Santé mentale: les intervenants à bout de souffle

SANTÉ. Les intervenants, bénévoles et bénéficiaires de services en  santé mentale de la région ne l’ont pas eu facile depuis un an et c’est à une soirée répit qu’ils auront droit ce jeudi 6 mai alors que les humoristes François Bellefeuille et Simon Gouache leurs offriront un spectacle gratuit et en ligne.

En prélude à cette soirée d’humour, le Regroupement des organismes de base en santé mentale (ROBSM) 04-17 avait invité quelques intervenants à venir témoigner de leur réalité depuis le début de la crise sanitaire en mars 2020.

Anxiété en hausse chez la clientèle, augmentation des demandes pour répondre à des situations de crise, épuisement du personnel, pénurie de main-d’œuvre. Les réalités vécues par les organismes se recoupent et témoignent de la fragilité de la situation.

Tour à tour, des représentantes du Service d’Intervention au Travail (SIT), Le Périscope (Centre-Mauricie / Mékinac / Haut Saint-Maurice), Le Gyroscope (MRC de Maskinongé), la Maison de transition de la Batiscan, Parents Partenaires et La Locomotive du ROBSM ont pris la parole.

Directrice générale du SIT qui emploie sur des plateaux de travail environ 200 personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale, Geneviève Provost a souligné que la crise a été vécue difficilement. «Avant que l’on puisse revenir graduellement, ils étaient confinés chez eux. Ils se sentaient isolés, coupés de leurs collègues. Leur milieu de travail est une famille pour eux.»

Louise Garceau, de Parents Partenaires, expliquait pour sa part que son équipe a dû intervenir plus souvent pour résoudre des crises au lieu d’agir en prévention comme cela se faisait auparavant. «Nous offrions habituellement une journée de répit par mois, mais là, pour répondre à la demande. Il faut en offrir une par semaine, mais nous n’avons pas plus de personnel», déplore-t-elle.

Pour Le Périscope et Le Gyroscope, qui offrent du support aux personnes qui vivent avec des proches aux prises avec des problèmes de santé mentale, les aînés ont été particulièrement éprouvés dans la dernière année. «On a vu beaucoup de détresse», témoigne Micheline Fraser, du Périscope. Directrice générale du Gyroscope, Marie-Soleil Gauthier expliquait pour sa part que la pandémie a obligé à reporter la mise en place d’un service pour les jeunes qui devait démarrer en 2020.

Témoignage éloquent que celui de Claudette, une personne souffrant d’un problème de santé mentale, mais qui s’implique également comme bénévole au sein de La Locomotive, le seul regroupement qui s’adresse autant aux gens concernés par la problématique qu’à leur entourage. «Moi, je suis une personne sociable. Avant, on se retrouvait pour jouer aux cartes. Là, je me retrouve avec plein d’amis en dépressions. On vit avec la peur et l’anxiété», a souligné Claudette qui s’apprêtait dans les jours suivants à se faire vacciner malgré les craintes éprouvées. «Je vais vaincre ma peur», a-t-elle promis.

Enfin, les représentantes ont toutes relevé l’enjeu du sous-financement et de la pénurie de main-d’œuvre. «Les besoins augmentent, mais les ressources diminuent, a déploré Louise Garceau. On a besoin d’intervenants, mais on n’en trouve pas. La crise sanitaire a aussi emmené le CIUSSS à recruter des intervenants avec des salaires que nous ne pouvons évidemment pas concurrencer.»

Même son de cloche du côté de Line Bédard, de la Maison de transition de la Batiscan. «Habituellement, j’avais trente candidatures pour un poste d’intervenant. Là, j’en ai deux. C’est la première fois que je vois ça en trente dans le milieu», conclut-elle.