Vapotage: un fléau chez les jeunes

SANTÉ. Saviez-vous que le tiers des jeunes vapotent au Québec et que ceux-ci s’exposent à de fortes doses de nicotine? C’est une nouvelle réalité à laquelle sont confrontées les écoles secondaires de la région.

Aussi petites qu’un crayon, les vapoteuses ont beau être destinées aux fumeurs adultes qui souhaitent abandonner le tabac, elles intéressent de plus en plus les adolescents qui n’ont jamais fumé de leur vie.

À l’école secondaire l’Escale de Louiseville, la cigarette électronique a gagné en popularité dans les deux dernières années, mais une augmentation plus marquée du nombre de vapoteurs est observée depuis le début de l’année scolaire. Cette situation inquiète la direction et le personnel de l’établissement.

«C’est une mode. On doit parfois confisquer des vapoteuses. À un certain moment, on était plus dans la récupération de cellulaires en classe, mais là on est plus dans la récupération de vapoteuses. C’est très facile à cacher. Ce qui est malheureux, c’est que ce sont souvent des athlètes et des élèves qui font généralement attention à leur santé qui vapotent. Ils ont développé cette mauvaise habitude-là», se désole Kathya Paquin, directrice.

«Les jeunes sont attirés par la beauté de la vapoteuse, les différents modèles, les couleurs et les saveurs», précise-t-elle.

L’école l’Escale a mandaté son comité École en forme et en santé ainsi que sa kinésiologue Chloé Frigon pour lutter contre le tabagisme et le vapotage. Cette équipe se penchera plus spécifiquement sur les actions à mettre en place afin d’inverser la tendance.

«On suppose que les jeunes ont subi beaucoup d’anxiété depuis la fermeture des écoles le printemps dernier. La pandémie fait en sorte qu’il n’y a plus de sports qui peuvent être pratiqués à l’école et plus d’activités parascolaires depuis le 26 octobre. Les jeunes se sont tournés vers une nouvelle façon de diminuer leur anxiété, d’aller chercher du bien-être et du plaisir. En début d’année, le masque n’était pas obligatoire sur le terrain de l’école alors la plupart des jeunes sortaient à l’extérieur et il y a probablement eu un effet de groupe. Une grande partie des élèves de secondaire 4 et 5 se sont mis sur le vapotage. Pour les jeunes, c’est cool d’essayer ça», confie Mme Frigon.

Le code de vie de l’école stipule que l’utilisation de la vapoteuse est interdite non seulement à l’intérieur, mais aussi sur les terrains extérieurs. Les règles sont les mêmes autant pour les fumeurs que pour les vapoteurs.

Prévention et sensibilisation

Bien que les énergies aient davantage été concentrées sur la mise en place et le respect des règles sanitaires lors des derniers mois, en lien avec la pandémie de la COVID-19, l’école assure qu’elle s’attaquera au phénomène du vapotage pour éviter qu’il gagne encore plus de terrain.

Lors de la Semaine de prévention des dépendances, par exemple, des ateliers ont été offerts aux élèves, entre autres sur les risques associés au vapotage. «C’est une première approche. Des ressources sont mises à la disposition des élèves qui voudraient s’en départir. C’est quand même nouveau et on va s’adapter. On offre l’accompagnement nécessaire. On a vraiment l’intention de régler cette problématique-là. Cette année, toutes les actions seront faites à grande échelle. Il y aura de la sensibilisation au niveau de la prévention et aussi de l’aide pour l’arrêt tabagique ou du vapotage. On veut travailler sur les dépendances, la gestion de l’anxiété et du stress. Éventuellement, on va se doter d’un plan de match personnalisé pour chaque niveau. On veut faire réfléchir les élèves sans nécessairement les forcer», explique Chloé Frigon.

