La victime se faisait appeler «docteur»

Le jeune homme qui a fait une embardée mortelle pour un Paulinois de 17 ans se trouvant à bord le vendredi 6 avril dernier a été reconnu non coupable de possession dans le but d’en faire le trafic. Par contre, la Couronne est parvenue à démontrer hors de tout doute raisonnable qu’il avait en sa possession des méthamphétamines et des amphétamines au moment de l’accident. Son procès avait lieu aujourd’hui au Tribunal de la jeunesse de Trois-Rivières.

L‘accusé qui a célébré ses 18 ans 15 jours après l’accident devra donc débourser 200$ en dons à un organisme de son choix. C’est la décision qu’a rendue le juge Jacques Rioux au terme d’un premier procès dans lequel la Couronne tentait de prouver que l’accusé possédait cette drogue dans le but d’en faire le trafic.

Le procès

La défense a déploré la perte de la jeune victime, mais a tenté de démontrer que c’est cette dernière qui était impliquée dans la vente de méthamphétamines et d’amphétamines, elle se faisait même appeler «docteur» par ses amis et sur Facebook. «Ce n’était pas parce qu’il faisait des études en médecine», a insinué son avocat, Me Bertrand Jacob, en parlant du jeune homme.

Peu après l’embardée fatale, survenue à St-Paulin, le sergent-enquêteur Jonathan Philie s’est rendu sur les lieux. À l’aide de sa lampe de poche, il a aperçu un sac contenant la drogue dans la portière du conducteur. Le sac n’étant pas accessible ce soir-là, vu la condition dans laquelle la Honda Civic se trouvait, ce n’est que plus tard que 16 comprimés ont été récupérés par les policiers.

L’enquêteur a rencontré le prévenu quelques heures après sa sortie de l’hôpital le 7 avril.

«Ça me déroutait de voir le climat aussi calme. L’accusé ne semblait pas réaliser que son copain allait peut-être mourir, c’était un climat serein», s’est étonné le Sgt Philie. Dans un interrogatoire qui a duré environ 5 heures, une question a particulièrement retenu l’attention de la poursuite. Le Sgt Philie avait demandé à l’accusé si la drogue lui appartenait.

«Toutes les drogues étaient à la victime. Il les vendait 5$ ou 3$, mais à moi c’était 2,50$», pouvait-on lire dans une déclaration signée par le prévenu. Lors de son témoignage, le jeune homme a confié qu’il avait placé le sac dans sa portière à la demande de celle-ci pour ne pas que les passagères, chez qui ils se rendaient, les aperçoivent.

La procureure de la Couronne, Catherine Lemay, a fait état de messages entrants douteux, se trouvant dans le téléphone intelligent de l’accusé. La défense a par contre semé un doute raisonnable dans sa version, selon laquelle la victime se servait du téléphone de son ami pour effectuer des transactions, puisque le sien était momentanément défectueux. Cette version affirmée par l’accusé a d‘ailleurs été corroborée par un témoin.

Un débat d’experts?

Aussi accusé de conduite dangereuse ayant causé la mort dans cette affaire, le prévenu reviendra devant la cour le 11 décembre prochain. Une journée complète a été monopolisée au calendrier du tribunal pour que des experts fassent entendre leurs observations. Tout indique que la défense va plaider un défaut mécanique pour expliquer l’origine de l’accident.