Quand l’on retient le sourire

Mai 2016. Le clown humanitaire Guillaume Vermette sortait d’un camp de réfugiés syriens en Grèce. Ce voyage humanitaire, pourtant pas le premier, a été particulièrement marquant pour le Trifluvien. C’est à ce moment qu’il a décidé d’écrire un livre. Ce livre, intitulé Un sourire à la fois, récits d’un clown humanitaire vient d’être publié aux Éditions La Galère.

Dans ce livre, le lecteur prend place dans le sac à dos de Guillaume Vermette pour découvrir plus en profondeurs les réalités souvent difficiles avec lesquelles il travaille lors de ses voyages humanitaires. Au-delà des moments marquants qu’on y découvre, le livre coloré présente une collection d’êtres humains qui ont particulièrement marqué son parcours et sa vie en général.

« J’essaie vraiment de faire entrer le lecteur dans mes souvenirs, mon sac à dos et mon cœur, tout en restant fidèle au Guillaume de l’époque qui vivait ces voyages humanitaires. J’ai voulu être authentique à la personne que j’étais en 2012, 2015 ou 2016 par exemple, jusqu’à mes opinions de l’époque. Elles ont évolué depuis, tout comme ma compréhension des enjeux humanitaires. Je remets en doute plein de choses au passage », explique-t-il.

Les premiers chapitres nous transportent dans les orphelinats russes, ses premières expériences de voyage international comme clown humanitaire auprès de Patch Adams. Le livre Un sourire à la fois, récits d’un clown humanitaire fait aussi une grande place aux camps de réfugiés syriens, ainsi qu’à la place médiatique.

« Je ne sais pas à quel point ça va transparaître pour le lecture, mais il y a vraiment eu un clash dans ma vie qui s’est fait lors du voyage dans les camps de réfugiés en Grèce. Il y a un peu de naïveté qui est partie lors de ce voyage humanitaire. J’ai réalisé jusqu’où l’être humain pouvait se rendre, confie-t-il. Quand j’écrivais le livre, sur le coup, il y avait quelque chose d’un peu naïf, voire de prétentieux, du devoir de partager ce que j’ai vu, comme si je m’investissais d’une mission. Mais non, j’avais juste quelque chose à digérer. Ce que j’ai vécu dans ces camps, ça m’a obligé à arrêter et à voyager au centre de moi-même cette fois et me question sur ce que j’avais vécu. »

Mais à travers la situation difficile dans les camps de réfugiés et les orphelinats ainsi que les tragédies de la guerre qui y sont relatées, ce que l’on retiendra de ces récits, c’est le sourire. Le sourire qui se matérialisera sur les visages des enfants et des réfugiés, mais aussi le sourire du clown lui-même.

« Je pense que le livre se concentre sur le positif, à travers les tragédies, et j’y reste vrai. Le sourire, c’est aussi une démarche de bienveillance que j’essaie d’appliquer dans ma vie et dans mon métier. Il faut commencer à être bienveillant avec soi-même. Ça en parle aussi. »

« Au final, les mots du livre sont sortis comme il fallait qu’ils sortent. Mais j’espère que ça pourra donner envie à des personnes de faire preuve de bienveillance ou de les valider un peu plus dans cette démarche. Faire preuve de bienveillance envers eux-mêmes d’abord, puis envers les autres parce qu’être gentil avec les autres, c’est le fun. Pour rendre heureux. L’être humain s’épanouit dans le sourire et dans le lien qu’il crée avec les autres humains. Essayer de faire sourire d’autres gens, c’est un jeu », souligne le clown humanitaire.

Les profits de vente du livre revenant normalement à l’éditeur et à l’auteur seront entièrement remis à la Caravane Philanthrope, un collectif d’artistes humanitaires impliqués dans la société et habités par le désir de changer le monde un sourire à la fois.

D’ailleurs, le lancement du livre le 28 avril coïncidait aussi avec la relance des projets internationaux de la Caravane Philanthrope. Ils seront cinq clowns et artistes humanitaires à prendre la direction des camps de réfugiés au Mexique dans quelques jours.

« Le timing était là. Je m’attendais à y travailler davantage avec des réfugiés vénézuéliens, alors que se vit au Venezuela l’une des pires crises humanitaires en Amérique. Cependant, on y retrouve aussi beaucoup de réfugiés ukrainiens en ce moment. Ils sont coincés à la frontière dans des dizaines de camps de réfugiés », précise Guillaume Vermette, fondateur de la Caravane Philanthrope.

« La pandémie nous a donné deux ans de pause pour remettre en question nos façons de faire et décider sur les façons dont on veut faire de l’humanitaire. On a choisi de le faire de façon plus durable et responsable. On veut être plus local, c’est-à-dire se concentrer sur l’Amérique. Il y a des camps proches de chez nous et on l’ignore. Il y a pourtant des conditions inhumaines qui n’ont pas de bon sens dans ces camps aussi. Pourquoi aller au bout du monde quand il y a des besoins plus près de chez nous, comme au Mexique », conclut-il.

Le livre Un sourire à la fois, récits d’un clown humanitaire est en vente dans les librairies et sur le site Internet de la Coopérative Les Affranchis.