Une crise du logement qui persiste dans Maskinongé

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Alors que la Mauricie est présentement aux prises avec un sérieux problème de pénurie de logement sur l’ensemble de son territoire, on constate que la situation du côté de la MRC de Maskinongé ne fait pas exception.

Carol-Ann Côté, coordonnatrice chez InfoLogis Mauricie, qui se charge d’accompagner les nouveaux arrivants de la région dans leur recherche de logement, confirme qu’il y a non seulement une problématique au niveau de la recherche, mais que les locataires ont également à faire face à des propriétaires très restrictifs dans leurs sélections d’occupants.

Comme l’explique Mme Côté, la région métropolitaine de Trois-Rivières fait présentement face à un taux d’inoccupation actuel de 1,3%, mais qui peut être plus bas dans certaines MRC de la Mauricie. Cependant, les propriétaires détiennent nettement le gros bout du bâton quant à l’accès au logement, particulièrement auprès des nouveaux arrivants.

« D’une part, c’est l’accessibilité, parce que nous, ce qu’on voit, ce sont des problèmes de discrimination. Donc la population qui, à la base, a des problèmes d’une précarité financière importante, ou qui peut être dans des situations un peu plus précaires, comme des familles de quatre, cinq ou six enfants, ça fait en sorte que la situation de force est très inégale », explique-t-elle.

Elle mentionne que cet avantage que détiennent les propriétaires peut très bien les entraîner à recevoir plusieurs demandes de visites pour un même logement, et ce, en l’espace de très peu de temps. Ils peuvent donc se permettre d’adopter une approche très sélective. Des éléments tels que la cote de crédit, le nombre d’enfants, la situation financière et même, la couleur de peau et l’accent, peuvent jouer un rôle majeur sur l’obtention d’un logement auprès d’un propriétaire, qui peut repousser un individu s’il a le moindre doute quant à ces facteurs.

La difficulté de l’accès au logement se traduit également par un autre facteur, nommément les conditions d’insalubrité. « Plusieurs municipalités sont aux prises avec des bâtiments qui sont désuets, qui nécessiteraient de grands travaux pour être habitables de manière convenable. Ça devient plus difficile pour ces municipalités d’avoir un effet de levier pour pouvoir forcer les propriétaires à faire les rénovations qui sont nécessaires sur leur immeuble », explique Mme Côté.

Le fédéral n’en fait vraiment pas assez

Pour remédier au problème, il s’agit maintenant de savoir d’où vient cette problématique. Selon Carol-Ann Côté, il provient principalement du manque de soutien de la part du gouvernement fédéral, qui avait pourtant promis d’en faire plus à cet égard, lors de la dernière campagne électorale. Elle déplore que le fédéral préconise la notion du logement abordable, alors qu’InfoLogis Mauricie veut travailler pour mettre en place du logement social.

 » Les engagements du gouvernement fédéral ne sont vraiment pas à la hauteur de ce qu’on espérait. […] Ce qu’on entend beaucoup parler de la part du gouvernement fédéral, ce sont les nouvelles initiatives en matière de logement abordable, ce qui est très flou », dit-elle.

Mme Côté explique que dans la situation du logement social, le coût du loyer ne dépasse jamais 25% des revenus du ménage.

 » C’est un logement qui demeure un actif, par exemple des offices municipaux de l’habitation. Ce qui est problématique, c’est que d’une part, le gouvernement fédéral nous parle du logement abordable, mais ne nous dit pas c’est abordable pour qui. Si on ne vient pas palier les besoins de la population à très faible revenu et qu’on vient palier les besoins d’un autre type de population, on ne règle pas le problème à la source, c’est-à-dire que les gens à faible revenu vont rester dans cette situation-là. Ce sont eux qui en souffrent le plus, déplore-t-elle. Donc, ils nous disent abordable, mais abordable pour qui?  »

S’il n’y a pas une urgence d’agir dans ce dossier, pense-t-elle, de nombreuses personnes qui se retrouvent dans des situations vulnérables, tant sur le plan financier que familial, la difficulté d’avoir un accès au logement pour les nouveaux arrivants de la région risque de monter en flèche au cours des prochaines années.