Une distinction bien méritée, pour une femme d’exception

Le 24 novembre dernier, au parlement de Québec, avait lieu la cérémonie pour les récipiendaires des Prix Hommage bénévolat-Québec 2020, lors de laquelle Rose-Marie C. Bourassa a été honorée dans la catégorie « Bénévole », pour ses nombreuses années de bénévolat à l’ouvroir de St-Étienne.

Elle en fut d’ailleurs la première surprise lorsqu’elle a reçue l’appel l’informant qu’elle comptait parmi les 39 récipiendaires sur 451 candidats. « Je n’étais pas au courant; c’est quelqu’un d’ici qui a soumis ma candidature! Après cet appel, je n’en ai pas vraiment parlé mais mon mari, lui, en a fait la promotion », avoue-t-elle en riant.

Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale et député de Trois-Rivières, Jean Boulet, a remis le prix à Rose-Marie C. Bourassa, le 24 novembre à Québec.

Le Prix Hommage bénévolat-Québec catégorie « Bénévole », rappelons-le, vise à honorer des personnes qui ont particulièrement contribué, par leur engagement social dans leur milieu, à l’amélioration de la qualité de vie de leurs concitoyennes et concitoyens.

C’est assurément le cas de Mme Bourassa, qui fait non seulement partie intégrante du succès de l’ouvroir, mais en a été la fondatrice il y déjà 41 ans. Alors qu’elle demeurait dans le 4e rang, à Saint-Étienne-des-Grès, une famille de Laotiens était alors venue s’installer dans la maison voisine. « Toute la paroisse s’était réunie pour louer cette maison, d’abord, puis la meubler et la remplir de meubles, vêtements, vaisselle et autres. Rapidement, rien ne manquait… bien au contraire! »

Une fois les nouveaux venus bien installés, elle a donc mis les bouchées doubles, avec l’aide d’une amie, afin de récupérer tous les surplus pour redonner au prochain. Dès lors, des gens ont commencé à venir lui porter, directement chez elle, des poches de vêtements qu’elle lavait, réparait, puis amenait à la salle communautaire. Cinq ans plus tard, elle s’est fait offrir le sous-sol du presbytère, qu’elle occupe encore à ce jour, pour entreposer les donations. « Maintenant, nous disposons en outre d’une remise, où les gens peuvent venir porter leurs choses. Il faut d’ailleurs la vider en moyenne trois fois par semaine! »

Avec les années, l’ouvroir n’a fait que grandir. Il compte aujourd’hui sur le soutien d’une vingtaine de bénévoles, dont le mari et quelques-unes des sœurs de Rose-Marie C. Bourassa. Ensemble, ils allouent à la cause un nombre incalculable d’heures, qui mène à un résultat d’équipe exceptionnel. « Le lundi, l’équipe de triage vient installer les nouveaux vêtements et articles. Le mardi et mercredi, c’est la vente. Le jeudi, tout est replacé pour être prêt pour la semaine suivante… »

Chaque semaine, un profit d’environ 700$ est amassé grâce à la vente d’articles à 1$ et 2$, et de vêtements à 0,25$. Des prix que Mme Bourassa tient à garder aussi bas. « Certaines personnes viennent de loin parce qu’ils savent qu’ici, avec seulement 2$ en poche, ils peuvent repartir avec huit morceaux », explique-t-elle, en ajoutant que tous les profits sont remis à la communauté, sous forme de bons de pharmacie, d’essence ou d’épicerie destinés à des familles dans le besoin.

À la fin de chaque mois, les vêtements non vendus sont envoyés à un organisme pour personnes vivant avec un handicap, où sont récupérés tissu, boutons, fermetures éclairs et autres. « L’important, c’est que rien ne soit perdu! »

À l’aube de ses 80 ans, Rose-Marie parle tranquillement de prendre « sa retraite » dans les mois à venir. Non pas qu’elle soit tannée (« ça, c’est impossible! »), mais plutôt pour prendre un peu plus de temps pour elle et son mari, tandis que la santé leur permet encore. « À l’ouvroir, chaque bénévole est à sa place et chacun fonctionne même si je ne suis pas là. Cela dit, c’est sûr que je ne lâcherai pas complètement et que je continuerai quand même à venir à l’occasion! »