Une facture de 18 000$ pour des assurances
Assurer un bâtiment patrimonial n’a jamais été aussi difficile. D’abord parce que les assureurs intéressés se font plutôt rares, mais aussi parce que la facture est de plus en plus salée pour les propriétaires.
Le Magasin général Le Brun a été largué par Promutuel Assurance, en 2018. Avec son nouveau fournisseur, la prime d’assurance ne cesse d’augmenter d’année en année.
Les coûts pour assurer le bâtiment historique de Maskinongé ont bondi d’environ 40 % en l’espace de deux ans. La facture est passée de 13 000$ à 18 000$. Il y a quelques années à peine, elle s’élevait à 9000$. Une augmentation disproportionnée qui est loin de plaire au propriétaire Richard Vienneau. «Devons-nous vendre le musée ou demander au ministère de la Culture de retirer notre magasin général des biens patrimoniaux classés afin de pouvoir payer nos assurances?», se demande-t-il.
«Ça n’a aucun sens! C’est trop! On le voit depuis le début que ça n’arrête pas d’augmenter même avec moins de protections. Les assureurs ne sont pas intéressés à assurer les bâtiments historiques patrimoniaux. Ils trouvent que c’est un risque important», confie M. Vienneau.
Le lieu historique, situé en bordure du Chemin du Roy, comprend un ensemble de trois bâtiments commerciaux ayant servi en continuité comme magasin général entre 1827 et 1974. Il a été reconnu comme site patrimonial en 1981 et a été classé en 2012. Le site regroupe au même endroit un musée, un café-boutique ainsi qu’une salle de spectacle. «Ma situation n’est pas unique, rapporte le propriétaire. Il y a beaucoup de maisons patrimoniales au Québec et elles ont probablement le même problème que moi», estime-t-il.
Richard Vienneau souligne que cette situation s’ajoute à bien d’autres problématiques qu’il vit depuis quelques mois.
Trop de bureaucratie, peu d’aide
Le Magasin général Le Brun de Maskinongé a vu son chiffre d’affaires fondre de moitié lors de la dernière année. La pandémie de COVID-19 a forcé la fermeture temporaire de la salle de spectacle L’Grenier et la mise à pied de près d’une vingtaine d’employés pour une période indéterminée. Les heures d’ouverture de la boutique ont également été réduites au minimum.
Pour l’aider à passer à travers cette difficile épreuve, l’entreprise reçoit seulement le soutien du programme de subvention salariale du gouvernement fédéral. Pourtant admissible au programme d’aide temporaire aux lieux de diffusion de la SODEC, le propriétaire n’a toujours pas été en mesure d’obtenir l’appui de cette mesure, ni même d’aucun autre programme d’aide du gouvernement provincial.
«Il n’y a aucune place qu’on touche et que c’est facile. Je ne pense pas qu’on va recevoir de l’aide financière. Ça l’air tellement facile lorsqu’ils annoncent les programmes à la télévision, mais lorsque vient le temps de remplir les demandes, c’est bien différent. On passe des heures à remplir les formulaires beaucoup trop compliqués pour obtenir une subvention et on ne parvient jamais à se qualifier. C’est incroyable toute la bureaucratie qu’il y a et toute la gestion que ça nous demande. Je n’ai jamais réussi à obtenir une cenne de Québec alors qu’il y a de l’aide partout! Je ne comprends pas…», dénonce M. Vienneau.
«Quand c’est trop lourd ou trop difficile d’obtenir quelque chose, je me débrouille moi-même. C’est trop complexe et on perd notre temps», exprime-t-il.
Le Magasin général Le Brun ignore pour le moment quand il pourra accueillir de nouveau des artistes et le public dans l’Grenier. L’entreprise s’affaire actuellement à planifier la prochaine saison de spectacles, en tenant compte bien sûr de ceux qui doivent être reportés.