Des conservateurs veulent que le climat soit un enjeu dans la course à la chefferie

MONTRÉAL — Un groupe de conservateurs soucieux de l’environnement offre son expertise aux candidats à la chefferie du Parti conservateur du Canada (PCC) qui veulent mettre de l’avant un programme de lutte au changement climatique. Les «Conservateurs pour une croissance propre» ont d’ailleurs aidé le candidat Jean Charest à rédiger un plan climatique, qui a été rendu public mardi.

Selon la stratège conservatrice Sarah Biggs, «sans une plateforme environnementale solide et crédible, les conservateurs vont avoir de la difficulté à être élus aux prochaines élections», alors «il faut commencer à reconnaître qu’il faut avoir des politiques environnementales solides et crédibles».

La Québécoise d’origine, qui vit maintenant à Calgary, fait partie du groupe «Conservateurs pour une croissance propre», dont l’une des membres d’origine est Lisa Raitt, ancienne ministre dans le cabinet Harper.

Une plateforme sur mesure pour les différents candidats

Sarah Biggs a expliqué à La Presse Canadienne que son groupe propose d’aider les différents candidats à bâtir une plateforme environnementale.

«On a aidé monsieur Charest, mais ça ne veut pas dire que c’est un endossement», a indiqué la stratège en expliquant que «si un candidat communique avec nous, on mobilise une équipe pour l’aider à créer des politiques environnementales qui vont bien le représenter».

Le candidat adapte ensuite les propositions en fonction de ses objectifs de campagne.

Concernant le «plan pour stimuler la croissance verte» de Jean Charest, qui ne contient aucun détail sur les coûts de mise en œuvre, Sarah Biggs a souligné «que les détails sont encore un peu flous», mais que «c’est un début».

Idéalement, les Conservateurs pour une croissance propre souhaiteraient s’impliquer avec plusieurs candidats à la chefferie, mais pour l’instant, seul Jean Charest et un autre candidat, dont l’identité n’est pas encore dévoilée, ont fait appel à leurs services.

Avant que Jean Charest ne fasse part de son nouveau plan à La Presse Canadienne lundi, aucun candidat à la chefferie du PCC n’avait publiquement abordé la question de la protection de l’environnement ou de la lutte au changement climatique depuis le début de la course, une situation qui préoccupe Sarah Biggs.

Elle souhaite que «la protection de l’environnement et les énergies propres soient parmi les sujets qui seront discutés le 11 mai prochain à Edmonton», lors du premier débat des candidats à la direction du Parti conservateur.

Toutefois, une majorité de militants conservateurs ne semblent pas accorder la même importance à l’environnement que la stratège conservatrice.

Selon une enquête de la firme Angus-Reid publiée à la fin du mois de mars, seulement 12 % des électeurs conservateurs qui comptent voter pour Pierre Poilièvre considèrent que l’environnement et les changements climatiques font partie des enjeux prioritaires au Canada. Pour les électeurs de Pierre Poilièvre, l’économie, le déficit budgétaire, les taxes, la santé, les ressources énergétiques, l’éthique, l’accès au logement sont, en ordre décroissant, des thèmes plus importants que l’environnement et le climat. 

Toujours selon ce sondage, 22 % des conservateurs qui comptent appuyer Jean Charest croient que l’environnement et les changements climatiques font partie des enjeux prioritaires.

Cette différence s’explique peut-être par le fait que Pierre Poilièvre est beaucoup plus populaire que son rival dans les provinces productrices de pétrole comme l’Alberta et la Saskatchewan.

L’influence de Stephen Harper et la droite de l’Ouest

La doctorante en sociologie politique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Djamila Mones souligne que Pierre Poilièvre a une filiation idéologique évidente avec l’ancien premier ministre Stephen Harper et la droite issue de l’Ouest canadien. Cette droite conservatrice est «très proche des industries extractives, surtout depuis le début des années 1980» et elle a su construire «un discours public associant le bien commun, la construction nationale, à l’exploitation pétrolière». Dans ce contexte, ses partisans perçoivent souvent la protection de l’environnement sous une forme négative.

De son côté, Jean Charest, ancien ministre de l’Environnement du Canada, «est plutôt associé aux Red-Tories, à la droite canadienne-française et celle des tories traditionnels de l’Ontario et des Maritimes, qui ont historiquement eu une position plus balancée sur les enjeux environnementaux», a résumé Djamila Mones.

Au moins huit candidats ont franchi avec succès la première étape afin de voir leur nom inscrit sur les bulletins qui permettront d’élire le nouveau chef du Parti conservateur du Canada (PCC).

Les meneurs dans la course sont le député Pierre Poilièvre, suivi par l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest et du maire de Brampton Patrick Brown.