Une truffière verra le jour à Charette

AGROTOURISME.  Plus d’un millier d’arbres truffiers seront plantés dans un champ du rang Grand Bellechasse à Charette ce printemps. 

Ce projet d’un demi-million$ aurait pu avoir encore plus d’envergure n’eût été d’une décision récente de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) qui a dit non au volet hébergement, que proposait Maxime Arcand, Jérôme Fréchette, Yannick Larose et Éric M. Fortin, les quatre promoteurs du Domaine Le Grand Bellechasse.

Le projet comportait à l’origine une truffière, une ferme maraîchère spécialisée dans la culture du piment et une offre d’hébergement touristique de type minichalets. Pour l’instant, les promoteurs se concentreront sur les deux premiers volets.

« Nous avons signé notre entente avec Truffes Québec. Nous attendons juste le printemps pour préparer le terrain et planter nos arbres », explique Maxime Arcand, enseignant au département de Techniques administratives au Cégep de Trois-Rivières.

Un total de 1250 arbres, dont les racines ont été préalablement inoculées du champignon à l’origine de la truffe, seront mis en terre sur un terrain d’une superficie d’un hectare. « Ça sera principalement des chênes et des noisetiers, mais nous aurons aussi des épinettes de Norvège. En ayant des espèces différentes, ça permet d’avoir des variétés de truffes », poursuit-il. Éventuellement si tout va bien, un autre hectare pourrait être ajouté à la truffière.

Au Québec, on retrouve la truffe des Appalaches, au goût sucré et musqué, et la truffe Tuber Borchii, au goût très poivré et à l’odeur de rave. Domaine Le Grand Bellechasse aura les deux mais principalement celles des Appalaches que Truffes Québec voudrait réserver uniquement aux producteurs de la Mauricie. « C’est dans l’optique de développer une appellation contrôlée qui serait spécifique à la région », révèle Maxime Arcand.

Il faut compter environ 7 à 10 ans pour avec une production capable de supporter une culture commerciale, mais dès cinq ans après leur plantation, les arbres peuvent produire leurs premières truffes.

Les trois promoteurs, qui habitent tous à Trois-Rivières, mais qui ont eu un coup de cœur pour Charette, comptent également démarrer officiellement leur production maraîchère en 2022. « Nous avons commencé l’an dernier pour faire des tests et accumuler des semences. Mais là ce printemps, on se lance en grand. Il va y avoir de la culture de petits fruits, mais on va se spécialiser dans la production de produits transformés à base de piments forts. On va aussi cultiver des fines herbes pour la confection de tisanes. » Ce volet maraîcher sera développé sur une superficie de sept hectares, dont deux petites serres.

Déçu par la décision de la CPTAQ

Maxime Arcand ne se le cache pas, la décision le 22 février dernier de la CPTAQ de rejeter le volet hébergement touristique de leur projet l’a grandement déçu. Sur une superficie d’environ 1,3 hectare, Domaine Le Grand Bellechasse proposait d’aménager dix habitations d’hébergement double de style camping, dômes et minichalets.

Les trois promoteurs ne l’avaient pas vu venir, d’autant plus que le zonage permettait le développement d’un projet récréotouristique et qu’ils avaient l’appui de la municipalité de Charette et de la MRC de Maskinongé qui avaient voté des résolutions en ce sens. « C’est décevant parce que c’est un zonage qui existe depuis que le Baluchon a ouvert il y a plus de trente ans. Je pense qu’avec le Domaine et Vins Gélinas et Passion Lavande qui sont à quelques kilomètres de nous, on avait développé un beau petit circuit touristique avec une offre d’hébergement », se désole-t-il.

Même si la décision pourrait être portée en appel, les quatre promoteurs, tous enseignants au cégep, ont décidé de se concentrer pour cette année sur leur future truffière et le démarrage de leur ferme maraîchère. « On est déçu, mais ce n’est pas un projet qu’on abandonne définitivement », termine Maxime Arcand.