Un premier mandat donné aux OBV

Programme québécois de lutte contre les carpes asiatiques

ENVIRONNEMENT.Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) du Québec déploie de plus en plus d’efforts pour prévenir la dispersion d’espèces aquatiques envahissantes dans le fleuve Saint-Laurent et dans ses affluents. Face aux conséquences importantes que pourraient occasionner la présence des carpes asiatiques dans les plans d’eau de la région, le MFFP a récemment demandé aux organismes de bassins versants de la région de réaliser une première phase de travaux qui vise à répondre à l’un des objectifs du Programme québécois de lutte contre les carpes asiatiques. À cet effet, l’Association de la gestion intégrée de la rivière Maskinongé (AGIR Maskinongé) et l’Organisme de bassins versants des rivières du Loup et des Yamachiche (OBVRLY) ont obtenu le mandat de procéder à la caractérisation des obstacles naturels et anthropiques des tributaires du fleuve Saint-Laurent afin d’évaluer le potentiel de franchissement de ces poissons ou d’autres espèces aquatiques envahissantes. Le ministère mise sur la bonne connaissance du terrain de ces organismes pour réaliser ces relevés. «En plus de bien connaître les rivières de leur territoire, l’action simultanée de l’ensemble de ces OBV permettra d’effectuer la caractérisation des obstacles dans de courts délais. Ce projet permet au ministère d’accroître sa capacité d’action en collaboration avec des organismes du milieu», commente Nicolas Bégin, coordonnateur des relations avec les médias au MFFP. En jumelant les données recueillies avec les informations disponibles sur les capacités de nage ou de saut des carpes asiatiques ou des autres espèces, le ministère fera une analyse préliminaire du potentiel de franchissement des obstacles pour une espèce donnée. «Dans le contexte de l’arrivée probable des carpes asiatiques, un niveau de risque associé à leur dispersion pourra être attribué aux tronçons des rivières entre le fleuve Saint-Laurent et les obstacles infranchissables pour ces poissons», précise M. Bégin. Une situation préoccupante Pour le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, l’objectif ultime est de quantifier les risques de dispersion des carpes asiatiques du fleuve Saint-Laurent vers l’amont de ses tributaires. C’est pourquoi il importe, pour le gouvernement, d’agir le plus rapidement possible afin d’éviter leur implantation dans ces cours d’eau, car leur présence peut être néfaste pour l’écosystème aquatique. «En raison de leurs habitudes alimentaires complémentaires, les quatre espèces de carpes asiatiques ont le potentiel de modifier l’ensemble de la chaîne alimentaire présente dans les écosystèmes aquatiques. Des impacts socioéconomiques négatifs sont également à prévoir pour les pêches sportives et commerciales, la navigation de plaisance ainsi que l’utilisation des berges, en plus de représenter un risque pour la santé publique et la qualité de l’eau», indique le ministère. À ce jour, un seul individu de carpe de roseau a été capturé dans les eaux québécoises en milieu naturel, près de Contrecœur, en mai 2016. Les biologistes et experts du MFFP ont toutefois détecté la présence d’ADN environnemental de la carpe de roseau dans plusieurs secteurs du fleuve et certains de ses tributaires. Les données obtenues révèlent que l’ADN de cette espèce est présent dans les eaux québécoises depuis au moins 2015. Cependant, il n’est pas possible de quantifier le nombre d’individus présents. Au terme de cette première caractérisation, le ministère n’écarte pas la possibilité de réaliser d’autres phases de travaux, entre autres, pour étudier certaines variables ou d’autres facteurs d’intérêt pendant une année complète ou encore pour évaluer la sensibilité biologique et anthropique. Les OBV pourraient donc être à nouveau sollicités par le MFFP.