Bruno Marchand voudrait que tous les partis aient une place à l’Assemblée nationale

QUÉBEC — Les partis ayant échoué à faire élire 12 députés ou à obtenir 20 % des voix devraient pouvoir avoir leur place à l’Assemblée nationale, estime le maire de Québec, Bruno Marchand. 

Il donnait raison mardi au chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, qui, plus tôt dans la journée, avait été le premier à réclamer des budgets et un temps de parole.

Le chef péquiste avait plaidé en point de presse que de refuser un espace au PQ — qui a reçu près de 15 % des voix, mais fait élire seulement trois députés — serait «une attaque à la démocratie».

Avec 13 % des suffrages et aucun député, le Parti conservateur d’Éric Duhaime réclame également de pouvoir, entre autres, faire des points de presse dans la maison du peuple.

Québec solidaire a de son côté fait élire 11 députés, avec un peu plus de 15 % des voix, ce qui ne lui permet pas non plus d’être reconnu en tant que groupe parlementaire. 

Toute cette question fera bientôt l’objet d’une négociation avec le gouvernement et le Parti libéral du Québec. Or, ne pas faire de place aux partis pourrait attiser les tensions, a semblé craindre M. Marchand.

«On a intérêt à ce que les débats d’idées, de toutes les idées confondues, se fassent à l’Assemblée nationale», a réagi mardi le maire en point de presse à l’hôtel de ville.

«Comme population, on a intérêt à ce que lorsque ça représente une masse critique de gens, lorsqu’on représente 13 %, 10 % du monde, (…) que ces gens-là puissent être entendus.

«Sinon, les gens vont se mobiliser. (…) Est-ce qu’il y aura de la grogne, de l’insatisfaction, peut-être. Il y a un adage qui dit: « Qui ne se retrouve pas au parlement se retrouve dans la rue ». 

«On ne parle pas de révolution ici, mais ça veut dire qu’on n’entend pas au parlement ces débats-là. On ne les fait pas aux bons endroits, (…) ce n’est pas idéal», a ajouté M. Marchand.

Appui au 3e lien?

Bruno Marchand a tenu à féliciter la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault pour sa victoire éclatante — il a affirmé que les villes ne joueront pas le rôle de l’opposition.

«Si vous allez négocier avec votre banquier, puis vous rentrez avec l’idée d’être son opposition, ça se peut que vous ne ressortiez pas avec l’argent dont vous avez besoin», a-t-il fait valoir.

«Si on joue une joute d’opposition, je pense qu’on va retarder beaucoup de choses, ça va coûter beaucoup plus, parce que ça va prendre beaucoup plus de temps», a-t-il ajouté.

Il se réserve toutefois le droit de s’inscrire en faux contre le projet de troisième lien entre Québec et Lévis, qu’il n’a toujours pas approuvé officiellement, faute d’études.

À M. Legault qui estime avoir reçu «indirectement un appui fort au troisième lien», M. Marchand répond qu’il prend acte du résultat de l’élection, mais garde un postulat pour l’instant qui n’est «ni positif, ni négatif». 

Recherché: ministre avec du «chien»

Chose certaine, Bruno Marchand souhaite la nomination d’un ou d’une prochaine ministre responsable de la Capitale-Nationale qui aura du «chien» et la «capacité de collaborer».  

C’est Geneviève Guilbault qui occupait jusqu’à présent ces fonctions sous la CAQ, mais M. Legault pourrait cette fois être tenté d’y nommer un ministre issu de la Rive-Sud, ce à quoi Bruno Marchand se dit ouvert. 

«Le profil idéal, c’est quelqu’un qui a du chien, qui est capable d’abnégation, donc (qui fait primer) l’intérêt supérieur de la région, et à partir de là, on va faire des flammèches, on va faire un feu d’artifice», promet-il. 

Par ailleurs, M. Marchand a félicité les électeurs de la région de Québec d’être allés voter en masse lundi soir, et d’avoir «tiré le (taux de participation du) Québec vers le haut».