Jean Desclos, un prêtre visionnaire

Par Judith Mc Murray |  Originaire de Saint-Alexis-des-Monts, le prêtre Jean Desclos a vécu un cheminement professionnel et personnel des plus remarquables. La Société aleximontoise d’Histoire et de Généalogie organise le 28 mai un évènement commémoratif en son honneur.

M. Desclos est à la fois un homme de lettres et de foi religieuse. Ces deux sphères se sont rencontrées très tôt dans son parcours. « Certaines de mes grandes sœurs, tout comme ma mère, avaient le réflexe d’aider les gens. Ça faisait donc partie de mon environnement qui à l’époque favorisait beaucoup la vie religieuse et le dévouement ». En parallèle à cette dévotion omniprésente dans son milieu familial, Jean Desclos affichait de l’aisance sur le plan cognitif.

Ses aptitudes furent rapidement remarquées par ses enseignants. « Nos professeurs à Saint-Alexis se sont aperçus que Denis [son frère] et moi avions un talent… Ils ont fait des démarches pour que nous puissions être accueillis au séminaire de Sherbrooke ». Le jeune garçon a alors quitté la Mauricie en direction de l’Estrie, région où il passera finalement la majorité de sa vie. « C’était un saut dans l’inconnu absolu pour nous et nos parents », témoigne l’homme. 

Jean Desclos a obtenu son baccalauréat à l’âge de 17 ans. Il a poursuivi des études universitaires jusqu’à la prestigieuse Université du Latran à Rome, où il compléta son doctorat. Au cours de sa carrière, en plus d’être prêtre et d’avoir écrit plusieurs ouvrages, il a été grandement impliqué au sein de l’Université de Sherbrooke et de la Faculté de théologie, notamment comme chargé de cours, professeur, doyen, recteur et plusieurs autres.

Des idées jusqu’à Madagascar

Au commencement des années 2000, alors que M. Desclos débutait un mandat comme vice-recteur à la communauté étudiante pour l’Université de Sherbrooke, il reçut un appel de sœur Estelle Fontaine. La femme faisait partie de la communauté religieuse d’une université à Madagascar et souhaitait y créer un département de psychologie. Le prêtre entreprit alors des démarches au sein de l’Université Sherbrooke afin d’accompagner l’équipe de Madagascar.

« Je suis allé à Madagascar pour comprendre avec les gens de l’université catholique là-bas, comment procédaient les choses. Puis en 2007, on commençait un début de formation avec un chargé de cours ». Il débutera lui-même à enseigner la théologie pour cette université à Madagascar, et ce, jusqu’en 2018.

Cette expérience majeure dans la carrière de l’homme l’a également motivé à participer à la création d’un fonds à l’Université de Sherbrooke destiné à soutenir les étudiants d’origine africaine dans leurs études. « Je lègue la plupart de mes choses, dont ma maison, à la fondation de l’université dans cette perspective de soutenir les étudiants », affirme-t-il.

Un regard lucide sur l’église aujourd’hui

Adoptant une vision assez progressiste du monde d’aujourd’hui, le prêtre ne cache pas ses questionnements face à certaines positions de l’église. Selon M. Desclos, « l’Église catholique est en mode suicidaire puisqu’elle ne s’ouvre pas suffisamment aux difficultés actuelles des gens ».

L’homme a d’ailleurs écrit un livre sur le thème de l’aide médicale à mourir, objet de controverse au sein de l’Église catholique. « Au départ, moi-même je n’étais pas tout à fait converti à l’idée qu’on puisse poser ce geste-là, mais après réflexion et analyse, je me suis dit que les évêques du Québec n’ont pas raison de combattre l’aide médicale à mourir comme ils le font… Je trouve que l’église a tendance à condamner plutôt qu’à être compatissante », témoigne-t-il.

Malgré toutes ces années passées en Estrie, « Je n’ai jamais perdu ma fibre aleximontoise », avoue-t-il. « Je vais à Saint-Alexis dès que j’en ai la chance ».

La Société aleximontoise d’Histoire et de Généalogie présente ainsi un évènement commémoratif pour Jean Desclos le dimanche 28 mai à 10h15 à l’église du village.