Deux humoristes intentent une poursuite pour discrimination à l’aéroport d’Atlanta

ATLANTA — Les humoristes américains Eric André et Clayton English contestent une initiative policière à l’aéroport d’Atlanta qui, selon eux, viole les droits constitutionnels des passagers, en particulier les Noirs, par le biais de profilage racial et de fouilles, tout juste avant l’embarquement.

Dans une plainte déposée mardi devant le tribunal fédéral d’Atlanta, les deux hommes allèguent qu’ils ont été victimes de profilage racial et illégalement interceptés par la police du comté de Clayton à l’aéroport international Hartsfield-Jackson d’Atlanta.

Les deux hommes, humoristes et comédiens bien connus, soutiennent que les agents les ont ciblés parce qu’ils sont noirs lors d’interpellations distinctes, à environ six mois d’intervalle, et qu’ils les ont interrogés devant tout le monde à propos de drogue.

En entrevue, Eric André soutient que les autres voyageurs le regardaient avec méfiance, alors qu’il n’avait rien fait de mal, et il qualifie l’expérience de «déshumanisante et de démoralisante».

Bien que l’objectif déclaré de l’initiative policière soit la lutte contre le trafic de drogue, les agents en trouvent rarement, selon la poursuite. Par contre, l’argent saisi dans les bagages constitue une manne pour les services de police, estiment les plaignants.

Les policiers du comté de Clayton et les enquêteurs du bureau du procureur du comté interceptent de manière sélective les passagers dans les étroites passerelles aéroportuaires qui mènent aux avions, indique la poursuite. Les agents vérifient les cartes d’embarquement et les pièces d’identité de certains passagers et les interrogent, fouillant parfois leurs bagages, indiquent les avocats des deux hommes dans la poursuite. 

Le Service de police qualifie ces interpellations de «rencontres consensuelles» et soutient qu’elles sont «aléatoires», mais les plaignants estiment qu’en réalité, elles «reposent sur la coercition et que les cibles sont sélectionnées de manière disproportionnée en fonction de leur race».

Le Service de police du comté de Clayton n’a pas immédiatement répondu mardi à un courriel sollicitant des commentaires.

La drogue et l’argent liquide

Les dossiers de la police montrent que du 30 août 2020 au 30 avril 2021, il y a eu 402 interpellations sur les passerelles d’embarquement, et la couleur de la peau du passager a été répertoriée pour 378 de ces interventions. Sur ces 378 passagers, 211, soit 56 %, étaient noirs, et les personnes de couleur représentaient 258 interpellations au total, soit 68 %, selon la poursuite. 

Ces 402 arrêts ont entraîné trois saisies de drogue signalées: environ 10 grammes de drogue d’un passager, 26 grammes de substances gélifiées présumées contenir du THC d’un autre, et six pilules sur ordonnance, mais sans ordonnance, d’un troisième, indique la poursuite. Deux des trois passagers ont été par la suite accusés. 

Par contre, ces 402 interpellations ont également rapporté plus d’un million de dollars en espèces et mandats saisis chez 25 passagers, indique-t-on. Tous sauf un ont été autorisés à poursuivre leur voyage, et deux seulement – ceux qui avaient aussi de la drogue – ont été accusés, selon les plaignants. Huit des 25 personnes ont contesté les saisies, et la police du comté de Clayton a réglé chaque cas, restituant une grande partie de l’argent saisi, indique la poursuite.

Transporter de grandes quantités d’argent ne signifie pas qu’on est impliqué dans des activités illégales liées à la drogue, soutiennent les avocats, notant que les personnes de couleur sont moins susceptibles d’avoir des comptes bancaires et sont donc plus susceptibles de transporter de grosses sommes d’argent lorsqu’elles voyagent.

La poursuite vise le comté de Clayton et le chef de la police, ainsi que quatre policiers et un enquêteur du bureau du procureur de district. On allègue des violations des droits constitutionnels qui protègent contre la discrimination raciale et contre les saisies et fouilles abusives. 

Les deux comédiens demandent un procès devant jury et réclament que l’initiative de la police du comté de Clayton soit déclarée inconstitutionnelle. Ils réclament également des dommages-intérêts compensatoires et punitifs.