Sauvetage hors route: aucun service équipé pour intervenir

URGENCE. Les pompiers et ambulanciers de la région sont appelés à intervenir pour porter secours à des motoneigistes ou des quadistes qui ont été victimes d’un accident avec leur engin plusieurs fois par an.

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Toutefois, ni les pompiers, ni les ambulanciers ne peuvent intervenir adéquatement et ne sont équipés pour le faire.

La MRC de Maskinongé représente un vaste territoire où des milliers de touristes sont de passage, été comme hiver, et prennent plaisir à découvrir les terrains de jeu pour les amateurs de sports motorisés. Des lieux trop souvent inaccessibles avec des véhicules d’urgence.

Alors que le bilan des accidents et de décès s’est alourdi au Québec au cours des dernières années dans les voies non carrossables, des citoyens se questionnent sur le manque d’équipements et de ressources pour intervenir.

D’ailleurs, selon ce qu’a appris TC Media, les services ambulanciers pourraient refuser de porter assistance à une personne blessée à un endroit inaccessible par ambulance sauf s’ils ont des équipements sécuritaires et conformes à portée de main et qu’ils sont accompagnés d’intervenants d’urgence pour les épauler lors de l’intervention. D’autre part, la Sûreté du Québec possède certains équipements au quartier général pouvant servir au sauvetage hors route, mais les délais d’intervention peuvent être longs.

Réel problème disent les directeurs incendie

Interrogés sur la situation, les directeurs de trois services de sécurité incendie de la région avouent ne pas avoir les équipements nécessaires pour intervenir.

«C’est très ordinaire. On devrait avoir ça depuis plusieurs années dans la région, mais ce n’est pas le cas. Lors des appels, on vient à bout de se dépanner et de réussir à trouver un moyen pour atteindre la victime, mais la réalité peut être bien différente d’un appel à l’autre. On fait notre possible avec ce qu’on a. Ça fait partie de notre mission de venir en aide aux gens. Avec la réserve Mastigouche, les pourvoiries et tous les secteurs boisés, il est évident qu’il nous faudrait dans la région des équipements spécialisés», révèle Raymond Beaudoin, directeur du Service de sécurité incendie de Saint-Alexis-des-Monts.

Pour sa part, Daniel Isabelle estime que les besoins sont bien présents. «Ça n’a aucun bon sens dans un territoire comme le nôtre d’attendre après les équipes spécialisées de Trois-Rivières ou Shawinigan pour intervenir de façon sécuritaire. Présentement, on est chanceux que les interventions de sauvetage se terminent bien. Un jour, peut-être que ça va être différent et qu’une victime n’aura pas cette chance d’être sauvée rapidement…», soutient le directeur du Service de sécurité incendie de Saint-Étienne-des-Grès et de Saint-Boniface.

À Saint-Justin, Dominic Marchand rappelle que sa municipalité avait déposé un projet à la MRC, il y a dix ans, mais que celui-ci avait été refusé. «On voulait intégrer ce service à notre service de premiers répondants. En 2015, nous avons fait l’intégration du service de premiers répondants chez nous, donc maintenant reste plus qu’à déposer une deuxième fois notre projet de sauvetage hors route qui est déjà bien monté. Cette année, nous sommes déjà rendus à trois appels pour du sauvetage hors route. Le besoin est réel sur le territoire et notre intérêt à avoir ce service demeure», indique le directeur du Service de sécurité incendie de Saint-Justin.

La MRC réagit

La MRC de Maskinongé confirme que le problème a été signalé au Comité de sécurité incendie par le ministère de la Sécurité publique du Québec à la suite d’un incident survenu dans les Laurentides où il y avait eu le décès d’un touriste américain en 2016. «Ce qu’on répond au ministère, c’est qu’on n’a jamais rechigné à assumer une nouvelle responsabilité, mais ça prend un financement adéquat. Il faut regarder ce dossier sous deux angles. Il y a l’aspect de la responsabilisation des municipalités et de ses transactions avec le gouvernement au niveau du financement et il y a le secours aux personnes que chaque municipalité organise de son mieux. Par contre, je pense qu’on devra éventuellement avoir ce service», reconnait Serge Dubé, maire de Saint-Paulin et président du Comité de sécurité incendie de la MRC de Maskinongé.

M. Dubé admet que ce dossier est complexe et délicat. Il confirme que la MRC de Maskinongé étudie le dossier dans le cadre de la gestion de la couverture des risques sur le territoire.

Subventions disponibles

Le bureau du député de Maskinongé, Marc H. Plante confirme à TC Media que le ministère de la Sécurité publique offre un nouveau programme de 3,6 M$ qui vise à aider financièrement les municipalités du Québec qui souhaitent se doter d’un service de sauvetage hors route. Les projets doivent être soumis par les MRC. L’aide financière accordée doit servir à l’achat d’équipements et de fournitures pour ce nouveau service d’urgence.

Deux projets seront déposés

Les services de sécurité incendie de Saint-Alexis-des-Monts et de Saint-Justin nous confirment qu’ils ont l’intention de déposer un projet d’équipe spécialisée en sauvetage hors route. «Il y a de l’argent disponible. On souhaite en profiter. Notre brigade serait prête à se lancer dans ce nouveau service dès cette année», indique Raymond Beaudoin. «On souhaite desservir plusieurs municipalités avec notre service spécialisé. Il faut aller chercher des subventions et travailler ensemble pour offrir ce service. Il faut que ce soit comme avec les pinces de désincarcération. Un service qui dessert près de six municipalités. Ce serait l’idéal!», propose Dominic Marchand.

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