Une nouvelle étude mesure les liens entre la santé mentale, la délinquance juvénile et les comportements criminels
L’hyperactivité, la dépression et les pratiques parentales dures sont liées à l’agressivité et à la délinquance contre les biens chez les jeunes.
Source CNW Telbec/ – Selon une nouvelle étude de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), les facteurs liés à la santé mentale, comme l’estime de soi ou la capacité à gérer le stress, sont liés à la délinquance ou à l’activité criminelle chez les jeunes Canadiens. Les jeunes de 12 et 13 ans qui déclaraient de l’hyperactivité et de la dépression étaient plus susceptibles de déclarer des niveaux élevés de comportement agressif, ainsi que des niveaux élevés de délits contre les biens. Par contre, de nouvelles analyses démontrent que les jeunes de 12 à 15 ans qui ont une haute estime de soi et beaucoup de motivation personnelle et qui gèrent bien le stress sont plus susceptibles de déclarer n’avoir jamais eu de comportement agressif.
L’étude, intitulée Améliorer la santé des Canadiens : Santé mentale, délinquance et activité criminelle, présente de nouvelles analyses fondées sur les dernières recherches, enquêtes et initiatives stratégiques au Canada en matière de santé mentale et de comportement criminel chez les jeunes et les adultes. "Pour comprendre la relation qui existe entre la santé mentale, la maladie mentale, la délinquance et l’activité criminelle, il faut d’abord prendre en compte les facteurs de risque et de protection", explique Jean Harvey, directrice de l’Initiative sur la santé de la population canadienne (ISPC), une section de l’ICIS. "Une fois cette compréhension acquise, nous serons mieux en mesure de définir quelles interventions et quelles politiques pourraient être efficaces pour favoriser la santé mentale, prévenir la criminalité et réduire le risque de récidive chez les personnes atteintes d’une maladie mentale."
Les pratiques parentales et les facteurs associés à l’école et à la collectivité sont également liés à la délinquance et à l’agressivité.
Les pratiques parentales positives peuvent protéger les jeunes de la toxicomanie, de la délinquance et des comportements violents. Une étude antérieure de l’ICIS a révélé que les jeunes de 12 à 15 ans bénéficiant d’un haut degré de nurturance parentale étaient moins portés à fréquenter des pairs ayant un comportement criminel. De même, selon de nouvelles analyses de l’ICIS, 21 % des jeunes ayant confié que leurs parents criaient ou menaçaient souvent de les frapper déclaraient être souvent agressifs, comparativement à 10 % de l’ensemble des jeunes. Dans le même ordre d’idées, d’autres recherches montrent que les pratiques parentales sévères et le manque de nurturance parentale sont associés à un plus grand nombre de délits contre les biens; un manque de surveillance parentale a été associé à une délinquance générale. À l’échelle de l’école et de la collectivité, le sentiment d’avoir un rapport positif avec son école et la société est lié à une réduction du risque de délinquance. Par contre, le sentiment d’exclusion et d’isolement peut mener à des comportements criminels ou délinquants.
Par exemple : – 65 % des jeunes ayant déclaré être très engagés dans leur école ne
faisaient état d’aucune agressivité, comparativement à 47 % de ceux qui n’étaient pas aussi engagés; 66 % des jeunes qui affirmaient aimer l’école ne déclaraient aucune agressivité, par rapport à 47 % de ceux qui disaient ne pas trop aimer l’école. – À l’échelle de la collectivité, les facteurs de risque de la
délinquance et des comportements violents incluent le fait d’habiter
dans un quartier où la migration est forte et où les taux de crimes
violents sont élevés, et des sentiments de désespoir.
Plus d’un patient sur quatre hospitalisé en raison d’une maladie mentale a des antécédents de comportement criminel
Près de 10 % des plus de 30 000 patients admis à l’hôpital en raison d’une maladie mentale en Ontario en 2006-2007 ont été impliqués dans une activité criminelle ou accusés d’une telle activité. De ce nombre, plus d’un patient sur quatre (28 %) a dit avoir eu des démêlés avec la police pour avoir participé à une activité criminelle. "La maladie mentale touche de nombreux Canadiens de divers groupes de population, et la plupart d’entre eux n’ont pas de démêlés avec le système de justice pénale", affirme Elizabeth Votta, chef de section de l’ISPC. "Cependant, les chiffres démontrent que les jeunes et les adultes chez qui on a diagnostiqué une maladie mentale sont surreprésentés dans les établissements correctionnels au Canada."
Comparativement aux patients sans antécédents criminels, les patients ayant des antécédents criminels ont déclaré significativement plus de facteurs de risque avant leur admission à l’hôpital. La plupart (70 %) avaient déjà été admis au moins une fois à l’hôpital en raison d’une maladie mentale, un peu plus de 40% avaient échoué ou abandonné un programme éducatif et 44 % ont déclaré avoir une relation dysfonctionnelle avec leur famille immédiate. À la sortie, plus de 1 patient sur 10 ne s’attendait pas à ce qu’une surveillance soit prévue pour sa sécurité personnelle, 4 % s’attendaient à être sans domicile fixe et 3 % s’attendaient à retourner dans un établissement correctionnel.
L’Initiative sur la santé de la population canadienne
L’Initiative sur la santé de la population canadienne (ISPC) relève de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS). L’ISPC appuie et réalise des recherches dans le but d’aider à mieux comprendre les facteurs qui influent sur la santé des individus et des collectivités et de contribuer à l’élaboration de politiques qui réduisent les inégalités et améliorent la santé et le bien-être des Canadiens.
À propos de l’ICIS
L’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) recueille de l’information sur la santé et les soins de santé au Canada, l’analyse, puis la rend accessible au grand public. L’ICIS a été créé par les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux en tant qu’organisme autonome sans but lucratif voué à la réalisation d’une vision commune de l’information sur la santé au Canada. Son objectif : fournir de l’information opportune, exacte et comparable. Les données que l’ICIS rassemble et les rapports qu’il produit éclairent les politiques de la santé, appuient la prestation efficace de services de santé et sensibilisent les Canadiens aux facteurs qui contribuent à une bonne santé.
Vous trouverez le rapport ainsi que la figure et les tableaux indiqués ci-après sur le site Web de l’ICIS, au www.icis.ca. Tableau 1: Comportements délinquants autodéclarés chez les jeunes de 12 à 15 ans, 2004-2005 (tableau 1 dans le rapport) Figure 1: Niveaux de comportement agressif selon les pratiques parentales négatives chez les jeunes de 12 à 15 ans, 2004-2005 (figure 3 dans le rapport)
Tableau 2: Caractéristiques sociodémographiques des patients admis à un lit de santé mentale selon qu’ils bénéficient ou non de services de psychiatrie légale (tableau 5 dans le rapport)
Tableau 3: Prévalence de la maladie mentale chez les adultes dans la population en général et en milieu carcéral (adapté du tableau 8 du rapport)