Nathalie Viau: une enseignante qui propage son amour pour la musique

LOUISEVILLE. Depuis son passage à l’émission La Voix, Nathalie Viau passe difficilement inaperçue dans son milieu. Les gens l’arrêtent dans la rue, au café du coin ou à l’épicerie pour la féliciter de sa performance lors de son audition à l’aveugle, mais également pour son plaidoyer sur la nécessité de maintenir des cours de musique au primaire.

La Louisevilloise a choisi d’interpréter I Lost My Baby, de Jean Leloup, dans une version originale et adaptée. Même si aucun des quatre juges ne s’est retourné à l’écoute de la chanson, Nathalie Viau ne retient que du positif de cette aventure. «C’était vraiment cool. C’était quelque chose d’intense. Je suis très fière de moi. Je n’aurais pas pu faire mieux et j’en ai profité au maximum. J’ai vécu ce beau moment-là avec ma famille, mais aussi avec mes élèves», explique-t-elle.

Cette tribune que très peu de gens ont la chance d’avoir lui a permis de démontrer son talent et du même coup de sensibiliser le public sur l’importance de la musique dans les écoles de la province. «Je me suis servie de cette expérience pour brasser un peu le Québec pour ne pas qu’on n’abandonne le programme de musique au primaire, ni au secondaire. C’est trop important. J’y tiens et j’y crois. La musique sauve des vies», précise celle qui espère que son message soit entendu par le ministre de l’Éducation.

Pour la cause

La chanteuse et enseignante en musique à l’école Belle-Vallée a pu compter sur le support d’une quarantaine d’élèves de 5e et 6e année qui avaient fait le trajet pour l’accompagner dans ce défi. Ces élèves n’ont plus qu’une heure de musique tous les dix jours. «C’était la troisième fois que je tentais ma chance et c’était la dernière. Je suis consciente de mon âge. Cette fois, j’ai décidé d’y aller surtout pour la cause», avoue Mme Viau.

Tout en reconnaissant le talent de la candidate, les juges n’ont pas manqué l’occasion de souligner à quel point la musique est importante dans la société. Ce moment a même pris une tournure un peu plus spectaculaire quand Pierre Lapointe a appris que l’enseignante avait sacrifié une partie de son salaire pour conserver des cours de musique dans les quatre écoles où elle enseigne, soit à Maskinongé (2), Sainte-Ursule et Saint-Justin.

En entrevue avec l’Écho de Maskinongé, Nathalie Viau a tenu à nuancer cette information. «En fait, je suis payée pour la tâche que j’ai et ça correspond à 56 % d’une tâche pleine en musique. Personne ne veut ça. Si je ne prenais pas ça, la musique était tassée. Comme je ne pouvais pas accepter que mes élèves n’aient plus de musique, j’ai accepté une tâche moindre», raconte-t-elle.

L’enseignante tente de transmettre sa passion du mieux qu’elle le peut, mais les conditions dans lesquelles elle évolue sont loin d’être idéales. Les leçons de musique sont données dans des locaux partagés ou non adaptés et les budgets sont très restreints pour l’achat d’instruments. «Je fais mon possible avec ce que j’ai. Moi et mon conjoint avons réussi à sauver des xylophones brisés en les réparant. Je dois aussi transporter les instruments d’une école à l’autre pour m’assurer que chaque élève puisse jouer sur un instrument. J’ai à cœur la musique et je veux que mes élèves puissent aimer ça autant que moi. Une chance aussi que les autres enseignantes de mes écoles sont conscientes de la valeur qu’a la musique. Ça rend les choses plus faciles», rapporte-t-elle.

Nathalie Viau, candidate à l’émission La Voix et enseignante en musique à l’école Belle-Vallée. Photo Pier-Olivier Gagnon

Nathalie Viau ne se gêne pas pour dénoncer cette décision du gouvernement d’éliminer les cours de musique de la grille horaire. «Un mot d’ordre a été donné aux directions d’école d’enlever les cours de musique parce que les instruments sont trop dispendieux et parce que ça prend des locaux adaptés et insonorisés. C’est vraiment une question d’argent! C’est épouvantable. Si on n’a pas des directions qui ont à cœur la musique, c’est complètement mis de côté», se désole-t-elle.

L’enseignante juge pourtant que la musique occupe une place importante dans le cheminement des élèves. «J’apprends à mes élèves la base en musique. Dès qu’ils ont un instrument devant eux, ils sont ailleurs et ils sont heureux! J’essaie de faire ressortir du lot les élèves qui font aussi de la musique à la maison. Bien souvent ce sont des élèves qui ont de la difficulté à réussir académiquement. Quand on a des concerts, je vais les chercher et je leur dis que c’est leur moment à eux. Et ça parait que la musique a un impact sur leur estime de soi! Ces enfants qui ne réussissent pas au niveau académique réussissent dans d’autres sphères et c’est ça qui faut retenir», croit Nathalie Viau.

La musique a, pour elle-même, aussi été très bénéfique dans sa vie. «J’ai eu à passer à travers une dure épreuve dans le passé. J’ai été très malade et c’est la musique qui m’a permis de m’en sortir», confie-t-elle.

Carrière

Nathalie Viau œuvre dans le monde artistique depuis plus d’une trentaine d’années. Elle s’est notamment fait connaître avec le groupe Quorum. Elle poursuit maintenant sa carrière en demeurant à l’écoute des opportunités qui se présenteront sur son chemin. «J’aimerais vraiment avoir de beaux contrats qui me permettraient d’arrêter de chanter dans les bars pour 100 $. Je suis bien chanceuse d’avoir ça, mais j’aimerais franchir une autre étape», répond la Louisevilloise.

Parmi ses autres souhaits, elle aimerait se joindre à deux musiciens expérimentés avec qui elle pourrait présenter des spectacles en formule trio tout en maintenant sa présence dans le milieu de l’enseignement. «Dans un monde idéal, j’aimerais faire de la musique et enseigner que la musique à mes élèves de Belle-Vallée, car je les aime d’amour. Malgré les difficultés, je pense que c’est possible», laisse tomber la chanteuse.

Nathalie Viau participera en tant que juge à la finale de Secondaire en spectacle à l’école secondaire l’Escale de Louiseville ce mercredi soir.

Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon