L’Union européenne veut faire plus pour armer l’Ukraine

KYIV, Ukraine — Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu à Helsinki pour s’entretenir avec les premiers ministres de quatre pays nordiques mercredi, dans le cadre de ses efforts pour obtenir une plus grande puissance de feu pour les forces armées de son pays, alors qu’elles cherchent à déloger les troupes russes des régions occupées de l’Ukraine.

Les pays nordiques ― la Finlande, la Suède, la Norvège et le Danemark ― comptent parmi les plus fervents soutiens de Kyiv depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Avant la rencontre avec M. Zelensky dans la capitale finlandaise, les responsables des pays nordiques semblaient prêts à fournir une aide supplémentaire alors que la guerre entre dans son quinzième mois.

Les discussions ont eu lieu un jour après que des responsables américains eurent déclaré que Washington prévoyait d’envoyer à l’Ukraine une aide militaire supplémentaire d’environ 300 millions $ US, comprenant un nombre considérable de pièces d’artillerie, d’obusiers, de roquettes air-sol et de munitions.

Les armes seront toutes prélevées sur les stocks du Pentagone, afin qu’elles puissent être envoyées rapidement sur les lignes de front, selon les responsables qui ont parlé sous le couvert de l’anonymat parce que l’aide n’a pas encore été officiellement annoncée.

De son côté, l’Union européenne a annoncé de nouveaux projets visant à accélérer la production à grande échelle de munitions.

L’Ukraine est sur le point de lancer une contre-offensive au printemps, mais le pays a brûlé ses munitions à un rythme effréné, selon les analystes. Les alliés occidentaux ont fourni des munitions et le gouvernement de Kyiv leur a demandé d’en fournir beaucoup plus.

«Donnons d’abord, livrons d’abord ce dont l’Ukraine a besoin immédiatement. Car nous savons exactement ce qui se passe sur le terrain», a déclaré Thierry Breton, le commissaire européen chargé du marché intérieur.

Il souhaite utiliser au moins un milliard d’euros pour financer l’Acte de soutien à la production de munitions dans le but de fournir des munitions à l’Ukraine et de reconstituer les stocks dans les pays membres. Les fonds de l’UE fourniraient la moitié de la somme, le reste étant cofinancé par les États membres.

Les pays de l’Union européenne, bercés par des décennies de paix et de protection militaire de la part des États-Unis par l’intermédiaire de l’OTAN, ont largement sous-investi dans la production de munitions. Aujourd’hui, le bloc des 27 États membres souhaite produire des munitions à un rythme record, alors que la guerre se déroule à ses portes.

Selon M. Breton, l’UE dispose encore d’une base de production potentielle importante, en particulier dans l’est de l’Union, qui pourrait être mise à profit si elle faisait l’objet d’une action concertée.

Outre les engagements pris mercredi en vue d’accroître la production, l’UE a déjà financé la livraison de munitions à Kyiv à partir des stocks des États membres à hauteur d’un milliard d’euros et s’est engagée à ce titre à renforcer les achats conjoints.

Outre les munitions, les alliés et les pays partenaires de l’OTAN ont livré plus de 98 % des véhicules de combat promis à l’Ukraine lors de l’invasion et de la guerre par la Russie.

En plus de 1550 véhicules blindés, 230 chars et d’autres équipements, les alliés de l’Ukraine ont envoyé «d’énormes quantités de munitions» et ont également formé et équipé plus de neuf nouvelles brigades ukrainiennes, a déclaré la semaine dernière le secrétaire général de l’OTAN, M. Jens Stoltenberg.

M. Stoltenberg a indiqué que les 31 alliés de l’OTAN, dont la plupart des pays de l’UE, s’étaient engagés à renforcer l’armée ukrainienne, ajoutant que la reprise des territoires occupés par les forces du Kremlin donnerait à Kyiv une position de négociation plus forte en cas de pourparlers de paix.

Sur le terrain, la Russie a utilisé des drones de fabrication iranienne lors de sa troisième attaque contre la capitale ukrainienne en six jours.

Des explosions ont été entendues à Kyiv et ailleurs dans la nuit, les défenses aériennes ukrainiennes ayant abattu 21 des drones russes, selon le commandement de l’armée de l’air ukrainienne. Aucun dégât ni aucune victime n’ont été signalés.

Dans le même temps, un gigantesque incendie s’est déclaré dans un dépôt pétrolier russe, ont indiqué des responsables locaux mercredi.

Le dépôt a pris feu dans la région de Krasnodar, située à l’est de la péninsule de Crimée, selon le gouverneur de Krasnodar, Veniamin Kondratyev.

Il n’a pas précisé la cause de l’incendie, qui a été décrit comme extrêmement difficile à éteindre. Mais certains médias russes ont affirmé que l’incendie avait probablement été provoqué par une attaque de drone ukrainien au cours de la nuit. Aucun commentaire officiel n’a été fait sur cette possibilité.

Selon le site d’information russe Baza, les habitants de la région ont entendu une explosion peu avant le début de l’incendie.

Les analystes militaires pensent que l’Ukraine vise les lignes de ravitaillement à l’arrière de la Russie tout en se préparant à une éventuelle contre-offensive dans un contexte d’amélioration des conditions météorologiques et alors qu’elle reçoit de grandes quantités d’armes et de munitions de la part de ses alliés occidentaux.

Ces derniers jours, des explosions ont également fait dérailler un train de marchandises russe et touché un aérodrome russe. Le week-end dernier, un incendie massif a éclaté dans un dépôt de pétrole en Crimée après qu’il ait été touché par deux drones ukrainiens, a déclaré un responsable nommé par la Russie.

En prévision d’une contre-offensive ukrainienne, les forces russes s’efforcent de détruire les itinéraires logistiques et les centres des forces armées ukrainiennes par des frappes à longue portée, selon des responsables militaires de Kyiv.

Parmi les dernières victimes civiles ukrainiennes, trois personnes sont mortes et cinq ont été blessées lorsqu’un supermarché de la ville de Kherson, dans le sud de l’Ukraine, a été la cible de tirs mercredi.

Selon le ministère ukrainien de l’Intérieur, l’attaque contre le «seul hypermarché en activité à Kherson» s’est produite vers 11 heures, heure locale.

Le gouverneur de Kherson, Oleksandr Prokudin, a annoncé l’instauration d’un couvre-feu 24 heures sur 24 à Kherson, de vendredi 20 heures à lundi 6 heures.