Santé Canada veut entendre Cynthia Gagné

SANTÉ. La croisade de Cynthia Gagné vise à atteindre deux objectifs:  imposer un moratoire sur l’implantation de bandelettes et que la RAMQ se ravise en assumant les frais des opérations effectuées aux États-Unis.

La femme de 43 ans ne les a pas encore atteints, mais les choses commencent assurément à bouger. Après plusieurs refus, la résidente de Saint-Boniface a réussi à rencontrer le 28 novembre Denis Simard, le chef de cabinet de la ministre de la Santé, Danielle McCann. «Au départ, on a refusé en disant que c’était la responsabilité du Collège des médecins de s’assurer de la compétence de ses membres.»

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Cynthia Gagné a également frappé à la porte du puissant ordre professionnel des médecins pour se faire poliment éconduire dans un premier temps. «On m’a dit qu’ils ne pouvaient rien faire, que si j’avais une plainte à formuler, c’était contre l’urologue qui m’avait implanté la bandelette sans me prévenir des dangers potentiels d’un tel implant.»

Mais informé en amont de la diffusion de l’émission Enquête le 28 novembre, le Collège des médecins a accepté de la recevoir le 9 décembre prochain. «Ils vont me rencontrer, mais pas à titre personnel, mais comme représente du groupe de 572 femmes qui éprouvent des problèmes avec la bandelette.»

Enfin, en janvier prochain, Santé Canada a invité Cynthia Gagné à Ottawa lors d’un événement national organisé par le Comité consultatif scientifique sur les produits de santé destinés aux femmes. «Je suis invitée à titre de représentante canadienne des patientes blessées par les mailles transvaginales, explique celle qui consacre près de 40 heures par semaine pour ce combat. Devant des experts de partout au pays, j’irai présenter mon cas et parler de ceux des femmes de mon groupe», explique-t-elle fièrement.

L’invitation n’est pas anodine puisque c’est Santé Canada qui a le pouvoir de décréter un moratoire sur l’implantation de bandelette comme l’a fait la Grande-Bretagne en juillet 2018. Cela donnerait du temps selon Cynthia Gagné aux médecins québécois d’acquérir les compétences pour être en mesure de la retirer adéquatement en cas de problème.

«Au Québec, les urologues pratiquent cette opération deux ou trois par année avec les résultats que l’on connaît. À Saint-Louis, le Dr Dionysios Veronikis qui a enlevé les bandelettes de 32 femmes de notre groupe en fait de 350 à 400 par année.»

Devant le retentissement de ce second reportage d’Enquête, Radio-Canada est à préparer une traduction anglaise pour une prochaine diffusion nationale sur le réseau CBC.