Un premier roman pour une auteure de Saint-Justin
Musicienne et journaliste culturelle née à Kikinda, petite ville au nord de l’ex-Yougoslavie, a dû fuir son pays en 1992, sous la menace d’être exécutée pour avoir osé se prononcer publiquement contre la guerre et contre le régime dictatorial du président Milocévic, la Justinienne d’adoption, Anica Lazin, vient tout juste de publier son tout premier roman intitulé Tisza, un mélange de fiction et de biographie.
Fugue épistolaire écrite dans la tradition baroque, dont les cinq thèmes exposés ne cessent de se répondre pendant deux cent trente-sept ans, l’œuvre de Mme Lazin prête voix à Nicha quittant la péninsule balkanique dévaster par la guerre civile. «L’idée que j’avais au départ, était que je voulais écrire ma vie, dans le sens de ce que j’ai vécu. Je voulais raconter mon histoire. J’ai vécu la dictature, la guerre alors je voulais dénoncer ça, mais c’est d’abord un livre qui parle d’amour, de ce qui se passe au bord des eaux de Tisza», raconte l’auteur. De l’ex-Yougoslavie au Québec, est la saga de la terre slave à travers la vie d’une famille installée en ex-Yougoslavie, ses liens avec Tchaïkovski et Schubert, les guerres qui perturbent et changent les vies simples, le romantisme qui tue les espoirs par l’immaturité humaine, les amours impossibles, l’exil et la musique, voilà ce que l’on peut vivre à travers les histoires d’Anica Lazin. «Dans mon pays, il y a une guerre à tous les 50 ans. Étant journaliste culturelle à l’époque à Radio Belgrade, j’ai donc décidé de lire publiquement un texte dénonçant cette guerre. J’avais alors informé ma famille de cette décision, car je savais les conséquences qui allaient s’en suivre. J’étais oui, une petite rebelle», de dire Anica Lazin.
La femme de 48 ans qui demeure à Saint-Justin depuis quatre ans raconte donc à travers les pages de son volume, comment elle s’est enfuie de son pays, le 14 décembre 1992, valises sous le bras, accompagnée de ses deux garçons et de son mari. «Suite à mon intervention en public, j’ai perdu immédiatement mon emploi, je recevais des menaces du gouvernement, nous avons aussi perdu de la famille et des amis. La peur s’est donc installée et nous avons décidé de quitter pour la Slovénie. Peu de temps après, nous nous sommes dirigés vers la France. Nous y sommes demeurés pendant deux ans et demi. Je ne parlais aucun mot français. Cette période a été très difficile pour moi.»
C’est donc le 14 avril 1995 qu’Anica Lazin est arrivée au Canada. À Montréal où elle a vécu pendant 11 ans et où elle a entrepris des études supérieures en communications, elle a également été fondatrice et directrice d’une école de chants classiques, Aria.
Il aura donc fallu trois ans à l’auteur pour mettre à terme l’œuvre de Tisza. «Je voulais absolument publier une œuvre littéraire dans ma vie. L’écriture a toujours fait partie de moi. J’écris depuis plus de 30 ans et j’ai toujours rêvé de vivre de l’écriture un jour», ajoute l’auteure.
Anica Lazin désire un jour publier un deuxième roman, mais pour l’instant, elle veut laisser vivre l’œuvre de Tisza. En attendant, elle sera présente au Salon du livre de Trois-Rivières les 26, 27 et 28 mars prochain et au Salon du livre de Québec du 7 au 11 avril. Son roman, sous les Éditions Trois-Pistoles de Victor-Lévy Beaulieu, est également disponible en librairie.