Une année en montagnes russes

LOUISEVILLE. Cassandra Nadeau a toujours eu une peur bleue des hôpitaux. «Juste aller dans un hôpital pour rendre visite à quelqu’un, ça me stressait», confie-t-elle.

La jeune femme de 24 ans a réussi à dompter sa peur au cours des derniers mois. Elle l’a fait en combattant elle-même la maladie. Le 31 juillet dernier, on lui a diagnostiqué un cancer du sein.

«Je sentais une bosse dans mon sein gauche. Au début, je pensais que ce n’était rien. À mon âge, on ne s’attend pas à avoir un cancer du sein», raconte Cassandra, qui a vécu les derniers mois de la même façon que l’on peut vivre un long tour de montagnes russes.

Voyant que la bosse ne partait pas, elle s’est décidée à aller voir son médecin de famille. «Lui non plus ne soupçonnait pas ça, tout comme les autres professionnels que j’ai rencontrés. Il n’y avait pas d’antécédents dans ma famille», poursuit la jeune femme, qui a finalement demandé à passer une échographie.

«Le radiologiste aussi me disait que ce n’était sûrement rien de grave, mais vu la grosseur de la masse, il m’a proposé une biopsie. Trois jours plus tard, il me rappelait pour un rendez-vous. J’ai deviné alors que c’était une masse cancéreuse.»

La jeune femme est sous le choc. Ses soupçons sont confirmés dans les jours suivants.

Dès lors, tout déboule: cinq mois de chimiothérapie et d’hormonothérapie, suivis d’une mastectomie bilatérale. Elle s’est fait enlever les deux seins en février dernier. Un choix longuement mûri par la jeune femme, qui aurait aussi pu décider de subir un traitement supplémentaire (la radiothérapie) ou se faire enlever seulement le sein malade.

«Le plus difficile, c’est d’apprendre à reprendre confiance en la vie, en notre corps, et aussi de vivre le moment présent»

– Cassandra Nadeau

«Je n’avais pas envie de recevoir un traitement de plus. À mon âge, quand tu peux éviter la radiothérapie, c’est mieux», explique-t-elle.

L’ablation devenait donc sa porte de sortie. Pourquoi les deux seins, alors qu’il n’y avait que le sein gauche atteint? «C’était clair dès le départ que je ne souhaitais pas de reconstruction mammaire. Avoir du silicone dans mon corps n’était pas une option. Je ne voulais pas non plus passer ma vie avec des prothèses externes. J’ai donc choisi l’ablation des deux seins en me disant que j’allais être mieux dans l’égalité pour les vêtements, le confort, etc.»

Ce choix très personnel n’a d’ailleurs pas été facile à faire. Elle admet être passée à travers toutes les émotions. «C’est comme un deuil, perdre une partie de son corps. Mais aujourd’hui, je sais que j’ai pris la bonne décision parce que je me sens vraiment bien», explique celle qui souhaite livrer le message que la féminité ne se définit pas que par les seins.

Porteuse d’espoir et plus encore

Durant tout son cheminement, Cassandra Nadeau a partagé ce qu’elle vivait sur les réseaux sociaux. Ses publications, pleines de résilience, ont connu beaucoup de succès, trouvant même écho auprès d’une personne impliquée depuis une dizaine d’année dans le Relais pour la vie de Maskinongé. «On m’a demandé d’être porteuse d’espoir pour l’événement et, par la suite, présidente d’honneur.»

La diplômée de l’école secondaire l’Escale et ex-citoyenne de Saint-Justin s’est empressée d’accepter. «La Société canadienne du cancer fait une bonne différence, notamment en recherche. Grâce à son action, j’ai probablement moins souffert que d’autres avant moi. C’est pour cette raison que j’ai décidé de m’impliquer.»

Le plus dur, confie celle qui réside aujourd’hui à Beloeil, a été d’apprendre à reprendre confiance en la vie, à se réapproprier son corps et à vivre le moment présent. «Je suis une personne anxieuse, à la base. Et mon anxiété a été rudement mise à l’épreuve! J’anticipais la chimiothérapie, j’avais peur du cancer, peur des hôpitaux, peur d’être dans une salle de traitement… dans un hôpital! Maintenant, une bonne partie de cette anxiété est disparue. Je n’ai plus peur des hôpitaux. J’ai pris confiance au système médical. Je suis suivie. Je me dis que si j’ai réussi à passer à travers cette épreuve, je suis capable de passer à travers autre chose.»

Oui, la crainte d’une récidive plane dans sa tête, mais en bonne philosophe, elle refuse de se ronger les sangs à ce sujet. «C’est stressant, mais on n’a pas de contrôle sur ce qui va arriver. Dans ce contexte, ça ne donne rien de s’en inquiéter. Ça nous fait juste perdre du temps de qualité.»

Le 25 mai prochain, elle sera à la Place Canadel avec des centaines d’autres personnes pour célébrer la vie et supporter la lutte au cancer à l’occasion du Relais pour la vie de Maskinongé. L’activité débute à 19h et se poursuit jusqu’au lendemain matin 7h.