Plusieurs entreprises américaines annoncent des fermetures temporaires en Russie

LONDRES — McDonald’s, Starbucks, Coca-Cola, PepsiCo et General Electric — marques mondiales omniprésentes et symboles de la puissance des entreprises américaines — ont tous annoncé mardi qu’elles suspendaient temporairement leurs activités en Russie en réponse à l’invasion de l’Ukraine par ce pays.

Le mastodonte mondial de la restauration rapide McDonald’s a annoncé la fermeture temporaire de 850 restaurants en Russie.

Le géant a dit qu’il continuera à payer ses 62 000 employés en Russie. Mais dans une lettre ouverte envoyée à ses employés, le grand patron de McDonald’s, Chris Kempckinski, a dit que la fermeture des établissements est la bonne chose à faire, puisque la chaîne ne peut détourner le regard «des souffrances humaines inutiles en Ukraine».

McDonald’s est propriétaire de 84 % de ses restaurants en Russie. Des documents financiers récents révélaient que la Russie et l’Ukraine ont généré 9 % des revenus de la compagnie l’an dernier.

Coca-Cola a annoncé qu’elle suspendait ses activités en Russie, mais elle a fourni peu de détails. Le partenaire de Coke, Coca-Cola Hellenic Bottling, basé en Suisse, possède 10 usines d’embouteillage en Russie, qui est son plus grand marché. Coke détient une participation de 21 % dans Coca-Cola Hellenic Bottling.

La pression publique s’accentuait depuis plusieurs jours sur McDonald’s et Coca-Cola pour les amener à sévir contre Moscou.

Vendredi dernier, Starbucks avait déclaré qu’il reversait les bénéfices de ses 130 établissements russes — détenus et exploités par le franchisé basé au Koweït Alshaya Group — aux efforts d’aide humanitaire en Ukraine.

Mais mardi, l’entreprise a changé de cap et a annoncé qu’elle fermerait temporairement ces restaurants. Le groupe Alshaya continuera de payer les 2000 employés russes de Starbucks, a déclaré le président et chef de la direction de Starbucks, Kevin Johnson, dans une lettre ouverte aux employés.

PepsiCo et General Electric ont aussi tous deux annoncé des fermetures partielles de leurs activités russes.

La compagnie PepsiCo, basée à Purchase dans l’État de New York, a annoncé qu’elle suspendrait les ventes de boissons en Russie. Elle suspendra également tout investissement en capital et toute activité promotionnelle.

Mais l’entreprise a affirmé qu’elle continuerait à produire du lait, du lait maternisé et des aliments pour bébés, en partie pour continuer à soutenir ses 20 000 employés russes et les 40 000 travailleurs agricoles russes qui font partie de sa chaîne d’approvisionnement.

«Maintenant plus que jamais, nous devons rester fidèles à l’aspect humanitaire de notre entreprise», a soutenu le PDG de PepsiCo, Ramon Laguarta, dans un courriel aux employés.

General Electric a également mentionné sur Twitter qu’elle suspendait partiellement ses opérations en Russie. L’entreprise a spécifié qu’il y aurait deux exceptions: l’équipement médical essentiel et le soutien aux services alimentaires existants en Russie.

Yum Brands, la société mère des restaurants KFC et Pizza Hut, a indiqué mardi soir qu’elle prévoyait de fermer temporairement 70 restaurants KFC appartenant à l’entreprise en Russie. La compagnie a déclaré qu’elle était également en pourparlers avec un franchisé pour fermer les 50 restaurants Pizza Hut en Russie.

Elle avait annoncé lundi qu’elle reversait tous les bénéfices de ses 1050 points de vente en Russie à des efforts humanitaires. Elle a également suspendu le développement de nouveaux restaurants dans le pays.

Burger King a déclaré qu’elle redirigeait les bénéfices de ses 800 établissements russes vers les efforts de secours et qu’elle faisait don de 2 millions de dollars en bons alimentaires aux réfugiés ukrainiens.

De son côté, le conglomérat britannique de biens de consommation Unilever a annoncé mardi la suspension de toutes les importations et de toutes les exportations de ses produits vers ou depuis la Russie.

La compagnie a aussi fait savoir qu’elle ne procédera plus à de nouveaux investissements en Russie. Elle a qualifié l’invasion de l’Ukraine de «geste brutal et insensé par l’État russe».

Unilever est propriétaire de centaines de produits alimentaires et d’hygiène personnelle. La compagnie continuera à vendre les produits de base fabriqués en Russie aux consommateurs russes, mais elle a prévenu qu’elle garde un œil sur la situation.

Présentes depuis longtemps en sol russe

Certaines de ces entreprises opèrent depuis longtemps en Russie. PepsiCo est entrée sur le marché russe au début des années 1960, au plus fort de la guerre froide, et a contribué à créer un terrain d’entente entre les États-Unis et l’Union soviétique.

Plus tard, McDonald’s a été l’une des premières entreprises de restauration rapide américaines à ouvrir une succursale en Russie, signe que la guerre froide tirait à sa fin. Le 31 janvier 1990, des milliers de Russes ont fait la queue avant l’aube pour essayer des hamburgers — beaucoup pour la première fois — au premier McDonald’s de Moscou. À la fin de la journée, 30 000 repas avaient été enregistrés sur 27 caisses enregistreuses, un record pour l’entreprise le jour de l’ouverture.

Mais depuis l’invasion de l’Ukraine le mois dernier, de nombreuses entreprises ont cessé leurs activités en Russie en signe de protestation.

La pression a monté sur les entreprises restées dans le pays. Des mots-clés appelant au boycott de compagnies comme McDonald’s, Coca-Cola et PepsiCo ont rapidement émergé sur les réseaux sociaux.