Une incursion dans un Louiseville malfamé
«La danse de l’ours»
LITTÉRATURE. Originaire de Louiseville, Patrice Lessard renoue avec son village natal le temps d’y camper son plus récent roman noir intitulé La danse de l’ours. Il y entraîne les lecteurs sur les berges marécageuses du lac Saint-Pierre, dans un Louiseville sombre et malfamé, où un braquage se prépare. Quand Dave et Blanche débarquent chez Patrick avec leur plan débile, soit de braquer le Flamingo durant le Festival de la Galette, ça fait deux ans que ce dernier ne leur avait pas adressé la parole. Il était hors de question d’embarquer dans ce coup foireux pour un butin si dérisoire, mais Blanche a besoin de lui, encore. Et il y est sensible. Toutefois, il suspecte ses deux camarades de lui jouer dans le dos. La paranoïa s’empare de lui. «L’un des objectifs de la collection «Noir» des éditions Héliotrope, c’est d’amener le style des auteurs dans les polars. Les éditrices voulaient des auteurs qui ont fait autre chose pour qu’on importe notre particularité. Dans tous mes romans, il y a des éléments d’enquête. J’essaie d’incorporer ce côté page turner typique aux polars dans mes romans. J’aime que le lecteur sente qu’il fait partie de l’enquête», explique Patrice Lessard. Au-delà de la planification du cambriolage et de l’étau qui se resserre autour de Patrick, le véritable sujet du roman réside en la relation entre les trois personnages, trois criminels à la petite semaine et dont deux d’entre eux sont des Magouas, soutient le Louisevillois d’origine. «Je trouvais approprié de camper un roman à Louiseville, où il y a la fameuse question des Magouas, indique-t-il. Ailleurs qu’en Mauricie, on ne sait pas ce qu’est un Magoua. C’est un terme qui est souvent utilisé de manière péjorative. Je suis tombé, un jour, sur une page web concernant la langue magouaise. Je me suis beaucoup informé là-dessus.» Le terme Magoua désignait une personne ayant des origines algonquiennes et provenant du Petit Village. Le mot dérivera de l’algonquin makwa qui signifie «ours». «Les Magouas ont été ostracisés. Un ami me racontait qu’à l’époque de sa grand-mère, les Magouas devaient s’assoir dans le fond de l’autobus. Je suis devenu proche de certains membres de la communauté. Cette histoire d’ostracisation revenait souvent», ajoute-t-il. Sa mère habitant encore à Louiseville, Patrice Lessard a pu revisiter certains coins de la ville, redécouvrant du même coup son patelin natal. D’ailleurs, sa mère travaillait au Flamingo dans sa jeunesse. «Il y a de petits clins d’œil que les gens du coin comprendront», fait remarquer l’auteur. Exercice de style Sur le plan de l’écriture, l’écrivain s’était aussi lancé un défi: faire cohabiter de façon harmonieuse le niveau de langage des dialogues des personnages, qui ne sont pas littéraires, à une narration plus littéraire au passé simple. «C’était un défi stylistique de faire cohabiter ces deux niveaux de langage. Ça fait partie de mes petits fantasmes d’artistes (rires). J’ai mis beaucoup d’énergie sur cet aspect du roman», confie-t-il. Le roman La danse de l’ours est disponible en librairie.