Philippe Couillard veut redorer le blason des politiciens
La mission est laborieuse. À une époque où la commission Charbonneau étale quotidiennement des allégations de corruption dans la sphère politique, Philippe Couillard martèle qu’il veut amoindrir le cynisme envers les législateurs. L’ancien ministre de la Santé et des Services sociaux était de passage dans les bureaux de L’Écho vendredi matin en compagnie du député de Maskinongé à l’Assemblée nationale, Jean-Paul Diamond. De concert, les politiciens se sont avoués inquiets relativement au budget de Nicolas Marceau, particulièrement en ce qui concerne les agriculteurs. Contrairement au candidat putatif Jean David, le Dr Couillard inscrit son idéologie dans la continuité de celle de Jean Charest.
Lors de son passage dans les bureaux de TC Média à Trois-Rivières le 12 novembre dernier, Jean David s’en était pris à Jean Charest qualifiant son héritage de «coquille vide». Il avait accusé le 29e premier ministre québécois d‘avoir trop mis l’accent sur l’économie et d‘avoir manqué d’ouverture envers les étudiants pendant le conflit.
La vision du docteur est diamétralement opposée à celle de M. David à ce niveau.
«Je me place non pas en rupture, mais en continuité avec ce qu’a fait M. Charest, affirme-t-il. C’est trop facile de juger l’ensemble de l’oeuvre comme ça. Regardons plutôt les faits. Le Québec est passé à travers la récession et la crise économique de façon beaucoup plus rigoureuse que d’autres économies, grâce aux politiques du gouvernement libéral. Jean Charest a ouvert le Québec sur de nouveaux horizons avec l’Europe, il a amélioré la situation des familles à moindre revenu. Donc, ça n’a pas été seulement une économie pour les gens plus riches, mais une justice sociale. Il y a là un héritage avec lequel je suis très fier de me placer en continuité et je veux aller encore plus loin. Renier le passé, ce n’est jamais une bonne façon de construire.»
Concernant le printemps érable, le Dr Couillard prétend que la solution réside à court terme dans un dégel des frais de scolarité et une indexation progressive.
On aurait pu s’attendre à ce que celui qui a succédé à François Legault au poste de ministre de la Santé en 2003 ressorte la vieille cassette au sujet des «départs à la retraite» du Parti québécois, qui avaient entraîné une pénurie de personnel dans le domaine hospitalier. C’est plutôt avec respect qu’il a parlé de ses rivaux politiques.
«Je ne fais pas de politique blessante pour les individus. Personne ne se lève le matin en politique avec l’intention de nuire au Québec. Il faut un discours plus positif. Une grande fierté que j’ai, c’est qu’en cinq ans et trois mois, je n’ai jamais fait de remarque désobligeante sur un adversaire», assure-t-il.
Un fond pour acquérir les terres agricoles
Selon MM. Diamond et Couillard, le récent budget du gouvernement du Québec a négligé des sphères importantes, dont le secteur agricole.
«L’agriculture est un domaine très important dans la MRC de Maskinongé qui génère des revenus de 325 millions de dollars. Pourtant, on n’a pas entendu parler d’agriculture ni de la Financière agricole, ni des producteurs de porcs. Ils n’ont pas parlé de ça», constate Jean-Paul Diamond.
«Il n’y a pas eu de livre de crédit déposé, c’est très difficile de savoir quelles sont les intentions (du Parti québécois) en agriculture», ajoute Philippe Couillard.
Ce dernier a bien accepté de partager son plan advenant son élection par les membres du Parti libéral du Québec (PLQ).
«Si on veut que le territoire soit occupé et que le mode de vie rurale et agricole soit préservé, il faut que ces transferts-là se fassent correctement. Ce qui veut dire, à un prix juste pour le vendeur et de façon accessible pour l’acheteur. À 28, 29 ans, c’est peu probable d’avoir deux millions (de dollars) à investir dans une ferme laitière. Ça prend des ponts, des programmes de vision progressifs et des garanties. C’est le même problème qu’on rencontre dans les transferts de PME. De plus en plus, l’acquisition d’une terre agricole s’avère être un bon placement. Ce n’est pas pour rien que les Chinois achètent nos terres; le monde entier va vouloir nos produits. L’époque où c’était un mauvais investissement d’acheter une terre agricole est derrière nous, maintenant, c’est tout le contraire.»
Afin d’aider les entrepreneurs québécois à conserver leurs terres multi générationnelles, le Dr Couillard envisage de créer un fonds pour acquérir les terres des propriétaires actuels dans le but de les rentabiliser et de gérer le transfert de propriété à la prochaine génération.
Les réalisations
Philippe Couillard se targue d’avoir réduit le nombre d’accréditations syndicales dans le système de santé, facilitant selon lui les relations avec l’état. Celui qui a porté le plus longtemps le chapeau de ministre de la Santé depuis l’ère Duplessis croit que l’attribution d‘un médecin par famille est réalisable dans un court laps de temps. En ce sens, il rappelle les efforts déployés par son cabinet entre 2003 et 2008 pour former de nouveaux médecins. «Dans la région ici, je suis particulièrement fier du dossier de la faculté de médecine. C’est une solution qui va durer des années. Quand de jeunes hommes et de jeunes femmes étudient la médecine en Mauricie, ils ont le goût de rester en région après.»
Pour sa part, Jean-Paul Diamond s’est souvenu que M. Couillard l’avait aidé en procurant la première ambulance de son histoire à Saint-Alexis-des-Monts à l’époque où le doyen de l’Assemblée nationale était encore un maire.
Rappelons que M. Diamond s’était rangé du côté du Dr Couillard dans la course à la chefferie du PLQ le 17 octobre dernier après avoir consulté les membres du parti dans sa circonscription. Ironiquement, Julie Boulet (Laviolette) appuie Pierre Moreau et Danielle St-Amand (Trois-Rivières) supporte Raymond Bachand.
Le prochain chef du PLQ sera élu le 17 mars prochain.