Un chef cuisinier international à Louiseville

COMMUNAUTÉ. À quelques mois du début des qualifications régionales, provinciales et nationales pour sélectionner les chefs représentant le ­Canada à la ­Coupe du monde culinaire organisée en ­Luxembourg en 2026, le chef ­Luc ­Denis demeure indécis concernant sa participation à cette grande compétition internationale.

Ce ­rendez-vous est considéré comme un apéritif avant la prochaine olympique culinaire, en 2028 en ­Allemagne. Cette compétition internationale d’art culinaire est la plus ancienne et importante au monde. Lors de la précédente édition, organisée en février dernier en ­Allemagne, M. Denis faisait partie des quatre chefs représentant «  Équipe ­Canada  ».

«  ­Si je ne participe pas en 2026, je veux y aller pour accompagner les juniors ou les seniors, mais je ne sais pas si je vais essayer d’être plus comme un backup pour l’équipe junior. Quand tu vas à la ­Coupe du monde, c’est là que tu vois ceux qui se classent bien et qui vont être probablement forts à l’Olympique, car la plupart qui sont allés à la ­Coupe du monde veulent gagner aux ­Olympiques  », précise ­Luc ­Denis.

Luc ­Denis est un chef exécutif qui est, dans le jargon professionnel, un gestionnaire dont la fonction est de planifier, organiser et diriger toutes les activités d’une cuisine. Il travaille notamment dans des établissements d’hébergement touristique.

«  ­Tu développes beaucoup de choses à force de participer à des compétitions, de voir les assiettes des autres, mais c’est sûr qu’il y a beaucoup de stress pendant ces moments  », ­convient-il.

En effet, lors de dernière édition, il y avait 8000 professionnels sur place, avec 30 équipes nationales (seniors) et 15 équipes juniors.

«  ­Les juniors sont comme les ­Olympiades de formation professionnelle. Le niveau de difficulté de ce concours est très serré jusqu’à la fin, et ce sont des petits détails qui font toute la différence. Ça n’a rien à voir avec les émissions de cuisine qu’on voit à la télévision  », explique le chef cuisinier.

Seul dans sa cuisine

À 66 ans, ­Luc ­Denis indique que ces expériences internationales étaient dures moralement, surtout qu’il devait s’arranger presque tout seul pendant ces participations.

«  J’ai ramené tout le matériel nécessaire, littéralement tout, incluant la viande que j’ai cuisinée. Tu ne peux pas arriver ­là-bas et dire que tu vas préparer un filet de caribou farci au foie gras, puis que finalement il n’y a pas de caribou en ­Allemagne ou en ­Luxembourg  », ­raconte-t-il en souriant.

«  ­Les préparations d’­avant-compétition sont lourdes. Ne pas savoir si ton matériel va arriver en bon état ou pas, les douanes, la langue… C’est tout un stress avec les réservations, les agences de voyages. En plus, ça coûte cher de participer à tels événements  », ajoute M. Denis.

Les enjeux monétaires et administratifs ne sont pas les mêmes pour tous les participants. Les pays scandinaves, par exemple, supportent mieux leurs candidats.

«  ­Les chefs norvégiens ont reçu beaucoup d’aide de la part de leur pays, ce qui n’est pas le cas ici au ­Canada  », selon le chef québécois.

«  ­Il faut que tu fasses ton propre budget, car on n’a pas de subvention à l’exception de dons de députés fédéral et provincial et un peu d’aide du ministère du ­Tourisme. Le reste, c’est à tes frais ; l’avion, l’hôtel et il faut que tu payes ton inscription aussi  », ajoute M. Denis.

De la ­Capitale-Nationale à ­Louiseville

Natif de ­Portneuf, ­Luc ­Denis a commencé à cuisiner avec un de ses frères dans le restaurant d’un hôtel de la région, avant de tracer son chemin dans le monde culinaire.

«  ­Ensuite, je me suis rendu à ­Québec où j’ai travaillé dans un restaurant A&W. Un jour, ­Jean-Claude ­Crouzet, qui était chef exécutif de l’Hôtel des ­Gouverneurs, m’a proposé de joindre son équipe. Après ça, j’ai été chef exécutif à l’établissement hôtelier du ­Manoir ­St-Castin au ­Lac-Beauport  », ­mentionne-t-il.

Luc ­Denis s’est installé à ­Louiseville en 2011, où il voulait rester proche de sa famille tout en continuant ses projets culinaires. «  ­Ma sœur restait dans le rang du fleuve, à ­Saint-Barthélemy. Mon frère aussi restait dans le coin. Les deux avaient acheté des chalets, tandis que moi, je suis venu ici pour enseigner à l’école L’Escale, dans un programme dédié aux décrocheurs. Aussi, j’ai aidé à ouvrir le restaurant ­Le 41, que j’ai quitté avant sa fermeture  », ­indique-t-il.

Luc ­Denis est un membre de l’Association mondiale ­Worldchefs dédiée au maintien et à l’amélioration des standards culinaires des cuisines mondiales. La ­Fédération culinaire canadienne est une des membres de cet organisme regroupant des millions de chefs dans le monde entier.

«  J’ai participé aux ­Olympiques de 1996 à ­Berlin. Je me souviens que des enfants ramenaient des morceaux de pierres et essayaient de nous les vendre en tant que pierres originales du mur de ­Berlin  », ­raconte-t-il avec un petit sourire.

Cette première participation venait dans la foulée de plusieurs compétitions gagnées, au niveau provincial et régional, pendant la fin des années 1980 et le début des années1990.

«  ­En 1994, j’ai remporté presque toutes les catégories dans lesquelles j’ai participé. C’était une grande distinction, c’était vraiment magnifique  », ­conclut-il fièrement.