les rangs dans Marie-Victorin, où elle a terminé cinquième avec moins de 2% des voix lors de la partielle le 11 avril. 

Inquiets, mais pas anxieux

Le thème de la campagne de cette journée en 2022 était «Guérissons ensemble» et mettait de l’avant l’éco-anxiété vécue par plusieurs en raison des changements climatiques. 

Les manifestants rencontrés par La Presse Canadienne ressentent plutôt de l’inquiétude, mais tentent de garder le moral.

«Mon état d’esprit est de ne pas entrer dans le pessimiste et d’y aller avec des actions qu’on peut intégrer au quotidien. Je n’ai pas vraiment d’emprise sur les autres, mais nous, on fait de notre mieux dans notre famille pour avoir le moins d’impact possible sur l’environnement», a affirmé Olivier Lagarde, qui était présent à la marche à l’invitation de son jeune garçon Arnaud, pour que «la Terre soit encore en bon état le plus longtemps».

Pour Samuel Dusseault, l’environnement est avant tout un enjeu collectif. «Ce n’est pas un enjeu d’anxiété personnel. C’est un enjeu juste global, rationnel et scientifique. Amener l’aspect individuel, c’est un peu superflu quand ça concerne tout le monde. Oui, il y a des préoccupations, mais je dors bien pareil», a expliqué le manifestant, pour qui les mobilisations citoyennes évitent de se laisser abattre.

Plusieurs autres actions concertées et événements étaient aussi prévus vendredi dans différentes villes du Québec. 

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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles