Saint-Alexis-des-Monts demande un moratoire

Registre des armes à feu

POLITIQUE. La Municipalité de Saint-Alexis-des-Monts joint sa voix au mouvement d’opposition sur le nouveau registre québécois des armes à feu et demande au gouvernement un moratoire.

En réponse aux requêtes répétées des chasseurs de son secteur, le conseil municipal de Saint-Alexis-des-Monts, lui-même composé d’adeptes de chasse, a accepté de se positionner sur la question lors de sa plus récente séance publique, le 4 février dernier. «On trouve qu’il y a beaucoup de lacunes, beaucoup de contraintes qui ne sont pas nécessaires et beaucoup de choses à corriger dans la loi parce qu’elle est très contraignante. Le problème, ce n’est pas vraiment d’enregistrer les armes, c’est plus les autres détails derrière ça qui posent problème. On fait un peu comme Hérouxville en demandant au gouvernement un moratoire. On le fait pour notre population et nos chasseurs», explique Michel Bourassa, maire de Saint-Alexis-des-Monts.

Dans ses prévisions, le gouvernement caquiste prévoit que l’implantation du registre québécois des armes à feu coûtera 17 millions de dollars et que son exploitation nécessitera des investissements annuels de cinq millions de dollars. Celui instauré par le gouvernement Chrétien, en 1995, a vu ses coûts explosés, passant de deux millions à deux milliards de dollars avant qu’il ne soit aboli en 2012 par les conservateurs de Stephen Harper. «Les chasseurs nous disent que leurs armes sont déjà enregistrées lorsqu’ils les achètent et qu’ils ont une carte de possession. On a déjà été dans un registre fédéral qui n’a pas fonctionné. Pourquoi gaspiller autant d’argent pour plaire à un électorat qui n’a pas d’armes à feu? Les chasseurs ont l’impression que c’est plus du harcèlement contre eux qu’autre chose. Ils se disent que dans les autres provinces canadiennes il n’y en a pas et que celui du fédéral a été inefficace», souligne M. Bourassa.

«On le fait pour notre population et nos chasseurs»

– Michel Bourassa

Malgré cette prise de position, la Municipalité de Saint-Alexis-des-Monts persiste à croire que les citoyens doivent quand même respecter les lois en vigueur. «On ne sortira pas avec des pancartes dans la rue et on n’incite pas les gens à la délinquance. Quand les gens me parlent de ça, je réponds que la loi est là et que s’ils ont des armes, ils ont l’obligation de les enregistrer, mais moi, je ne peux pas les obliger», admet-il.

La position de la Municipalité de Saint-Alexis-des-Monts sera transmise au député de Maskinongé Simon Allaire ainsi qu’à la vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault. «On veut que le gouvernement réfléchisse à changer cette loi ou carrément l’abolir. Nous avons des chasseurs qui vont partout au Canada et dans plusieurs provinces il n’y en a pas de registre. Il faut tenir compte de ça aussi», répond le maire.

Déjà, le 22 janvier dernier, le gouvernement du Québec a annoncé avoir éliminé quelques «irritants» au registre. Ces assouplissements n’obligent plus les propriétaires d’armes à informer le système lorsqu’ils déplacent une arme pendant plus de quinze jours. Les propriétaires n’auront plus à fournir la longueur du canon et le double numéro d’immatriculation sera éliminé.

Rappelons qu’une semaine avant la date butoir du 29 janvier dernier, près de 350 000 propriétaires d’armes les avaient enregistrées. Selon les estimations, il y aurait 1,6 million d’armes à feu au Québec.

(D’autres municipalités du territoire ont adopté une position semblable à celle de Saint-Alexis-des-Monts, dont la Municipalité de Maskinongé)

La saviez-vous?

La Loi sur l’immatriculation des armes à feu est entrée en vigueur le 29 janvier 2018 et toute arme à feu sans restriction présente sur le territoire du Québec doit de ce fait être immatriculée. Cette catégorie d’armes, qu’on nomme aussi « armes d’épaule », regroupe généralement les carabines et les fusils de chasse. Les propriétaires ont la responsabilité d’enregistrer leurs armes à feu auprès du Service d’immatriculation des armes à feu (SIAF) du Québec, et ce, même si elles étaient déjà enregistrées dans l’ancien registre canadien des armes à feu.

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