Soutenir, écouter, référer : le quotidien d’un travailleur de rue
LOUISEVILLE. Michael Viennot-Perron est travailleur de rue au sein de l’organisme Travail de rue communautaire de la MRC de Maskinongé (TrueC), à Louiseville. Souvent incognito, il est omniprésent dans les lieux susceptibles de rencontrer sa clientèle ; les personnes éprouvant diverses difficultés et ayant besoin de soutien, de référence et d’écoute.
« On touche à tous les problématiques de la vie de tous les jours ; la toxicomanie, la prostitution, la santé mentale, etc. On travaille avec des enfants, des ados, des adultes et des personnes âgées », évoque-t-il en décrivant la mission de son organisme.
Selon M. Viennot-Perron, la nature de son travail suit la vague des défis que les gens peuvent affronter. « En automne, le taux de suicide est pas mal élevé, on essaie de demeurer attentifs aux signaux de la dépression saisonnière. Alors qu’après le temps des Fêtes, certaines personnes ont des problèmes financiers les empêchant de rembourser les cartes de crédits, par exemple ».
C’est difficile de parler d’une journée typique pour un travailleur de rue. Le cas de Michael ne fait pas l’exception, mais il se distingue par ses interventions dans lesquelles il laisse les gens faire le premier pas.
« Je me rends dans la rue pour occuper les lieux que les gens fréquentent, raconte-t-il. Je peux être dans des parcs, des commerces ou des bars. On ne va pas directement voir les gens, car ce n’est pas notre façon de travailler, mais de bouche à oreille, les gens finissent par nous connaitre et venir nous aborder. Cela se passe tellement d’une façon naturelle, que ces rencontres n’ont pas l’air des interventions. »
M. Viennot-Perron précise que le TrueC offre un service complètement confidentiel. « La confidentialité est une valeur primordiale pour nous. On travaille dans des petits villages et ce n’est pas évident que les gens nous ouvrent leurs cœurs ».
Dans les rues depuis 2018
Michael Viennot-Perron travaille depuis environ sept ans à cet organisme d’entraide et d’accompagnement. Selon lui, la moyenne est généralement de trois ans, car c’est un travail épuisant physiquement et mentalement.
« Dans ma vie, j’ai vécu beaucoup de choses qui ressemblent aux défis de ma clientèle. Ces choses sont beaucoup moins lourdes à porter quand tu les utilises comme outils. C’est comme si toutes mes expériences personnelles serviraient aux autres. C’est une vocation pour moi », se livre-t-il.
« Tu es en évolution permanente, car tu te retrouves face à des situations qui risquent de te toucher personnellement. Tu n’as pas le choix de t’adapter aux réalités des gens et il faut que tu sois capable d’affronter ces défis », mentionne M. Viennot-Perron.
Il souligne aussi l’importance de l’encadrement pour offrir le meilleur service possible. En ce qui concerne ce point, il peut compter sur l’expertise de Patrice Duhaime, directeur général et co-fondateur de l’organisme fondé en 1998.
« On est comme un médecin généraliste ; on rencontre les gens et on les réfère aux organismes les mieux outillés pour les aider », ajoute Michael Viennot-Perron.
Former la relève
Même s’il admet que c’est difficile pour lui de gérer le côté bureaucratique de son travail, M. Viennot-Perron s’apprête à devenir formateur afin de préparer la nouvelle génération de travailleurs de rue à faire face aux nouvelles réalités.
« Faire de la paperasse était toujours ma bête noire. Je suis une personne de rue, comme mon poste l’indique. Mais là en tant que formateur je n’ai pas bien le choix, j’ai déjà commencé à préparer les points forts de ma feuille de route. »
Michael est le seul travailleur de rue à temps plein à l’organisme TrueC. Quant aux deux autres membres de l’équipe, Patrice Duhaime et Jenny Lesieur-Houde, le premier occupe le poste de directeur depuis deux ans, tout en continuant à faire du travail de rue à temps partiel. Tandis que la deuxième porte la casquette d’agente administrative tout en faisant, elle aussi, des interventions sur le terrain à temps partiel.
Pour communiquer avec l’organisme TrueC, plusieurs numéros de téléphone sont disponibles sur leur site web. Quant au travailleur de rue Michael Viennot-Perron, il est joignable sur le 819 692‑6738.
« N’oubliez pas, on est là pour vous ! », conclut-il.