Un premier Noël en sol québécois

IMMIGRATION. Une famille de l’Angola, un pays sud-africain, vivra cette année son premier Noël au Québec. Nlandu Luwano Anacleto, 50 ans, Leonia Mbokoso Ngalala, 38 ans, Anacleta Luwamo Makienza, 9 ans et Leonel Luwano Lussaco, 4 ans, sont arrivés au pays en franchissant la frontière au poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle comme demandeurs d’asile. Le 26 juin dernier, après une escale d’un peu plus de cinq mois à Montréal, la famille Anacleto a décidé de s’établir dans la MRC de Maskinongé, plus précisément à Louiseville. «Montréal ne nous convenait pas. J’aime évoluer dans un milieu calme. Nous sommes arrivés ici par le biais du Service d’accueil des nouveaux arrivants (SANA) de la MRC de Maskinongé. Jonner (le coordonnateur) nous a fait venir ici. C’est aussi le SANA qui a trouvé notre premier emploi», raconte Nlandu Luwano Anacleto. Le père de famille a fait ses études dans les écoles catholiques africaines avant de devenir enseignant de français dans deux universités. Pour sa part, Leonia Mbokoso Ngalala, voyageait et évoluait dans la vente d’accessoires et de produits de mode. Ils ont décidé de tout mettre de côté pour protéger leur famille. «C’est le climat politique dans mon pays qui m’a fait venir ici. Je ne voulais pas rester là pour exposer ma vie et exposer celle des membres de ma famille. Je voulais une liberté», explique M. Luwano Anacleto. Les parents du couple ont fui la guerre pour s’installer à Kinshasa, en République du Congo. Intégration réussie À peine installés dans leur appartement situé près du centre-ville à Louiseville, Nlandu et Leonia ont décroché un premier emploi dans la région. Ils se sont toutefois fait montrer la porte deux mois à peine après leur embauche. «Ce n’est pas de notre propre gré. Nous étions de bons travailleurs et nous étions toujours à l’heure. C’est une décision sans motif, regrette Nlandu Luwano Anacleto. Nous avons fait une semaine à la maison et ensuite, Jonner et le maire de Louiseville nous ont trouvé un nouvel emploi.»

Derrière, Nlandu Luwano Anacleto et Leonia Mbokoso Ngalala. Devant, Leonel Luwano Lussaco et Anacleta Luwamo Makienza.
C’est l’entreprise Canadel qui a accueilli à bras ouverts ces deux nouveaux employés. Leonia occupe un emploi au département de la finition tandis que Nlandu, qui occupait un poste dans le même département, a rapidement obtenu une promotion au niveau de la réparation et de la vérification des meubles avant l’expédition. «Leonia aime travailler et elle tenait à travailler. Elle ne voulait pas rester à la maison. D’un autre côté, il fallait aussi s’occuper de notre garçon Leonel», dit-il. Pour les enfants, l’intégration dans leur nouveau milieu de vie se déroule bien. Anacleta a fait son entrée, l’automne dernier, à l’école primaire de Louiseville alors que son frère Leonel est à la garderie. Une dame de Saint-Léon-le-Grand a offert ses services à la famille pour prendre soin du petit bonhomme. «Nous avions déjà trouvé une garderie privée à Louiseville, mais une dame avait priorité sur nous et avons donc perdu la place peu de temps après. Dans notre esprit, nous ne pensions pas que cela pouvait nous arriver d’emblée. Devant ce fait accompli, nous ne pouvions pas renoncer à nos engagements avec Canadel. Nous avons trouvé une maman, avec qui nous entretenons de bonnes relations, qui a accepté de faire ça pour nous.  Elle nous a dit qu’elle s’occuperait de notre enfant. Elle fait ça pour nous aider et pour ne pas que Leonia perde son travail. Elle vient chercher Leonel le matin et vient le reconduire le soir. Notre garçon parlait portugais, mais aujourd’hui il commence à bien s’exprimer en français», se réjouit le père de famille. Petit à petit, la famille Anacleto tisse des liens avec les gens de la communauté. Ces rencontres favorisent l’intégration de ces immigrants dans leur nouveau milieu. «Les gens nous aident et c’est le genre de chose qu’il n’y a pas à Montréal. Là-bas, c’est un grand monde et les gens te regardent à peine. Ici, les gens sont soucieux et il y a une belle ouverture». «On s’adapte très bien. Il y a une facilité à communiquer avec le maire, le député et les gens du milieu. On a réussi à se créer des relations. On se débrouille bien. Nous sommes ici et nous voulons rester ici. Quand nous avons une préoccupation, Jonner ne nous laisse jamais tomber. Il est toujours avec nous. Nous participons aussi aux activités. Nous avons fait du bénévolat pendant deux jours consécutifs lors du Festival de la galette de sarrasin et aussi pour l’église». Noël chez la famille Anacleto Dans le salon familial, un sapin de Noël tout illuminé décore la pièce. Les enfants s’amusent sur l’ordinateur ou avec les jouets pendant que papa et maman répondent aux questions du journaliste. Pour cette famille pratiquante, Noël occupe une place importante. «La natalité, c’est partout dans le monde! Nous, en tant que chrétiens, la fête de Noël, c’est vraiment la fête des enfants. Même au niveau de l’Angola, cette fête est célébrée. Nous devons impérativement nous rassembler pour la fête de Noël», répond Nlandu Luwano Anacleto. «On ne mange pas de repas spéciaux pour Noël. Par contre, les enfants nous obligent à décorer», sourit le père. Lors des dernières semaines, l’école primaire de Louiseville avait invité la famille à participer aux activités de Noël organisées par le Comité de revitalisation commerciale de Louiseville (CRCL) près de l’église. «Nous sommes allés là-bas. Les enfants ont chanté, ils ont eu du plaisir et c’était une belle ambiance. Pour Anacleta, c’est vraiment une intégration totale au niveau de l’école». Les festivités entourant la fête de Noël se poursuivent dans la région. Sachez qu’il ne serait pas étonnant de constater la présence de cette sympathique famille lors des célébrations de Noël à l’église de Louiseville. Suivez Pier-Olivier Gagnon sur Twitter: @POGagnon