«Joé Juneau a changé tellement de vies!» -Luc Gélinas
LITTÉRATURE. Après avoir écrit les séries C’est la faute à… et L’étonnante saison des Pumas, en plus des biographies La LNH, un rêve possible, le Bonifacien d’origine et journaliste à RDS Luc Gélinas revient à la charge avec sa plume avec Angut. L’ouvrage relate le périple de l’ancien joueur de la LNH Joé Juneau qui a développé un programme de hockey dans le Nord-du-Québec, au Nunavik.
Angut, c’est l’histoire romancée de Aqikki Angnatuk, Gary Joe de son vrai nom, âgé de 10 ans et passionné de hockey qui rêve de faire comme son idole Jordin Tootoo: accéder à la LNH. C’est lorsque Joé Juneau débarque au Nunavik en 2006 que le rêve d’Aqikki devient une possibilité pour le jeune Inuit.
Le roman relate également comment Joé Juneau a vécu son périple de plusieurs années au Nord avec les relations qu’il a pu avoir avec ce peuple des Premières Nations.
Luc Gélinas se considère comme un privilégié avec les offres qu’il peut recevoir à la suite de l’écriture de ses premières séries. ” J’ai eu plein de projets qui m’ont été proposés depuis 7-8 ans. Et vers la fin de la pandémie, j’ai reçu un appel pour la biographie de Joé Juneau. Quand Joé a entendu mon nom, il a accepté avec moi. Dès notre première rencontre, Joé était d’accord pour raconter ce qu’il avait vécu au Nunavik, mais il voulait que ce soit sous la forme d’un roman. Comme il y avait beaucoup de jeunes impliqués dans son hockey mineur, Joé voulait surtout raconter la réalité du peuple inuit qui vit une réalité complètement différente de la nôtre, des gens privilégiés du sud. “
C’est la résilience, l’esprit de combat et la joie de ce peuple qui est aussi raconté dans le roman. ” Joé a tellement changé de vie là-bas. Mais il ne voulait pas se mettre en avant-plan. On se rencontrait pratiquement en cachette, Joé et moi, dans un condo à Québec pour qu’il me raconte son histoire. Et le nom d’un jeune revenait souvent, c’était Gary Joe. J’ai rencontré Gary Joe et j’ai passé un bon bout de temps avec lui. Ça devient le destin de Gary Joe et de Joé Juneau. Mais la vie de Gary Joe, c’est aussi celle d’un paquet de jeunes Inuits. “
Gélinas relate comment il a fait erreur dès le départ en écrivant le roman à la première personne. ” J’étais en amour avec Gary Joe, et j’écrivais comme si j’étais lui. Mais je n’avançais pas. Je me suis rendu compte que ça ne pouvait pas fonctionner parce que je ne suis pas Inuit. Je m’appropriais quelque chose qui ne m’appartenait pas. J’ai mis ça à la corbeille et j’ai recommencé en étant le narrateur externe. “
Au terme de l’écriture, l’entièreté du roman a été revue par la femme de Gary Joe, Liliane, une métisse qui parle français, anglais, et inuktitut. ” On voulait s’assurer des bons mots et des expressions, en plus de la géographie et tout. C’était important pour Joé et moi. Même pour la photo couverture, c’est un photographe au Nunavik que nous avons engagé. Je la trouve super belle la couverture. On a fait le maximum pour impliquer les gens là-bas. “
Qu’est-ce qui a le plus marqué l’auteur pendant le processus? ” C’est à quel point Joé a changé des vies! Mais aussi, il n’a pas pu sauver tout le monde. Quand on passait du temps ensemble, il n’y a pas une fois que Joé n’a pas reçu un message d’un papa, d’une maman, d’un jeune qui venait de voir un souvenir Facebook et qui prenait la peine de lui écrire merci pour ce qu’il a fait. C’est fou comment il a eu un impact sur les jeunes et comment il a pu leur donner espoir. “
L’image est frappante au Nord, chaque jeune a un bâton de hockey dans les mains. ” Ça a frappé Joé quand il est arrivé là-bas. C’était important pour lui dans son programme de hockey d’inclure l’école pour la discipline. C’est un peu pour ça aussi que son programme a pris fin. Certaines personnes importantes n’ont pas aimé qu’un blanc du sud arrive avec ses règles pour que les jeunes jouent au hockey. Ce n’est pas un livre de vengeance, mais c’était important d’aborder aussi cet aspect. “
Pour le journaliste et auteur, c’était un privilège parce qu’il n’y a pas beaucoup d’ouvrages qui relate la vie au Nunavik. ” Le hockey, c’est le fil conducteur. J’espère que la réception du peuple inuit sera bonne. Ça a été un projet captivant, mais long parce que c’était important de demeurer près de la réalité même si c’est un roman. “
Le roman Angut est disponible en librairie depuis le 25 septembre dernier sous les éditions Hurtubise.