La kinésiologue rappelle que le vapotage, au même titre que le tabagisme, peut avoir d’importantes conséquences sur le développement et la santé des jeunes. «Le vapotage expose les jeunes à des produits chimiques dangereux, dont la nicotine. Ça peut causer de graves problèmes de santé que ce soit au niveau du cerveau, de la croissance et du développement de l’élève. Le taux de nicotine est parfois plus élevé dans une vapoteuse que dans une cigarette. Les jeunes ne savent pas tous à quoi ils s’exposent et aux impacts sur leur santé», ajoute-t-elle.

Sur les 568 élèves de l’école, Chloé Frigon estime le nombre de fumeurs à environ une dizaine alors que près de 50 jeunes feraient l’usage d’une vapoteuse.

Miser sur les saines habitudes de vie

Depuis plusieurs années, l’école secondaire l’Escale de Louiseville mise sur le développement et l’adoption de saines habitudes de vie. Elle incite ses élèves à bouger, à bien s’alimenter et à intégrer ses équipes sportives. «On a 50 % de nos élèves qui font partie d’une de nos 26 équipes sportives. C’est une belle fierté. On a mis beaucoup d’efforts là-dessus et on continue de le faire, car le sport a des bienfaits sur notre santé mentale et physique», révèle la directrice.

La popularité du vapotage vient toutefois anéantir ces efforts, reconnait Mme Frigon. «Ça nous fait quelque chose de voir les élèves fumer ou vapoter. Je pense qu’on doit se concentrer sur la promotion des saines habitudes de vie. La direction croit vraiment que c’est une avenue importante et la preuve, ça fait partie du plan de réussite de l’école. On va continuer de travailler dans ce sens-là», insiste Chloé Frigon.

Rappelons qu’au Québec, la vente de cigarettes électroniques est interdite aux personnes de moins de 18 ans.

Moins de vapoteurs à Saint-Alexis-des-Monts

La situation est un peu différente à l’école des Boisés de Saint-Alexis-des-Monts.

L’établissement accueille des élèves de la maternelle quatre ans jusqu’à la troisième année du secondaire. «L’an dernier, nous avons eu certaines situations où des interventions ont été nécessaires. On avait des élèves qui vapotaient aux toilettes ou ailleurs. Cette année, on n’a pas eu aucune intervention à faire jusqu’à maintenant. Je sais que certains élèves de troisième secondaire vapotent, mais pas ici à l’école», admet Jean-Maurice Mercier, directeur.

«On a des élèves quand même jeunes. Nos grands vapoteurs ne sont plus ici», signale-t-il.

Chaque année, l’école des Boisés a l’habitude d’organiser des journées thématiques, des ateliers ou des conférences pour sensibiliser ses élèves, eux qui survolent également quelques notions portant sur l’anatomie humaine et la santé lors des cours de sciences.

«Présentement, le vapotage ne représente pas une problématique chez nous. On a déjà eu certains cas, mais ce n’est pas en hausse dans notre école. La vapoteuse est considérée comme une cigarette et si un élève doit vapoter, il ne peut le faire sur le terrain de l’école. On peut aussi demander d’avoir une autorisation parentale pour le faire, selon les règles en place. À ce jour, on n’a pas eu de demande pour ça», raconte M. Mercier.

L’établissement scolaire ne baisse pas la garde pour autant. «Il y a eu une situation où on pensait qu’un élève utilisait ou jouait avec une clé USB, mais on s’est finalement aperçu que l’élève utilisait une vapoteuse. C’est là qu’on a allumé un peu plus. C’est rendu de plus en plus sophistiqué et il faut toujours être vigilant», dit-il.

Selon Jean-Maurice Mercier, des élèves utilisent ce dispositif électronique pour s’identifier à un groupe de jeunes. «On essaie de leur mentionner que ce n’est pas un élément pour s’identifier à une gang. On informe, on conscientise et après il y a des choses qui appartiennent aux élèves et à leurs parents», poursuit-il.

L’école primaire et secondaire de Saint-Alexis-des-Monts encourage ses élèves à adopter un mode de vie sain et actif. «On a une offre diversifiée d’activités qui permet aux jeunes de se divertir et d’avoir du plaisir avec autre chose qu’une vapoteuse autant sur le plan sportif que culturel», laisse tomber M. Mercier.