Travailleur écrasé mortellement: Les Aliments Serval Canada fautive

À la suite de l’enquête de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) sur l’accident de travail qui a coûté la vie de Marco Beauchemin le 16 septembre dernier, l’entreprise Les Aliments Serval Canada ltée à Louiseville a été reconnue fautive. Un constat d’infraction a été donné et l’entreprise devra débourser une amende dont le montant n’a pas encore été déterminé.

Dans le cas d’une première infraction, le montant de l’amende varie de 17 179 $ à 68 721 $ pour une première offense, et pourrait atteindre 343 607 $ en cas de récidive.

Rappelons que le travailleur a été écrasé par un sac de lait en poudre de 1000 kg qui a chuté de 2,5 m de haut. La CNESST est arrivée à la conclusion que la nouvelle méthode d’entreposage élaborée par l’employeur afin de sauver de l’espace exposait les travailleurs à un risque d’éboulement des sacs de vrac.

«Dans ce cas-ci, c’est qu’ils sont passés de deux sacs de haut à trois sacs de haut, alors qu’à deux sacs de haut ils n’avaient, je crois, jamais eu de problème. Alors qu’à trois sacs de haut, c’est tombé à de multiples reprises», commente Vincent Ouellet, inspecteur à la CNESST.

Également, malgré les inquiétudes des employés à la suite d’au moins six chutes durant la nuit de sacs entreposés, l’employeur maintenait l’utilisation d’une méthode d’entreposage dangereuse, résultant d’une gestion de la santé et de la sécurité déficiente.

À la suite de l’accident, la CNESST a interdit à l’employeur, Les Aliments Serval Canada ltée, toute circulation piétonnière dans les zones de chute de sacs de vrac et de dépiler les sacs. De plus, la CNESST a interdit à l’employeur d’empiler des sacs de vrac en dehors des structures métalliques prévues à cet effet et de faire des piles de plus de deux sacs de 1 000 kg à l’intérieur de ces dernières. Pour éliminer le danger, l’employeur a élaboré des procédures de travail permettant l’entreposage sécuritaire des sacs dans les structures métalliques. La reprise du travail a été autorisée seulement après la mise en place des nouvelles procédures.

La CNESST rappelle que pour éviter un tel accident lié à l’entreposage de sacs de vrac, des solutions existent, notamment l’application de la méthode d’empilement en pyramide, c’est-à-dire que le sac du dessus est toujours déposé sur quatre sacs, ou encore la méthode d’empilement entre deux structures, où les piles doivent être supportées par des murs ou des structures de chaque côté de l’empilement.

Chronologie de l’événement

Le jour de l’accident, Marco Beauchemin se trouvait dans l’entrepôt des produits finis de l’entreprise et s’affairait à empiler, à l’aide d’un chariot élévateur, des sacs de vrac contenant du lait en poudre, pesant chacun 1 000 kg. Pour ce faire, le travailleur apportait les sacs un à la fois et les empilait en piles de trois sacs de hauteur, selon une nouvelle méthode d’empilage mise en place au début de l’année 2019.

Après avoir déposé au sol un septième sac pour commencer une nouvelle pile à l’avant des deux premières, M. Beauchemin est descendu de son chariot élévateur pour installer une feuille de contreplaqué sur le sac afin de l’aplanir pour déposer un deuxième sac sur le dessus. C’est alors que les deux sacs du haut de la deuxième pile sont tombés sur lui et l’ont écrasé. Les secours ont été appelés sur les lieux et M. Beauchemin a été transporté au centre hospitalier, où son décès a été constaté.