Exécutions de prisonniers politiques au Myanmar: vaste réprobation internationale

BANGKOK — L’indignation internationale face à l’exécution par le Myanmar de quatre prisonniers politiques s’est intensifiée mardi avec la ferme condamnation des gouvernements mondiaux et des manifestations populaires.

Le gouvernement dirigé par l’armée qui a pris le pouvoir à la dirigeante élue Aung San Suu Kyi en février 2021 est soupçonné de milliers d’exécutions extrajudiciaires depuis lors, mais les pendaisons annoncées lundi étaient les premières exécutions officielles du pays depuis des décennies.

La ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, a écrit sur twitter que le Canada condamne les actes de violence répréhensibles du régime militaire du Myanmar, y compris les exécutions, contre les dirigeants pro-démocratie et de l’opposition. Elle a ajouté: ‘’nous continuerons à soutenir le peuple du Myanmar et à honorer la vie de ceux qui ont été injustement exécutés.’’ 

« Nous estimons qu’il s’agit d’un crime contre l’humanité », a pour sa part affirmé le ministre des Affaires étrangères de la Malaisie, Saifuddin Abdullah, s’exprimant aux côtés de l’envoyée spéciale de l’ONU pour le Myanmar Noeleen Heyzer lors d’une conférence de presse à Kuala Lumpur. Il a ajouté que les exécutions seraient au centre des prochaines réunions des ministres des Affaires étrangères de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), qui commenceront au Cambodge dans une semaine. Le Myanmar est membre de l’ANASE.

À Bangkok, des centaines de manifestants pro-démocratie ont manifesté devant l’ambassade voisine du Myanmar, agitant des drapeaux et scandant des slogans malgré une forte averse.

Parmi les quatre exécutés par le régime militaire du Myanmar figuraient Phyo Zeya Thaw, un ancien législateur de 41 ans du parti d’Aung San Suu Kyi, et Kyaw Min Yu, un militant pour la démocratie de 53 ans. Ils ont été jugés, reconnus coupables et condamnés par un tribunal militaire sans possibilité d’appel.

L’exécution des quatre militants a suscité des appels immédiats du monde entier pour un moratoire sur l’exécution de toute nouvelle peine et la condamnation de ce qui était largement considéré comme une décision politiquement motivée.

Le Myanmar a annoncé en juin qu’il allait reprendre l’exécution de prisonniers et compte 113 autres condamnés à mort, bien que 41 d’entre eux aient été condamnés par contumace. D’autre part, 2120 civils ont été tués par les forces de sécurité depuis le coup d’État militaire.

La ministre des Affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande, Nanaia Mahuta, a déclaré que les exécutions sont des actes barbares de la part du régime militaire que la Nouvelle-Zélande condamne dans les termes les plus forts possibles. Son homologue de l’Australie, Penny Wong, s’est dite consternée par les exécutions, rappelant que son pays s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances.