Shad Ferron: agriculteur et conteur à ses heures

PORTRAIT. L’agriculture de proximité gagne en popularité. Cette tendance à laquelle adhèrent de plus en plus de consommateurs force les producteurs agricoles à se réinventer et même dans certains cas à se repositionner.

Depuis qu’il assure la relève de la ferme familiale, il y a près de 20 ans, Shad Ferron a complètement revu ses façons de faire et a adapté le modèle d’agriculture qu’il connaissait à ses propres valeurs. Tout en prenant soin de ses 35 vaches laitières et de son cheptel de 50 bêtes, l’agriculteur se présente maintenant comme un fermier de famille.

La situation particulière des derniers mois et l’engouement pour l’achat local l’ont amené à consacrer un peu plus d’énergie sur son potager qui se voulait initialement un potager d’autosuffisance. Chaque semaine pendant l’été, il a partagé sur les réseaux sociaux le fruit de ses récoltes pour en faire profiter sa communauté. Des dizaines de personnes ont eu l’occasion d’en profiter et de s’approvisionner.

«J’ai toujours eu le goût de nourrir ma communauté. Pour moi l’agriculture, c’est comme un mode de vie. J’ai senti le besoin de diversifier les activités à la ferme pour être encore plus près des gens et de la nature. Les circuits courts, l’achat local, les artisans et les fermiers de famille ont plus que jamais leur place dans la société», raconte Shad Ferron.

Ce dernier soutient que le commerce de proximité prend de l’ampleur, à mesure que les gens prennent conscience des différents enjeux qui viennent affecter leur quotidien.

Fort de l’expérience positive qu’il a vécue l’été dernier, M. Ferron prévoit développer encore davantage la filière maraîchère sur son exploitation agricole. «J’aimerais me diriger vers l’alimentation humaine plutôt que l’alimentation animale. J’ai d’autres projets en tête. L’autosuffisance, c’est important. Se nourrir, c’est un besoin de base! On a besoin d’une agriculture à échelle humaine», lance-t-il.

Shad Ferron caresse aussi le rêve de mettre sur pied une première fromagerie dans la MRC de Maskinongé. L’arrivée éventuelle de la centrale agroalimentaire régionale Agroa Desjardins devrait contribuer à la réalisation de cet ambitieux projet.

Un conteur hors pair

En parallèle avec sa vie d’agriculteur, Shad Ferron mène une carrière artistique. Même s’il est un peu plus à l’écart de la scène depuis quelques années et qu’il a réduit sa présence dans les lieux publics animés, le conteur d’Yamachiche a toujours la flamme.

«J’entretiens cette passion-là depuis plus de 20 ans. Le côté artistique est toujours présent, mais la ferme doit l’être aussi. J’essaie seulement de trouver l’équilibre là-dedans. J’ai toujours aimé les histoires, le conte et le théâtre. Ç’a toujours fait partie de moi et ça va toujours rester. J’ai quelques contrats par année. Je ne pousse pas plus. Le conte, c’est un passe-temps. Si j’ai du temps libre, je vais me rendre disponible, sinon la priorité c’est mon travail d’agriculteur», reconnait-il.

Savoir raconter une histoire, ce n’est pas donné à tout le monde. Cet art, Shad le maîtrise parfaitement. «Quand tu es passionné et que tu vis réellement ce que tu as à raconter, ça vient tout seul. C’est naturel pour moi. Je m’approprie mes personnages et je connais bien mes histoires. J’aime bien me mettre en danger parfois pour me sortir de ma zone de confort et ça donne toujours quelque chose d’intéressant. À la base, j’ai déjà fait de l’improvisation et du théâtre», rapporte-t-il.

Shad Ferron se définit également comme un amuseur public aux multiples talents. Sa présence ne passe souvent pas inaperçue. Il s’est notamment fait connaître en jouant différents personnages sur ses échasses, avec les arts du cirque et comme cracheur de feu dans plusieurs événements publics et corporatifs, dont le Festival Juste pour rire, le Carnaval de Québec et le Festival d’été de Québec.